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Manifester Pour La Palestine Avec Le Hamas Et La Rabia

Ce 17 octobre 2015, une manifestation était organisée à Paris, place de la République. Le titre était : « L’intifada continue, soutien à la résistance palestinienne ».

La manifestation était organisée par Génération Palestine Paris, le Collectif Al Qods, ainsi que le Palestinian Youth Mouvement. D’autres associations avaient appelé à manifester comme le Parti des Indigènes de la République ou le Collectif Cheikh Yassine.

Si certains manifestants étaient venus manifester leur sympathie et leur solidarité pour la Palestine, d’autres avaient un discours beaucoup plus offensif.

On a pu y voir, pêle-mêle, des affiches, banderoles ou autres autocollant appelant au « Boycott d’Israël », des illustrations présentant Israël comme un « pays nazi », mais aussi des portraits de l’ancien président Frère Musulman égyptien Mohamed Morsi et de nombreux drapeaux de la Rabia, symbole des Frères Musulmans.
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Côté discours à la tribune, on a pu entendre des appels à « boycotter Israël », à « continuer la résistance de n’importe quelle manière », puis des incitations plus directes à « continuer les attaques au couteau » (comme déjà énoncé dans le communiqué de l’évènement sur Facebook). Israël y est décrit comme « un pays sioniste et nazi ». La possibilité de deux états vivant en paix est écartée par un intervenant qui réclame la victoire totale palestinienne.

Plusieurs manifestants portaient le signe de ralliement des Frères musulmans, la Rabia (aussi orthographié Rabaa). Ce symbole est apparu après la violente répression contre les Frères musulmans place Rabi’a al Adawiyya, le 14 Août 2013.

Le Collectif Cheikh Yassine (CCY) a également donné de la voix. Avec un camion, des enceintes, des portraits géants du cheikh Yassine, fondateur du Hamas, les moyens étaient mis en œuvre. Leur chef, Abdelkrim Sefrioui, est présent et n’hésite pas à téléphoner en live avec un haut parleur à un « résistant palestinien », qu’il décrit comme un membre éminent du Hamas, pour que celui-ci donne l’instruction au public de continuer à manifester pour la Palestine et à s’opposer aux dirigeants français « sous la mainmise sioniste ». Tout comme le seraient l’ « Europe » ou l’ « ONU ». Le Collectif Cheikh Yassine n’a pas hésité à relativiser la Shoah en ironisant sur le camp d’extermination d’Auschwitz, et en désignant les « sionistes » comme les véritables nazis.

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La théorie de la destruction de la mosquée Al-Aqsa par les israéliens est également développée, par le biais de la construction de « souterrains pour provoquer sa destruction dans un but Talmudique ».

S’en est suivi une prière de rue, la récitation de la chahada par le CCY et la foule, quelques « Allah u Akbar », et un appel aux manifestants de devenir des « moujahidines » sous les applaudissements. Sefrioui entonne alors « Sionistes Fascistes, Hamas résistance, Djihad résistance » avec la foule, ainsi que des appels à « armer le Hamas ».

Carla Parisi

 http://www.ikhwan.whoswho/blog/archives/9220

 

Entretien Avec Céline Pina

Le Salon musulman du Val d’Oise accueillait cette année de jeunes prédicateurs fondamentalistes. Plusieurs de leurs déclarations sur internet pouvaient laisser augurer des discours incitant à la haine et à la discrimination. Notamment Rachid Abou Houdeyfa où Nader Abou Anas tous deux présents au dîner du CCIF de 2014. Le premier expliquant que «  »La femme vertueuse, c’est celle qui sort de chez elle avec sa pudeur, avec son honneur, avec son hijab ». » Le second que «  »La femme vertueuse, c’est celle qui obéit à son mari ». 

Une lettre ouverte a été lancée pour dénoncer la tenue de ce salon*

Dans le salon on pouvait trouver près de 100 exposants dont le stand de l’association Barakacity, des boutiques vendant des niqab ou encore des librairies diffusant les livres de Tariq Ramadan ou d’Ibn Taymiyyah. 

Parmi les politiques, un seule voix a véritablement percé. Céline Pina, conseillère régionale PS. Elle a bien voulu revenir sur ce salon pour Ikhwan Info.

