Le Point (21 janvier 2004)

• RAMADAN DIT, dans une tribune contre Caroline Fourest : « Mes détracteurs n'hésitent pas à mentir : non, je n'ai jamais promu l'excision Â».

• FAUX : Caroline Fourest ne l'a jamais accusé de promouvoir l'excision. Elle a même écrit le contraire dans Frère Tariq (p.156).

Le Point (21 janvier 2004)

• RAMADAN DIT « non, je n'ai jamais fait interdire une pièce de Voltaire Â». Il en veut pour preuve que sa version des faits est confirmée par Erica DEUBER, directrice du département des affaires culturelles de la ville de Genève de l'époque.

• RAMADAN JOUE SUR LES MOTS : Tariq Ramadan a bien fait campagne dans la presse pour demander la censure de la pièce sur Mahomet de Voltaire que voulait mettre en scène Hervé Loichemol au milieu des années 90. Le metteur en scène confirme. Mais la preuve se trouve tout simplement dans la presse de l'époque. Notamment dans La Tribune de Genève du 7 octobre 1993 où Ramadan écrit une lettre ouverte à Loichemol : " « Ici, cher monsieur, c'est le règne des intimités déchirées contre lesquelles viennent se cogner votre droit de tout dire... de tout redire (...) Vous appelez cela de la ‘censure', j'y vois de la délicatesse. Â» Suite à cette campagne, une amie très proche de Tariq Ramadan est intervenue contre la subvention prévue pour monter la pièce... Cette amie, que Ramadan cite aurpès des journalistes en guide de caution, n'est autre qu'Erica DEUBER, directrice du département des affaires culturelles de la ville de Genève de l'époque ! Personne n'a jamais dit que Tariq Ramadan avait le pouvoir de censurer une pièce mais qu'il l'avait demandé et obtenu.

Source : "Lettre ouverte à M.Hervé Loichemol", Tariq Ramadan, Tribune de Genève du 7 octobre 1993.

Campus (4 décembre 2003)

• RAMADAN DIT avoir gagné tous ses procès contre ceux qui l'accusent de double discours.

C'est ce qu'il a proclamé sur le plateau de Campus face à Caroline Fourest. Ce jour-là, il est repris par Guillaume Durand : « Vous avez perdu votre procès contre Antoine Sfeir... Â» Mais Ramadan persiste et ment : « Non, j'ai gagné mon procès contre Antoine Sfeir. Â»

• RAMADAN A MENTI : Sfeir a gagné le procès que lui intentait Ramadan. Dans son jugement du 22 mai 2003, la Cour d'appel de Lyon a donné raison au directeur des Cahiers de l'Orient lorsqu'il explique que les discours de prédicateurs comme Tariq Ramadan « peuvent exercer une influence sur les jeunes islamistes et constituer un facteur incitatif pouvant les conduire à rejoindre les partisans d'actions violentes Â».

Culture & dépendances (décembre 2003)

• RAMADAN A DIT : qu'il faisait partie des théologiens musulmans acceptant les théories sur l'évolution.

Engagé dans un bras de fer avec Jean-François Kahn sur le plateau de Cultures et dépendances, en décembre 2003, il n'a trouvé aucune porte de sortie lorsque Kahn lui a demandé du tac au tac s'il faisait partie des théologiens musulmans qui acceptaient les théories sur l'évolution ? Ce jour-là, comme d'autres fois sur un plateau de télévision, Ramadan a préféré acquiescer plutôt que d'assumer ses convictions réelles devant le grand public...

