Anciens militants du FN à Saint-Alban, ils témoignent : «Marine plus dangereuse que son père»

Devant leur maison de Saint Alban, une affiche du FN fraîchement collée monte la garde, comme un avertissement au couple Portheault. Nadia et Thierry avaient défrayé la chronique pour avoir rendu leur carte et dénoncé le racisme du parti. Le Front national a porté plainte contre eux. Et eux-mêmes sortent un livre, «Revenus du Front*», ce mercredi.

Pourquoi publier un ouvrage sur votre parcours au FN ?

Nadia. : Ce livre, c’est un peu comme une thérapie face à la trahison que nous avons vécue au Front National. On nous a accusés d’avoir été manipulés par l’UMP ou bien par des partis islamistes. Serge Laroze, le patron du FN31, a dit que nous étions «givrés». Tout ceci est complètement faux. Ce livre raconte notre évolution : comment nous sommes arrivés au parti de Marine Le Pen, quelles sont les personnes qui y gravitent et pourquoi nous avons voulu nous en éloigner. C’est aussi pour faire profiter à d’autres de notre expérience. De plus en plus de jeunes adhèrent à ce parti. Il faut qu’ils connaissent la vérité.

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[Se procurer l’ouvrage : http://iurl.no/b4f94|http://iurl.no/b4f94|fr]

RSF DÉNONCE LE BRAS D’HONNEUR DES AUTORITÉS CHINOISES À LA LIBERTÉ

Alors que Paris déroule un tapis rouge pour la visite d’État du président chinois, Reporters sans frontières a lancé le 27 mars 2014 à l’aube une opération pour attirer l’attention sur l’absence de sincérité de Xi Jinping et des autorités chinoises quand il s’agit des libertés, et notamment de la liberté de l’information prévue par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Des photomontages d’une surface de 8 mètres carrés, montrant le président chinois effectuant un bras d’honneur, devaient circuler dans la capitale sur 5 camions au long de la matinée.

Un camion a réussi à passer devant la Tour Eiffel puis l’Arc de Triomphe tandis que les quatre autres ont été empêchés d’entrer dans Paris. Des clichés ont été pris devant certains des monuments les plus emblématiques de la capitale. Des militants de RSF à vélo, arborant des drapeaux à la même effigie, ont complété le dispositif. En retenant les camions, les policiers ont été incapables de fournir à RSF des justificatifs juridiques.

« Il n’est pas normal que soit ainsi empêchée une évocation de la situation de la liberté de l’information en Chine » déclare Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières.

L’initiative vise à montrer combien les autorités chinoises, avec à leur tête Xi Jinping qui cumule les fonctions de président de la République populaire, de secrétaire général du Parti communiste et de président de la Commission militaire centrale, témoignent d’un mépris sans fard pour les citoyens qui sont privés d’une information libre et soumis à une intense propagande. “Le décalage entre les discours officiels sur le rêve chinois et la répression violente des journalistes indépendants montre à quel point Xi Jinping se moque du monde, déclare Christophe Deloire. L’article 35 de la constitution chinoise précise que les citoyens chinois disposent de “la liberté de parole et de presse”, or plus de 100 Chinois, journalistes professionnels ou net-citoyens, sont actuellement en prison pour avoir simplement voulu rendre compte de la réalité.

En Chine, les médias officiels sont des outils de propagande à la solde du pouvoir ; l’ensemble des journalistes est soumis à plus de 1000 circulaires du bureau de la propagande chaque année. Les conférences de presse sont truquées, tandis qu’un examen idéologique vient d’être réintroduit pour le renouvellement de la carte de presse. La “campagne contre les rumeurs” lancée par Xi Jinping vise à soumettre la libre circulation des informations parmi les internautes à un contrôle plus intense que par le passé. La “grande muraille électronique” ne cesse de se perfectionner. Quand le blocage de sites web et le filtrage ne suffisent pas, les autorités n’hésitent pas à enlever et passer à tabac les “gêneurs”. Au moins 30 journalistes et 74 citoyens-journalistes croupissent derrière des barreaux, faisant de la Chine la plus grande prison du monde pour les professionnels des médias et net-citoyens. Le prix Nobel de la paix Liu Xiaobo purge une peine de 11 ans de prison pour avoir simplement défendu la liberté d’expression. Le pays occupe la 175e place du Classement mondial 2014 de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières.

https://fr.rsf.org/chine-rsf-denonce-le-bras-d-honneur-des-27-03-2014,46047.html

Jour de Fred : Caroline Fourest raconte Inna Shevchenko (France Inter)

Frédéric Mitterrand reçoit la journaliste Caroline Fourest pour son livre «Inna», récit sur la leader des Femen, aux éditions Grasset.
A vingt-trois ans, Inna Shevchenko est célèbre. Qui ne connaît ses yeux verts, ses cheveux blonds couronnés de fleurs, ses seins nus, peints de slogans noirs dénonçant les religions, les dictatures et la prostitution ?