L’ « Etat Islamique » et la théologie du viol : l’enquête édifiante du New York Times

Affirmant qu’il a le soutien du Coran, l’Etat Islamique codifie l’esclavage sexuel dans les régions conquises d’Irak et de Syrie et utilise cette pratique comme un outil de recrutement. La journaliste Rukmini Callimachi a publié son enquête dans le New York Times du 13 août. Nous le reproduisons dans son intégralité.

Qadya, Irak – Juste avant de violer la jeune fille âgée de 12 ans, ce combattant de l’Etat Islamique a pris le temps d’expliquer que ce qu’il s’apprêtait à faire n’était pas un pêché. Parce que cette préadolescente pratiquait une autre religion que l’Islam, non seulement le Coran lui donnait le droit de la violer mais, insistait-il, il le préconisait et encourageait à le faire.

Il lui attacha les mains et la bâillonna. Puis il s’agenouilla à côté du lit et se prosterna dans la prière avant de se mettre sur elle. Lorsque cela fut fini, il s’agenouilla pour prier à nouveau, mettant fin au viol par des actes de dévotion religieuse.

 » Je ne cessais de lui dire ça fait mal, s’il vous plaît, arrêtez, » dit la jeune fille, dont le corps est si petit qu’un adulte pourrait encercler sa taille de ses deux mains.  » Il m’a dit que selon l’Islam, il est autorisé à violer une non croyante. Il a dit qu’en me violant, il se rapproche de Dieu « , raconta-t-elle dans un entretien avec sa famille dans un camp de réfugiés ici (ndlr : en Irak), dans lequel elle a trouvé refuge après 11 mois de captivité.

Le viol systématique des femmes et des jeunes filles de la minorité religieuse de Yazidi est profondément mêlé à l’organisation et à la théologie radicale de l’Etat Islamique depuis que l’organisation a annoncé cette année qu’elle relançait l’esclavage comme institution.
Des entretiens avec 21 femmes et jeunes filles qui ont récemment échappé à l’Etat Islamique, de même qu’un examen attentif des communiqués officiels du groupe mettent en lumière à quel point cette pratique est inscrite dans les principes fondamentaux de l’organisation.

L’Etat Islamique a développé une bureaucratie détaillée d’esclavage sexuel

La traite des femmes et des jeunes filles Yazidi a créé une infrastructure systématique, avec un réseau d’entrepôts où les victimes sont retenues, des salles d’observation où elles sont inspectées et mises sur le marché et une flotte dédiée d’autobus pour les transporter.

Au total, ce sont 5270 femmes Yazidi qui ont été enlevées l’année dernière et au moins 3144 sont encore retenues captives, selon les leaders de la communauté. Pour les gérer, l’Etat Islamique a développé une bureaucratie détaillée d’esclavage sexuel, incluant des contrats de vente notariés par les cours de justice dirigées par l’EI. Et la pratique est devenue un outil de recrutement bien établi pour attirer les hommes de sociétés musulmanes très conservatrices, dans lesquelles le sexe sans attache est un tabou et le fait de se fréquenter interdit.

Un corpus de plus en plus important de mémos de mesures internes et de discussions théologiques ont établi les grandes lignes de l’esclavage, notamment une notice très longue publiée par le Département de la Recherche et de la Fatwa de l’Etat Islamique pas plus tard que le mois dernier. De manière répétée, les dirigeants de l’EI mettent l’accent sur une interprétation restrictive et très sélective du Coran et d’autres règlementations religieuses afin de, non seulement justifier la violence, mais également d’élever et de célébrer chaque crime sexuel comme spirituellement bénéfique, même vertueux.

 » A chaque fois qu’il venait me violer, il priait  » raconte F., une jeune fille de 15 ans capturée sur l’accotement du Mont Sinjar il y a un an et qui fut vendue à un combattant irakien d’une vingtaine d’années. Comme d’autres personnes qui ont été interviewées par le New York Times, elle a souhaité être identifiée seulement par son initiale à cause de la honte associée au viol.

 » Il ne cessait de me dire que c’était ibadah « , dit-elle, utilisant un terme des écritures islamiques qui signifient le culte.

Une jeune fille de 15 qui désire être identifiée seulement comme F, à droite, avec son père et son frère de 4 ans.  » A chaque fois qu’il venait pour me violer, il priait  » raconte F, qui fut capturée par l’Etat Islamique il y a un an et vendue à un combattant irakien. – © Mauricio Lima pour le New York Times
“Il disait que le fait de me violer était sa prière à Dieu. Je lui ai dit  » Ce que vous me faites, c’est mal, ça ne vous rapprochera pas de Dieu « . Et il a répo
ndu  » Non, c’est autorisé. C’est halal ″, raconte l’adolescente qui s’est échappée en avril, aidée par des contrebandiers après avoir été esclave pendant presque 9 mois.