• RAMADAN A MENTI : Ramadan prône très clairement l'enseignement du créationisme à destination des musulmans (où ils apprendront que l'homme ne descend pas du singe mais a été créé par Dieu). C'est ce qu'il écrit dans une note de bas de page de son livre Les Musulmans dans la laïcité : « Les cours de biologie peuvent contenir des enseignements qui ne sont pas en accord avec les principes de l'islam. Il en est d'ailleurs de même des cours d'histoire ou de philosophie. Il ne s'agit pas de vouloir en être dispensés. Bien plutôt, il convient d'offrir aux jeunes, en parallèle, des cours de formation qui leur permettent de connaître quelles sont les réponses de l'islam aux problématiques abordées dans ces différents cours. Â» Les partisans de Ramadan pourront, par exemple, puiser leur « enseignement complémentaire Â» dans un ouvrage édité par Tawhid (sa maison d'édition) : L'homme descend-il du singe ? Un point de vue musulman sur la théorie de l'évolution, qui défend un créationisme niant cette évolution !

L'Hebdo (28 octobre 2004)

• RAMADAN A DIT : "Catherine Fourest est une prosioniste notoire. Elle assimile toute critique de l'Etat d'Israël à de l'antisémitsme et elle fait partie du réseau BHL. La principale critique de son livre se réduit au fait que je suis le petit fils de Hassan al-Banna et que, donc forcément je propage l'idéologie des Frères musulmans et que j'en serai le responsable en Europe".

• RAMADAN A MENTI : Ramadan se trompe sur le prénom de Caroline Fourest (sur un radio suisse, il déclare même ne pas avoir lu son livre) mais il peut se montrer catégorique dès qu'il s'agit d'évoquer les motivations obscur'es censées l'animer.... Voici le droit de réponse envoyé à l'Hebdo par Caroline Fourest.

Réaction de Fourest aux propos diffamatoires de Ramadan dans l'Hebdo

"Tariq Ramadan a décidément toujours recours aux mêmes ficelles à l'encontre de ceux qui osent se mettre en travers de son chemin. Voilà 14 ans que des intellectuels, des journalistes ou de simples citoyens, souvent de culture musulmane, essaient de mettre en garde contre son double discours. A chaque fois, il use des mêmes armes pour les disqualifier et éviter toute remise en question : 1) vous m'attaquez parce que je suis le petits-fils de Hassan al-Banna au lieu de lire ce que j'écris !, 2) Vous êtes "islamophobe", 3) Je suis victime d'un grand complot sioniste (entendez juif).

On aurait pu croire qu'il m'éviterait le premier procès dans la mesure où mon livre se base avant tout autre chose sur le discours de Tariq Ramadan (et précise bien qu'il ne s'agit pas de critiquer Ramadan en tant que "petit fils de Hassan al-Banna" mais bien en tant qu'"héritier politique de Hassan al-Banna" enseignant sa pensée et sa méthode sans esprit critique dans ses livres et dans ses cassettes). C'est pourtant bien ce qu'il fait dans l'interview accordée à votre journal. Il y a des ficelles auxquelles on ne renonce pas facilement...

Ramadan n'ose pas me traiter d'"islamophobe", ce qui serait un peu grossier étant donné que je suis rédactrice en chef d'une revue antiraciste et que mon avant dernier livre, Tirs Croisés, s'élevait contre la stigmatisation de l'islam. Il est vrai que d'autres se chargent pour lui de laisser tout de même planer ce soupçon... A croire que seul Tariq Ramadan peut exiger d'être jugé sur ses écrits.

Mais il y a plus grave. Le plus inquiétant à mes yeux est la façon dont il peut se présenter comme la victime d'un grand complot juif, sans émouvoir. Toujours dans cette interview, Tariq Ramadan déclare ainsi que mon travail d'enquête n'est dictée que par une seule motivation : lui faire payer sa tribune contre les intellectuels juifs puisque je serait membre d'un obscur réseau... le "réseau BHL" ! Mieux, je serai une "prosioniste notoire" qui "assimile toute critique d'Israël à de l'antisémitisme" ! Si je connaissais pas Tariq Ramadan par coeur et si je ne l'avais pas vu user de ces mêmes attaques contre des amis arabes et pro-palestiniens, je crois que j'en serai tombée de ma chaise.

Je serai en tout cas amusée de savoir sur quoi Tariq Ramadan s'appuie pour étayer un délire pareil ?

