Dans un
article intitulé "l'exclusion de deux lycéennes voilées
divise l'extrême gauche", Xavier Ternisien et Caroline Monnot
attribuent à l'association Femmes publiques des propos qu'elle
nie avoir tenus contre ProChoix (voir
le rectificatif à paraître dans Le Monde). Selon ces
journalistes, une militante de Femmes publiques s'inquiéterait
de la "dérive islamophobe" de la revue ProChoix suite
à notre dernier numéro sur le voile à l'école,
lequel comprenait plusieurs positions allant d'une pétition
en faveur de son acceptation jusqu'à des positions revendiquant
le refus d'admettre à l'école les symboles intégristes
et sexistes de toutes les religions. Même si cette citation est
fausse, l'accusation demeure et elle nous fait froid dans le dos.
L'accusation d'"islamophobie" a une histoire.
Elle a été utilisée la première fois en 1979,
pour faire taire les femmes qui osaient se révolter contre le régime
des mollahs ayant décrété l'obligation de porter
le voile. Depuis l'affaire Rushdie, les intégristes londoniens
accusent également d'"islamophobie" tous les musulmans
libéraux osant demander une interprétation plus moderne
de l'islam, notamment concernant l'imposition du voile, la lapidation
pour adultère et la peine de mort pour les homosexuels. Bien sûr,
cette accusation est aussi utilisée à gauche pour dénoncer
le racisme qui s'abrite parfois derrière la critique de l'islam
mais ce racisme est bien loin de ProChoix !
Pensé
comme un outil de déconstruction des discours essentialistes, racistes
et dogmatiques, ProChoix lutte depuis sa création pour la défense
des libertés individuelles, notamment des droits des femmes, contre
tous les intégrismes (juif, chrétien et musulman). Nous
militons depuis six ans pour que l'on ôte les crucifix des salles
de classes en Alsace-Moselle et pour que l'on cesse de promouvoir la religion
catholique par le biais des aumôneries, encore présentes
dans de nombreux lycées publics. La critique de toutes les religions,
de leur message homophobe et sexiste en particulier, a toujours fait partie
de nos sujets d'enquête et d'analyse. Il est donc bien logique
que la question du voile à l'école nous intéresse.
Même si, à l'évidence, ce combat est plus difficile
à mener. Nous comprenons que l'esprit critique envers la religion
musulmane puisse être suspect dans un pays comme la France, où
nous devons tous rester vigilants face au racisme, conscient et parfois
inconscient. Mais nous regrettons que la peur d'apparaître comme
raciste fragilise celles et ceux, musulmans et non musulmans, qui souhaitent
résister aux interprétations intégristes et sexistes
de l'islam.
Toujours
dans cet article, Le Monde écrit que notre dossier avait suscité
le mécontentement de Françoise Gaspard et d'Éric
Fassin, membres du comité de rédaction de la revue. Si Xavier
Ternisien et Caroline Monnot avaient pris la peine de nous interroger,
ils auraient pu apprendre qu'Éric et Françoise, comme tous
les membres de la revue, sont justement en train de réfléchir
à un numéro double (à paraître en novembre)
qui puisse nous permettre d'approfondir
nos différents points de vue dans la sérénité
et sans procès d'intention inutiles. Ce qui ne semble visiblement
pas possible dans certaines pages du Monde.
Dans
un article sur "L'exclusion de deux lycéennes voilées",
Le Monde paru le 8 octobre 2003 évoque "l'association féministe
Pro-Choix, qui vient de publier un numéro de sa revue sur le
thème "Voile, la laïcité en danger ?",
suscitant le mécontentement de Françoise Gaspard et d'Eric
Fassin, membres du comité de lecture." Les journalistes
qui signent l'article n'ont pas pris la peine de nous contacter. S'ils
voulaient simplement faire état de désaccords internes
à ProChoix, il suffisait de citer l'éditorial du dernier
numéro : "notre rédaction est divisée sur
le sujet". En revanche, non seulement nous n'avons jamais parlé
de "dérive islamophobe", mais nous nous opposons à
l'usage de pareilles accusations. Il serait regrettable que les journalistes
parviennent à susciter les querelles dont ils prétendent
rendre compte.