Une conquête sexuelle et territoriale

L’introduction officielle par l’Etat Islamique de l’esclavage sexuel systématique remonte au 3 août 2014, lorsque ses combattants ont envahi les villages du flanc sud du Mont Sinjar, un massif escarpé de pierres couleur sable du nord de l’Irak.

Ses vallées et ses ravins sont le foyer des Yazidis, une toute petite minorité religieuse qui représente moins de 1,5 pourcent de la population irakienne estimée à 34 millions d’individus.

L’offensive sur la montagne vint seulement deux mois après la chute de Mossoul, la deuxième ville la plus importante d’Irak. Au premier abord, on eut l’impression que l’avancée sur la montagne qui suivit n’était qu’une tentative supplémentaire d’étendre le territoire contrôlé par les combattants de l’Etat Islamique.

Presque tout de suite, tout indiqua que leur but était, cette fois, différent. Les survivants racontent que les hommes et les femmes furent séparés dès la première heure de captivité.

On ordonna aux adolescents de soulever leurs chemises et s’ils avaient des poils sous les aisselles, on leur donnait l’ordre de rejoindre leurs frères plus âgés et leurs pères. Village après village, les hommes et les jeunes hommes furent conduits ou encadrés jusqu’à des champs voisins, où ils furent forcés de s’allonger dans la terre et furent assassinés à l’arme automatique.

Les femmes, les filles et les enfants, par contre, furent jetées dans des camions à plateforme ouverte.

“L’offensive sur la montagne était tout autant une conquête sexuelle qu’une conquête territoriale « , dit Matthew Barber, un expert de l’Université de Chicago sur la minorité Yazidi. Il était à Sinjar lorsque l’assaut a démarré l’été dernier et a aidé à créer une fondation qui fournit un soutien psychologique pour celles qui s’échappent. Elles sont plus de 2000, selon les activistes de cette communauté.

F, qui a quinze ans, dit que sa famille de neuf personnes tentait de s’échapper, roulant vite dans les lacets de la montagne, lorsque leur vieille Opel se retrouva en surchauffe. Elle-même, sa mère et ses sœurs de 14, 7 et 4 ans se retrouvèrent coincées sans solution près de leur voiture en rade lorsqu’un convoi de combattants de l’Etat Islamique lourdement armés les encercla.

 » Les combattants séparèrent immédiatement les hommes des femmes « , dit-elle. Elle-même, sa mère et ses sœurs furent emmenées dans des camions dans la ville la plus proche du Mont Sinjar.  » Là, ils m’ont séparée de ma mère. Les jeunes filles non mariées ont été forcées de monter dans des bus « .

Les bus étaient blancs, avec une bande peinte à côté du mot « Hajj », suggérant que l’Etat Islamique avait réquisitionné les autobus de l’Etat irakien utilisé pour transporter les pèlerins pour le pèlerinage annuel de la Mecque. Il y avait tant de femmes et de filles Yazidi entassées dans le bus de F qu’elles étaient forcées de s’asseoir sur les genoux des unes et des autres, raconte-t-elle.

Une fois le bus en route, elles se rendirent compte que les vitres étaient bloquées par des rideaux, un matériel qui apparemment avait été ajouté parce que les combattants avaient prévu de transporter un grand nombre de femmes qui n’étaient pas couvertes par des burqas ou des voiles.

Le récit de F., notamment les descriptions physiques des autobus, l’emplacement des rideaux et la manière dont les femmes furent transportées, fait écho à ceux d’une douzaine d’autres victimes féminines que nous avons interviewées pour cet article. Elles décrivent des circonstances similaires même si elles furent kidnappées à des dates différentes et à des endroits éloignés de plusieurs kilomètres.