Pourtant, l’icône politique reste une énigme. Qui est vraiment cette élève brillante, éduquée par un père colonel dans l’Ukraine post-soviétique ? Comment a-t-elle découvert l’engagement politique au lycée, au moment de la Révolution orange, avant de se jeter à corps perdu dans le mouvement Femen ? Qui est cette femme battue et arrêtée cent fois, torturée en Biélorussie, fuyant son pays après avoir tronçonné une croix en soutien aux Pussy Riots ?

Caroline Fourest a accompagné Inna dès le premier jour de son exil à Paris. Elle s’est engagée avec elle, parfois contre elle… Lors des combats de rue face à Civitas, pour sauver Amina en Tunisie. Paris serait-elle redevenue la capitale de la révolution ? Bien plus que le portrait d’une héroïne fascinante, ce livre raconte l’odyssée d’une frondeuse tourmentée, tentée par le nihilisme, qui exige en tout la liberté mais s’impose une vie de soldate.

Dans ce récit haletant, tout est vrai : la solitude, la force d’âme, le goût un peu âcre de la vérité. Tour à tour enquêtrice, conseillère, amie, amoureuse et femme libre, Caroline Fourest raconte à la fois ses doutes, leurs combats et leur romance. Et pour la première fois, se livre.

Pour réécouter l’émission

Eloïse Bouton, au tribunal pour l’action de la Madeleine

Eloïse Bouton, ancienne militante FEMEN comparaîtra le vendredi 14 mars à 9h, au Tribunal de Grande Instance.

Elle est poursuivie pour avoir fait une action à la Madeleine en solidarité avec les femmes espagnoles qui voient leurs droits reculer. Cette action faisait partie d’une série d’actions européennes des Femen.

Suite à l’action, de nombreux médias et personnalités politiques avaient repris les délires d’un prêtre, Bruno Horaist, qui avait déclaré qu’Eloïse avait uriné dans l’Eglise ce qui est faux. Bruno Horaist était plutôt connu jusqu’alors pour sa somme de 757 pages : « La dévotion au pape et les catholiques français sous le pontificat de Pie IX (1846-1878) »

Il est reproché à Eloïse Bouton, d’avoir « imposé à la vue du public une exhibition sexuelle en montrant (ses) seins dans un lieu accessible au regard du public ».

La plainte émane de Bruno Horaist, curé de la Paroisse de la Madeleine, représenté par Me Laurent Devolvé.
Eloïse Bouton risque 15 000 € d’amende et 1 an de prison.

Soyez nombreux/es

Tribunal de Grande Instance – 4 boulevard du Palais Paris 1er, 28 e chambre.

Pour en savoir plus sur le mouvement Femen et sur sa leader en France « Inna » voir le livre de Caroline Fourest.

Ni dictature ni islamisme (Abdelwahab Meddeb)

Comme le quotidien Le Monde nous déçoit dans ses jugements sur les situations engendrées par les révolutions arabes ! Cette persistance dans le désaccord donne un goût amer au lecteur qui a été formé à l’école du Monde. Grande est, en effet, notre désolation, nous qui lisons ce journal depuis nos seize ans lorsque de notre Tunis natal nous avons entamé notre initiation aux arcanes de la politique mondiale. Le malaise croît, car, en homme moderne, nous avons fait de la lecture du journal notre prière quotidienne, comme l’annonçait Hegel dès les débuts du XIXe siècle. Aussi Le Monde est-il devenu notre Coran, notre Torah, nos Evangiles. C’est terrible de découvrir que nos feuillets saints ne sont plus en phase avec nos convictions. Lors de ces trois dernières années, nous avons avec constance désapprouvé les positions de notre journal préféré dès qu’il est question et de la Tunisie et de l’Egypte, deux pays qui nous sont chers, très chers, et qui sont à la croisée des chemins, et pour qui nous rêvons le meilleur.

Et ce meilleur n’est certainement pas ce que leur souhaite Le Monde. Lequel fait partie de ceux qui estiment que le passage par l’islamisme est une fatalité historique. Une fatalité qui, dans leur esprit, peut même être heureuse. Il suffit que l’islamisme se fasse conciliant, qu’il rabote ses rugosités, qu’il élague ses aspérités ; il suffit qu’il adopte les formes et les rites démocratiques pour qu’il devienne présentable, acceptable. Bref, il suffit que l’islamisme se vêt des habits de la modération pour qu’il constitue la juste alternative à la dictature. Sinon, l’empêchement des islamistes modérés ne peut que favoriser l’islamisme extrême, radical, violent, exclusiviste, « takfiriste, djihadiste ».

