
Dieudonné à Alger (II)
Lors de la première représentation, le public lui était tout acquis. C'était différent hier soir. Des spectateurs ont quitté la salle, d'autres n'ont pas apprécié qu'il ait voulu prendre l'Algérie à témoin contre la France, et une dame a même demandé : « Quand est-ce qu'il vient chez nous Gad El Maleh ?... ». Comme toujours à Alger, ça tchatchait finement politique dans ce pays où plus de 150 000 hommes, femmes et enfants ont presque tous été tués par les terroristes islamistes....
La nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre : Dieudonné vient à Alger présenter son dernier spectacle. Comme pour tous les événements qui permettent de sortir du quotidien, la course aux places et aux invitations est vite lancée. Lundi 13 janvier, les dés sont jetés, il n'y a plus de tickets disponibles. Avant la première représentation, les discussions vont bon train. Pour certains, « il faut lui faire un accueil triomphal, il a pris des risques en s'en prenant au lobby sioniste, il mérite tout notre soutien ... ». Pour Djamel, un jeune chef d'entreprise, la question se pose autrement : « en quoi sommes nous concernés ici à Alger par sa polémique avec les Juifs de France, l'Algérie n'est plus la France, de quoi veut-il nous prendre à témoin ? »
A Alger, il fait un froid de gueux, tous les soirs, la température avoisine les zéro degré. Mercredi 16 février 2005, lorsque les premiers spectateurs se pressent devant la salle Ibn Khaldoun au centre ville, les motivations sont encore très différentes. La plupart des spectateurs sont venus parce qu'ils ont souvent vu, par le miracle des antennes paraboliques, Dieudonné sur les chaînes de télévisions françaises. Il est connu, et c'est son seul titre de gloire. La polémique ? « Je n'ai rien compris au problème, je suis là pour rigoler et passer une bonne soirée » nous confie une étudiante en pharmacie.
Dans la salle, le public est plutôt jeune, beaucoup de lycéens et d'étudiants. De nombreux spectateurs sont venus en famille, il y a beaucoup de femmes, l'ambiance est bon enfant. Aux premiers rangs, aucun officiel. Peu après 21 heures, la salle est plongée dans le noir, on entend des coups de fouets, et, au milieu d'un nuage de fumée Dieudonné apparaît, le dos ployé, comme s'il portait sur les épaules les centaines d'années de la traite des noirs. Le ton est donné, le spectacle peut commencer. Dieudonné n'y va pas avec le dos de la cuillère, « devant Israël, les gens ils baissent leur froc », il ne craint aucune outrance en se comparant à Dreyfus, voire à Jésus « historiquement, on a le même problème, il s'est retrouvé avec les sionistes au cul : le C.R.I.F. ». Par petitess touche, il dessine le portrait d'une France où la parole serait interdite, où y violer un bébé serait moins grave que de critiquer Israël, il veut faire croire aux Algérois qu'y dire « un Palestinien est un être humain, c'est considéré comme une accusation antisémite ». Pour le spectateur qui ignore tout de la France, il décrit un pays raciste où « lyncher un noir ou un arabe est autorisé, c'est dans la Constitution ». Ici, il se dit libre de parler, « on est à Alger, on n'est pas à Paris en territoire occupé », le deuxième soir il ajoute même en parlant des Juifs dont la présence en Algérie était millénaire, « ils sont partis depuis longtemps les méchants, ici ». Dans la salle, le malaise est perceptible. On rit beaucoup mais on est loin de l'euphorie. Il n'y a pas de communion avec le public. Certes, Dieudonné sait qu'il dispose de supporteurs prêts à s'enflammer au moindre propos ordurier. Il leur jette en pâture les noms de Patrick Bruel, celui d'Elie Wiesel ou encore celui de Bernard-Henri Lévy pour les faire siffler. Pour Samia et Lotfi, un couple d'étudiants, c'en est trop. Ils quittent la salle, « BHL est l'un des rares intellectuels à avoir pris le risque de venir partager notre douleur lorsque les terroristes du GIA nous massacraient. » s'énerve Samia, « Il est l'une des rares personnalités à avoir partagé nos larmes lorsque tout le monde nous tournait le dos. Cel,a je refuse de l'oublier. C'est indécent que des Algériens aient la mémoire si courte. Il était où Dieudonné ? Qu'a-t-il dit lorsque les islamistes coupaient des bébés en deux ? Je refuse de le cautionner par ma présence. »
Malaise toujours. L'intellectuel juif, Goldenkraut (entendre Golden-crotte) qui passe à la télévision, est présenté sous les traits d'un psychopathe voulant rétablir l'esclavage. Si des spectateurs applaudissent ou s'esclaffent, d'autres, comme Farid, un médecin quinquagénaire, sont beaucoup plus circonspects « qu'il touche les Juifs, les Arabes ou les Noirs, le racisme reste du racisme. Il n'est pas venu critiquer Israël, que je critique aussi, il est venu déverser sa haine des Juifs. Ce n'est pas la même chose. » Pathétique, Dieudonné ne convaincra que ceux qui l'étaient déjà ou ne demandaient qu'à l'être. S'il fait rire en expliquant que c'est par derrière que les sionistes frappent, personne ne l'applaudit lorsqu'il déplore l'élimination de Cheikh Yacine, le chef spirituel du Hamas palestinien. Trois bombes à tête chercheuses contre un vieillard en fauteuil roulant étaient supposées susciter la compassion. Il a juste oublié qu'en Algérie, les amis islamistes de Cheikh Yacine ont laissé plus de 150000 morts. A la sortie du spectacle, les avis sont encore partagés. Comme toujours, il y a les pour et les contre. Une chose est sûre, il est loin d'avoir détrôné l'humoriste préféré des algériens. C'est ce que résume une grand-mère venue accompagner ses petites filles. Elle demande au journaliste que je suis et qui prétendument sait tout : « Quand aura lieu le prochain spectacle de Gad el Maleh pour pouvoir acheter des places le plus tôt possible ? Je ne sais pas. Mais vous savez qu'il est Juif ? Et alors, c'est lui le plus drôle ! »
Abdel Taos, Proche-Orient.info
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vendredi 18 février 2005
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dieudonne , hamas
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