Un coucher de soleil à Dohuk, dans la région du Kurdistan du nord de l’Irak. Les militants de l’Etat Islamique ont conquis d’importants territoires en Irak, et le viol systématique des femmes et des jeunes filles de la minorité religieuse Yazidi est fortement lié à l’organisation et à la théologie du groupe. – © Crédit Mauricio Lima pour le New York Times
F. raconte qu’elle a été conduite dans la ville irakienne de Mossoul à six heures de route de là, où elles furent entassées dans le salon de mariag
e du Galaxy. D’autres groupes de femmes et de jeunes filles furent emmenés dans un palace datant de l’ère de Saddam Hussein, la prison de Badoosh et le bâtiment du Ministère de la Jeunesse à Mossoul, racontent des rescapées récentes. En plus de Mossoul, les femmes furent parquées dans des écoles primaires et des bâtiments municipaux dans les villes irakiennes de Tal Afar, Solah, Ba’aj et la ville de Sinjar.

Elles furent confinées pendant des jours pour certaines, pendant des mois pour d’autres. Puis, inévitablement, elles furent chargées dans la même flotte d’autobus avant d’être envoyées par petits groupes en Syrie ou dans d’autres endroits en Irak, pour y être achetées et vendues pour du sexe.

1300 jeunes filles Yazidi retenues dans un même endroit

« C’était prévu à l’avance à 100% « , dit Khider Domle, un activiste de la communauté yazidi qui tient à jour une base de données détaillée des victimes.  » J’ai parlé au téléphone à la première famille qui est arrivée au Ministère de la Jeunesse à Mossoul et le salon était déjà préparé pour eux. Il y avait des matelas, des assiettes et des ustensiles de cuisine, de la nourriture et de l’eau pour des centaines de gens « .

Des rapports détaillés de Human Rights Watch et d’Amnesty International arrivent aux mêmes conclusions quant à la nature organisée de cette traite sexuelle. Dans chaque endroit, les survivants disent que les combattants de l’Etat Islamique ont d’abord mené un recensement de leurs prisonnières.

Dans le luxueux salon de réception du Galaxy, F. était assise sur un sol de marbre, pressée contre d’autres adolescentes.

Elle estime qu’elles étaient, au total, plus de 1300 jeunes filles Yazidi, accroupies, affaissées et s’appuyant contre les murs de la salle de bal, un nombre confirmé par plusieurs autres femmes retenues au même endroit.

Elles ont toutes décrit la façon dont trois combattants de l’Etat Islamique entrèrent tenant à la main un registre. Ils demandèrent aux filles de se lever. On demanda à chacune d’énoncer son prénom, son nom, son âge, sa ville d’origine, si elle était mariée et si elle avait des enfants.

Pendant deux mois, F. a été retenue captive dans le salon du Galaxy. Puis, un jour, ils sont arrivés et ont commencé à emmener les jeunes femmes. Celles qui refusaient se faisaient traîner par les cheveux, raconte-t-elle.

 » Vous êtes nos  » sabaya  » (nos esclaves)

Sur le parking, la même flotte d’autobus Hajj attendait de les emmener à leur prochaine destination, dit encore F. Avec 24 autres jeunes filles et jeunes femmes, la jeune fille de 15 ans fut conduite à une base de l’armée militaire irakienne. Ce fut là, sur le parking, qu’elle entendit pour la première fois le mot « sabaya ».

« Ils riaient et se moquaient de nous, répétant  » Vous êtes nos sabaya « . Je ne savais pas ce que le mot signifiait « , dit-elle. Plus tard, le leader local de l’Etat Islamique leur expliqua qu’il signifiait esclave.

« Il nous a dit que Taus Malik  » – l’un des sept anges que prient les Yazidis –  » n’est pas Dieu. Il a dit que Taus Malik était le diable et que parce que vous croyez au diable, vous nous appartenez. Nous pouvons vous vendre et vous utiliser comme bon nous semble « .

La traite sexuelle de l’Etat Islamique semble être basée uniquement sur le fait d’asservir des femmes et des jeunes filles venant de la minorité yazidi. Jusqu’à présent, il n’y a eu aucune campagne importante destinée à asservir des femmes d’autres minorités religieuses, dit Samer Muscati, l’auteur du dernier rapport de Human Rights Watch. Cette affirmation trouve un écho chez les leaders de la communauté, les responsables de gouvernements et d’autres personnes travaillant pour les droits de l’homme.

M. Barber, de l’Université de Chicago, dit que le fait de se concentrer sur les Yazidis fut certainement parce qu’ils sont vus comme des polythéistes, avec une tradition orale plutôt que des écritures. Aux yeux de l’Etat Islamique, cela les met au même niveau que les non croyants méprisés, encore plus que les chrétiens et les juifs, qui sont censés avoir une protection limitée sous le Coran en tant que  » Peuple du Livre ».