Eric Fassin (ENS) et Françoise Gaspard (EHESS)
TIRS CROISÉS
Nous
vous signalons la parution demain de "TIRS CROISÉS",
un livre de Caroline FOUREST et Fiammetta VENNER, le premier à
comparer les intégrismes juif, chrétien et musulman sur
toutes les questions qui nous intéressent: les femmes, la sexualité,
la culture, l'emprise politique et le terrorisme.
A NOTER : Ce livre apporte un éclairage
unique, terriblement précieux, sur les débats qui nous
agitent en ce moment même. Il a surtout l'avantage de faire voler
en éclats les idées reçues et de sortir de la "logique
des camps" (pour ou contre le Choc des civilisations !) qui nous
engluent depuis des mois en proposant une approche transversale mais
sans concession vis-à-vis de tous les intégrismes.
ProChoix-Paris
PRÉSENTATION DE L'ÉDITEUR
Depuis le 11 septembre 2001, le monde
vit dans la hantise du terrorisme musulman. Mais ce traumatisme n'a
pas permis une réflexion en profondeur sur la source à
l'origine de ce terrorisme : l'intégrisme. Quand il l'a fait,
le monde occidental a voulu se persuader que seul l'islam pouvait susciter
la barbarie. Ce qui a le mérite de rassurer et d'accréditer
la thèse du "Choc des civilisations".
Caroline Fourest et Fiammetta Venner se
sont plongées dans les documents, les témoignages, les
interviews et les textes sacrés. Elles apportent un cinglant
démenti à cette illusion en démontrant que sur
bien des points (comme les droits des femmes, la sexualité, l'intolérance
culturelle ou la violence), le monde dont rêvent les intégristes
musulmans ressemble à s'y méprendre à celui dont
rêvent les intégristes juifs et chrétiens. Mieux,
malgré les apparences d'un choc des religions, leurs actions
convergent vers un monde toujours plus instable et de moins en moins
sécularisé dont tous profitent.
La véritable ligne de fracture,
loin de séparer lIslam du « reste du monde»,
pourrait surtout séparer partout dans le monde les démocrates
des théocrates autrement dit les partisans dune
cité ouverte, tolérante et protectrice des libertés
individuelles, des fanatiques fondamentalement daccord
pour prendre la laïcité sous les tirs croisés de
leurs fanatismes. Ce livre analytique par son ton et sa méthode,
mais explosif par les questions quil soulève et les réponses
quil apporte, est un signal dalarme pour tous les défenseurs
des libertés et de la laïcité.
PARMI LES SUJETS ABORDÉS
- L'islam est-il plus sexiste que le judaïsme ou le christianisme
?
- Loin des fantasmes, quels sont les facteurs géopolitiques pouvant
expliquer en quoi l'Islamisme présente une menace autrement plus
globale
malgré les ressemblances existant entre les trois intégrismes
?
- Le voile est-il une prescription religieuse ou une obligation intégriste
?
- Quel rôle joue l'"accusation d'islamophobie" dans
le débat public ?
Comment ce concept, pensé par des intégristes contre des
féministes, a-t-il atteri à gauche quitte à
censurer toute critique laïque de l'Islam ?
- Qui est TARIQ RAMADAN ? Pourquoi séduit-il autant ?
- Que veut l'UOIF et son Conseil européen de la Fatwa, présenté
comme modéré mais qui approuve les attentats kamikazes
!?
- Les islamistes ont-ils le monopole de la violence et des attentats-
suicides ? Quels sont leurs atouts et pourquoi bénéficient-ils
d'alliés à l'extrême droite comme à l'extrême
gauche ?
- Les intégristes des trois religions sont-ils en guerre ou convergent-ils
vers un monde toujours plus fanatique ?
- La laïcité est-elle réellement en danger ? Comment
résister ?
COMMENT SE PROCURER LE LIVRE
Toutes les réponses à ces questions sont dans TIRS CROISÉS
(Ed.
Calmann-Lévy, 426 pages), disponible dans toutes les bonnes librairies
à
partir du 21 octobre ou sur amazon.
Format 150x230 / Codification : 5174941
ISBN : 2702133045 EAN : 9782702133040