J'enquête sur lui depuis 2001, soit bien avant sa tribune listant des intellectuels juifs. D'ailleurs, je parlais déjà de lui dans Tirs Croisés, paru des mois avant sa tribune et qu'il ne revienne dans le débat public. Le projet de Frère Tariq est plus récent pour une raison simple : avant sa tribune et son face à face avec Nicolas Sarkozy, Tariq Ramadan n'était pas suffisamment connu en France pour qu'on lui consacre un livre ! Quant à mes prétendues motivations obscures, je tiens juste à préciser que, contrairement à ce qu'affirme Ramadan, je n'ai jamais eu aucun engagement concernant le conflit israëlo-palestinien.

Je suis une journaliste d'investigation, spécialisée dans l'étude des fondamentalismes et des intégrismes, aussi critique envers l'intégrisme musulmane qu'envers l'intégrisme juif ou chrétien. J'ai écrit un livre très sévère sur la droite religieuse américaine de Bush (Foi contre choix), cela fait-il de moi une "christianophobe" vendue au lobby musulman ? Dans Tirs Croisés, je dénonce avec force les intégristes juifs bloquant le processus de paix et refusant d'évacuer les colonies. Cela fait-il de moi un agent du Hamas ? Non. Par contre, le seul fait de faire preuve d'esprit critique envers l'intégrisme musulman, en tant qu'intégrisme, semble suffire à Tariq Ramadan pour m'accuser d'être un agent du sionisme ! Il est vrai qu'il dit exactement la même chose de Richard Labévière, également très critique envers Ramadan, malgré des son engagement pro-Palestinien...

En réalité, en agitant le mythe du complot juif, de sinistre mémoire, Tariq Ramadan ne fait que se dévoiler lui-même un peu plus. Pour le reste, j'espère être jugée sur mon livre et non sur la base d'un procès d'intention aussi nébuleux qu'inquiétant".

Europe 1 (2 décembre 2004)

• RAMADAN A DIT : "Fourest a refusé de débattre avec moi !"

• FAUX : Dès septembre 2004, Caroline Fourest a accepté le principe d'un face-face avec Tariq Ramadan à la demande de l'émission Mots Croisés d'Arlette Chabot (émission longue et non montée qui lui paraissait présenter les conditions requises pour ce genre d'exercice). Mots Croisés a alors contacté Tariq Ramadan pour lui faire la même proposition. Pendant plus de 5 semaines, celui-ci a refusé de donner sa réponse au motif qu'il n'avait pas encore lu le livre... Au même moment, pourtant, l'attachée de presse de Caroline Fourest a eu la surprise de recevoir une proposition de débat accepté par Tariq Ramadan venant de la Télévision suisse Romande... Connue pour sa complaisance envers le prédicateur et qui a récemment refuser de programmer un documentaire désobligeant pour l'image de Ramadan ! Tenue par son engagement d'exclusivité vis-à-vis de France 2, Caroline Fourest ne pouvait accepter cette proposition... Chose que Ramadan ne pouvait ignorer. Il continuait toutefois à se faire désirer. Caroline Fourest l'a donc provoqué lors de son interview sur le plateau de Thierry Ardisson, Tout le monde en parle, en rappellant "qu'elle attendait toujours". Ce qui ne pouvait que piquer l'orgueil de "Frère Tariq" et le pousser à accepter. Ce qu'il a fait... dans un premier temps pour ensuite refuser les conditions de l'émission (un face à face avec Fourest suivi dans un débat général) ! Lassée de tous ses revirements, c'est finalement la rédaction en chef de Mots Croisés qui a décidé qu'elle ne voulait plus offrir sa tribune au prédicateur.

Tout cela pose une vraie question d'ordre éthique et journalistique : peut-on accepter de débattre avec un leader intégriste pratiquant le mensonge systématique sans prendre le risque de banaliser le discours islamiste et surtout de relayer sa propagande ?