A Kojo, l’un des villages les plus au sud du Mont Sinjar et l’un des plus éloignés de toute évasion, les habitants ont décidé de rester, pensant qu’ils seraient traités de la même façon que l’avaient été les chrétiens de Mossoul quelques mois auparavant. Le 15 août 2014, l’Etat Islamique ordonna aux habitants de se signaler dans une école en centre-ville.

Lorsqu’elle arriva là-bas, Aishan Ali Saleh, 40 ans, trouva un ancien de la communauté en train de négocier avec l’Etat Islamique, leur demandant s’ils pouvaient être autorisés à donner leur argent et de l’or contre une traversée sans encombres.

Les combattants acceptèrent, au début, et posèrent une couverture à terre et Mme Saleh y déposa sont pendentif en forme de cœur et ses bagues en or, alors que les hommes y déposèrent des billets froissés.

Aishan Ali Saleh, 40 ans, dans un camp de réfugiés dans la banlieue de Dohuk. Elle vivait à Kojo, l’un des villages les plus au sud du Mont Sinjar, qui fut pris par les combattants de l’Etat Islamique. – © Mauricio Lima pour le New York Times
Plutôt que de les laisser partir, les combattants se mirent à pousser les hommes dehors, les menant à leur mort certaine. Un peu p
lus tard, une flotte de voitures arriva et les femmes, les jeunes filles et les enfants furent emmenés.

Le marché des esclaves Yazidi

Des mois plus tard, l’Etat Islamique fut très clair dans son magazine en ligne sur le fait que sa campagne d’esclavagisme des femmes et jeunes filles Yazidi avait été minutieusement préparée.

“Avant la prise de Sinjar, on demanda aux étudiants de la Sharia de l’Etat Islamique de faire des recherches sur les Yazidis « , raconte l’article en langue anglaise, titré  » Le renouveau de l’esclavage avant l’heure « , qui parut dans le numéro d’octobre de Dabiq.

L’article indiquait clairement que pour les Yazidis, il n’y avait aucune chance de pouvoir payer une taxe connue comme jizya pour être libérés, « à l’inverse des juifs et des chrétiens « .

 » Après leur capture, les femmes et les enfants Yazidi furent alors divisés selon la Sharia, entre les combattants de l’Etat Islamique qui participèrent aux opérations de Sinjar, après qu’un cinquième des esclaves fut transféré aux hautes autorités de l’Etat Islamique pour être divisés comme un butin », raconte l’article.

Dans une vidéo postée en octobre 2014 sur YouTube, un groupe d’hommes convaincus d’être des combattants de l’Etat Islamique, sont montrés assis dans une pièce, plaisantant sur le fait d’acheter et de vendre des jeunes filles Yazidis, le « jour du marché aux esclaves. »

De la même façon que des passages spécifiques de la Bible furent utilisés des siècles plus tard pour soutenir la traite des esclaves aux Etats-Unis, l’Etat Islamique cite des versets spécifiques ou des histoires du Coran ou de la Sunna, les traditions basées sur les dires et les actions du Prophète Mahomet, pour justifier le trafic d’êtres humains, disent les experts.

Ceux qui étudient la théologie islamique ne sont pas d’accord, par contre, sur les interprétations correctes de ces versets, et sur la question qui divise, à savoir si l’Islam sanctionne réellement l’esclavage.

Beaucoup défendent l’idée que l’esclavage figure dans les écritures saintes de l’Islam de la même façon qu’il figure dans la Bible – comme un reflet de la période de l’antiquité à laquelle la religion naquit.

 » Dans le milieu dans lequel le Coran apparut, le fait que des hommes aient des relations sexuelles avec des femmes privées de liberté était une pratique extrêmement répandue”, explique Kecia Ali, professeur associé de religion à l’Université de Boston et l’auteur d’un ouvrage consacré à l’esclavage dans les débuts de l’Islam. « Ce n’était pas une institution particulièrement religieuse, c’était simplement ainsi que les choses se faisaient. »

Cole Bunzel, un chercheur en théologie islamique à l’Université de Princeton, ne partage pas cet avis et cite les nombreuses références à l’expression “Celles que ta main droite possède” dans le Coran, ce qui a été interprété pendant des siècles comme signifiant des esclaves féminines. Il indique également le corpus de la jurisprudence islamique, qui continue dans notre ère moderne et qui inclut, selon lui, des règles détaillées sur la façon de traiter les esclaves.