Cette analyse s’adapte au plaidoyer du Qatar auprès des Occidentaux afin de les convaincre de soutenir l’islamisme « modéré » qu’incarnerait le conglomérat international des Frères Musulmans. Cette ligne analytique est à l’origine de l’éloge adressé à la nouvelle constitution tunisienne. Cet éloge ne cesse d’être clamé par la rédaction du Monde. Dans ses éditoriaux et les articles de sa correspondante à Tunis Isabelle Mandraud, à peine évoque-t-on subrepticement les insuffisances, les contradictions, les faiblesses, les futilités, les dangers de gouvernance que comporte la loi fondamentale votée par les constituants tunisiens le 26 janvier 2014.

Du Monde pas un mot négatif n’est parvenu au public sur la cérémonie bâclée organisée par le président provisoire Moncef Marzouki pour chanter sa propre gloire en célébrant la nouvelle constitution. Pourtant des officiels étrangers ayant participé à cette séance m’ont rapporté leur désappointement face à sa défaillante organisation technique. Ils m’ont confirmé la futilité sinon l’infantilisme des responsables tunisiens actuels infatués d’eux-mêmes tant ils ont joué au paon à l’accueil des paroles laudatives des étrangers rivalisant dans leur panégyrique. Etrangers de seconde zone – mis à part le président français François Hollande qui, lui aussi, partage les analyses et les positions du Monde. Non seulement plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement prestigieux étaient annoncés et n’ont pas honoré l’invitation qui leur a été lancée (à l’exemple d’Obama, de Merkel, de Mohammed VI, de Zuma…), mais encore quelques dictateurs africains – assimilables à Ben Ali par leur médiocrité – étaient de la partie. Mais de cet échec, de cette cérémonie confuse et de faible intensité, à laquelle le peuple n’a pas participé, traitée avec indifférence ironique par les médiateurs tunisiens, de tout cela pas un mot n’a été émis par Le Monde. Et la semaine dernière, l’éditorial du Monde daté du 19 février était consacré à la situation en Egypte. Nous y retrouvons à l’œuvre la même grille d’analyse. Selon cet éditorial, pour avoir chassé violemment du pouvoir les Frères Musulmans, représentants de l’islamisme dit modéré, l’Egypte ravive la flamme de l’islamisme radical et violent inspiré par al-Qâ’ida. Ce manquement à la démocratie ravage une Egypte ayant retrouvé la dictature et sa contestation par la terreur.

Pour rectifier cette appréciation, j’esquisserai l’approche que j’estime coller au plus près à la réalité. D’abord l’islamisme radical n’a pu investir le Sinaï et prendre le temps de s’y organiser que par la tolérance que lui a accordé le soi-disant islamisme modéré lorsqu’il jouissait du pouvoir au Caire. Et cet enracinement djihadiste a été facilité par le Hamas, lequel appartient organiquement à la sphère internationale des Frères Musulmans. Telle collaboration est le signe que les islamistes – qu’ils soient Frères Musulmans ou agents d’al-Qâ’ida – ont le même objectif, à savoir l’institution d’un Etat islamique encadrant une société ré-islamisée sur le mode islamiste. Parmi les diverses tendances de l’islamisme, entre partisans de l’extrémisme et ceux du juste milieu, la stratégie est la même, seule la tactique diffère. L’Egypte, victime du terrorisme, récolte aujourd’hui ce que les islamistes prétendument modérés ont semé hier lorsqu’ils disposaient du pouvoir de « lier et de délier » (comme on dit en arabe). En second lieu, nous déplorons, à l’instar du Monde, l’interruption violente du processus démocratique en Egypte au moment même où les Frères Musulmans subissaient une inéluctable érosion de la légitimité qu’ils avaient acquise par les urnes. De même, nous refusons le retour des militaires et surtout le retour au culte de la personnalité, qui nous fait régresser non pas vers Moubarak et Sadate mais plus en amont, vers le populisme de Nasser.