Conforme aux écritures ?

 » Il existe un grand nombre d’écritures saintes qui sanctionnent l’esclavage  » dit M. Bunzel, l’auteur d’un article de recherche publié par la Brookings Institution sur l’idéologie de l’Etat Islamique.  » L’on peut arguer qu’elles ne sont plus pertinentes et qu’elles sont tombées en désuétude. L’EI arguerait que ces institutions doivent être relancées parce que c’est ce que le Prophète et ses compagnons faisaient « .

Les femmes et les jeunes femmes les plus jeunes et les plus jolies furent vendues lors des premières semaines suivant leur capture.

Les autres – notamment les femmes plus âgées et mariées – décrivent comment elles furent transportées d’un endroit à un autre, jusqu’à ce qu’un acheteur potentiel ne fasse une offre.

Leurs ravisseurs semblaient avoir un système en place qui regorge de sa propre méthodologie à faire l’inventaire des femmes, de même que leur propre lexique. On parlait des femmes et des jeunes filles comme des  » Sabaya « , suivi de leur nom. Certaines furent achetées par des grossistes, qui les photographièrent et leur attribuèrent des numéros pour pouvoir en faire la publicité auprès d’acheteurs potentiels.
Osman Hassan Ali, un riche homme d’affaires yazidi qui a réussi à faire s’échapper de nombreuses femmes Yazidi, dit qu’il a prétendu être un acheteur afin qu’on lui envoie les photos. Il a partagé une douzaine d’images, chacune montrant une femme Yazidi assise dans une pièce vide sur un canapé, faisant face à l’appareil sans un sourire, le regard vide. Sur le côté de la photo, l’on peut lire en arabe  » Sabaya n°1 « ,  » Sabaya n°2  » et ainsi de suite.

Les bâtiments dans lesquels les femmes étaient rassemblées et retenues incluaient parfois une salle de visionnage.
 » Lorsqu’ils nous mirent dans le bâtiment, ils nous ont dit que nous étions arrivées au  » Marché de Sabaya « , raconte une victime âgée de 19 ans.  » J’ai alors compris que nous étions dans un marché aux esclaves « .

Une femme qui raconte avoir été violée par des militants de l’Etat Islamique, dans un camp de réfugiés dans la région du Kurdistan du nord de l’Irak. – © Mauricio Lima pour le New York Times.
Elle estime qu’elles étaient au moin
s 500 femmes et jeunes femmes non mariées dans le bâtiment de plusieurs étages, les plus jeunes âgées de 11 ans. Lorsque les acheteurs arrivaient, les filles étaient emmenées une par une dans une pièce séparée.

 » Les émirs étaient assis contre le mur et nous appelaient par notre nom. Nous devions nous asseoir sur une chaise face à eux. Il fallait les regarder et avant d’entrer, ils nous prenaient nos voiles et tout ce que nous avions utilisé pour nous couvrir « , raconte-t-elle. « Lorsque ce fut mon tour, ils m’ont fait me lever quatre fois. Ils m’ont fait tourner sur moi-même ».

Les prisonnières étaient également obligées de répondre à des questions intimes, notamment donner la date exacte de leurs dernières menstruations. Elles se rendirent compte que les combattants tentaient de déterminer si elles étaient enceintes, en accord avec la loi de la Sharia qui veut qu’un homme ne peut pas avoir de rapports sexuels avec son esclave si elle est enceinte.

Propriété de l’EI

Le fait que l’Etat Islamique utilise l’esclavage sexuel surprit même les plus ardents soutiens de l’organisation, beaucoup d’entre eux se disputèrent avec les journalistes après les premiers reportages en ligne sur les viols systématiques.

Les dirigeants de l’Etat Islamique ont tenté sans arrêt de justifier cette pratique auprès de leur public interne. Après l’article initial dans le Daqib d’octobre, ce sujet fut à nouveau traité dans la publication cette année, dans un éditorial en mai qui exprimait la tristesse et les sentiments froissés de l’auteur devant le fait que certains des sympathisants du groupe avaient remis en question le fait que l’esclavage soit institutionnalisé.