Toutefois, nous ne pensons pas que ce retour soit la conséquence de l’expulsion des islamistes du pouvoir. Celle-ci s’est faite suite à une massive mobilisation populaire contre leur hégémonie et leur rapt de l’Etat. Nous ne pensons pas comme Le Monde que l’alternative soit entre dictature et islamisme décrété modéré (un oxymore !) dont les adeptes sont parvenus au pouvoir par des élections libres. Nous pensons que le salut est dans la troisième voie, celle qui doit au préalable instituer la séparation du religieux et du politique : même là où l’islam est au centre, ce dessein demeure réalisable ; toute une accumulation de pensée écrite en langue arabe y contribue ; on y trouve notamment la déconstruction du dogme forgé par des docteurs assimilant à un article de foi la consubstantialité entre religion et politique (al-islâm dîn wa dawlah). Cette troisième voie est celle de la sécularisation. C’est elle qui est au fondement d’une politique à venir. Nous sommes un certain nombre, en Egypte et en Tunisie, à y croire ; et nous sommes décidés à ne pas lâcher un tel fil, surtout dans la situation indécidable qui est la nôtre aujourd’hui.

Et dans la logique qui en résulte, nous avons à comprendre les raisons qui ont conduit à la victoire électorale des islamistes. Au-delà du désenchantement qu’ils suscitent après la découverte de leur non-expertise dans la gouvernance, nous ne pouvons occulter ces raisons qui sont celles de l’exclusion sociale et du mépris qu’elle encourage. Dans leur libéralisme intégral, les islamistes lui trouvent remède en invoquant la zaqât (l’impôt religieux) et la çadaqa (la vertu de charité). Ce ne sont là que des pis-aller. Les séculiers ont à repenser dans son intégralité la construction sociale et la rémanence féodale qui la corrompt. Ils doivent donner à cette question sa dimension technique et éthique. La question de la pauvreté et de l’abandon social se résout par une plus juste répartition des richesses fondée sur la revalorisation du travail.
Celle-ci trouvera sa confirmation dans l’égalité citoyenne qui a le devoir de donner à chacun les moyens matériels de sa dignité.

Abdelwahab Meddeb

Contre les violences faites aux femmes, version Roissy ? (Anafé)

Silence, on tape !

Mercredi 26 février 2014, zone d’attente de l’aéroport de Roissy-Charles-De-Gaulle. Six femmes honduriennes et nicaraguayennes se rendent dans le bureau de l’Anafé et racontent avoir été victimes quelques heures plus tôt de violences policières lors d’une tentative de renvoi forcé à destination de Mexico. Cette première tentative a échoué devant le refus du commandant de bord d’embarquer des passager.e.s dans de telles conditions. Ces femmes apparaissent bouleversées, et souhaitent porter plainte. L’Anafé les assiste dans cette démarche et récolte leurs témoignages. Quatre d’entre elles sont examinées par le médecin intervenant en zone d’attente, et se voient délivrer un certificat médical attestant de lésions et hématomes multiples.

Devant la gravité des accusations, l’Anafé saisit immédiatement le ministère de l’intérieur de cette situation, et lui demande de surseoir au renvoi forcé de ces femmes dans l’attente qu’une enquête soit diligentée. Dès le lendemain, la police aux frontières (PAF) tente à nouveau de les refouler. Depuis, les tentatives de renvoi sont quotidiennes et le ministère de l’intérieur ne manifeste aucune réaction.

Mardi 4 mars, la PAF parvient à expulser deux d’entre elles : l’une d’elle aurait été menottée et bâillonnée, tandis que l’autre est renvoyée la veille de l’audience prévue devant le Juge des libertés et de la détention, et ne pourra pas faire valoir sa cause devant la Justice.

Mercredi 5 mars : les tentatives pour refouler les quatre femmes, toujours maintenues en zone d’attente se poursuivent, de même que le silence du ministère de l’intérieur. L’une d’entre elle est placée en garde à vue pour avoir refusé d’embarquer vers le Mexique, et sera déférée au tribunal correctionnel sous la menace de poursuites pénales.

Au moment même où le gouvernement lance une campagne, conduite par la ministre des droits des femmes, pour « libérer la parole face aux violences et orienter les victimes vers les professionnels », ce slogan resterait-il lettre morte pour les femmes étrangères placées en zone d’attente ?

Face à la gravité de cette situation, l’Anafé demande au gouvernement : – de permettre à celles qui ont été expulsées le 4 mars de pouvoir, si elles le souhaitent, de revenir en France pour soutenir leur cause devant la Justice, et de veiller à ce que celle qui a été placée en garde à vue puisse faire valor ses droits ; – de protéger d’un renvoi forcé les femmes toujours maintenues en zone d’attente de Roissy, dans l’attente que leurs plaintes soient examinées ; – de prendre toutes les mesures nécessaires pour que le droit à la protection contre les violences faites aux femmes soit également une réalité en zone d’attente ; – et, pour les personnes demandeuses d’asile, de garantir la présence en zone d’attente de référent.e.s sur les questions de violences liées au genre.

Contacts : Anafé : 01 43 67 27 52, Laure Blondel : 06 24 30 59 79