L’auteur écrivit :  » Ce qui m’inquiète c’est que certains des supporters de l’Etat Islamique se mirent à nier le fait, comme si les soldats du califat avaient commis une faute ou quelque chose de diabolique. J’écris ceci avec de la fierté dans chaque lettre « , dit-il.  » Nous avons en effet attaqué et capturé les femmes kafirah et nous les avons menées à la pointe de l’épée comme des moutons « . Kafirah signifie infidèles.

Dans un pamphlet publié en ligne en décembre, le ministère de la Recherche et de la Fatwa de l’Etat Islamique détaillait les meilleures pratiques, ce qui incluait le fait d’expliquer que les esclaves appartiennent aux biens du combattant qui les a achetées et peuvent donc être données à un autre homme et traitées comme n’importe quel autre bien après sa mort.

Des rescapées récentes décrivent une bureaucratie compliquée entourant leur captivité, avec leur statut d’esclave consigné dans un contrat. Lorsque leur propriétaire voulait les vendre à un autre acheteur, un nouveau contrat était rédigé, comme lorsqu’on transfère un bien. Dans le même temps, les esclaves peuvent être libérées, et les combattants ont une promesse de récompense divine pour cela. Même si c’est rare, cela a créé une possibilité d’évasion pour les victimes.

Libérée par un kamikaze

Une victime de 25 ans, qui s’est échappée le mois dernier et dont le prénom commence par un A, explique comment un jour, son maître Libyen lui a remis le morceau de papier plastifié. Il lui a expliqué qu’il avait terminé son entraînement de kamikaze et qu’il prévoyait de se faire exploser, et donc, la libérait.

Une femme Yazidi de 25 ans a montré son  » Certificat d’Emancipation  » que lui avait remis le Libyen qui l’avait transformée en esclave. Il expliqua qu’il avait terminé son entrainement comme kamikaze et qu’il prévoyait de se faire exploser, et donc, la libérait. – © Mauricio Lima pour le New York Times
Une femme yazidi de 34 ans, qui fut achetée et violée de manière répétée par un combattant saoudien dans la ville syrienne de Shadadi, décrit qu’elle s’en est mieux sortie que la seconde esclave de la maison – une jeune fill
e de 12 ans qui fut violée pendant des jours malgré de forts saignements.

 » Il a détruit son corps. Elle avait une infection terrible. Le combattant ne cessait de venir me voir pour me demander “pourquoi sent-elle aussi mauvais?”. Et je lui répondais qu’elle avait une infection interne, qu’il fallait qu’il prenne soin d’elle », raconte cette femme.

Sans état d’âme, il ignora les souffrances terribles de la jeune fille et poursuivit son rituel de prière avant et après le viol de l’enfant.

 » Je lui ai dit ‘ce n’est qu’une enfant’ « , se souvient l’autre femme. Et il a répondu  » Non, ce n’est pas une petite fille. C’est une esclave. Et elle sait exactement comment avoir des rapports sexuels . Et avoir des rapports sexuels avec elle, cela fait plaisir à Dieu.”

Rukmini Callimachi, New York Times

 (traduit de l’anglais par Gaelle Ducos)

Source: http://www.rtbf.be/info/monde/detail_l-etat-islamique-et-la-theologie-du-viol-l-enquete-edifiante-du-new-york-times?id=9053890&utm_source=rtbfinfo&utm_campaign=social_share&utm_medium=twitter_share

Non, le Tribunal Administratif n’a pas validé la suppression des « menus sans porc » à Chalon-sur-Saône !

BY  ON

http://www.ufal.org/laicite/non-le-tribunal-administratif-na-pas-valide-la-suppression-des-menus-sans-porc-a-chalon-sur-saone/

. Gilles Platret, maire (Les Républicains) de Chalon-sur-Saône, avait décidé en mars de supprimer des cantines scolaires les menus « de substitution » (sans porc). « Initiative politicienne sans rapport avec la laïcité » avait alors estimé l’UFAL (courrier des lecteurs ci-dessous). Or, le 13 août, le tribunal administratif de Dijon a rejeté la requête en référé déposée contre cette mesure par une « Ligue de défense judiciaire des musulmans ». Mais une fois de plus, politiciens et médias ont fait semblant de ne pas comprendre la décision du juge ! Éclairons-les donc.

Ce n’est pas « une victoire » pour le maire de Chalon-sur-Saône !

Le référé est une procédure qui permet, lorsqu’il y a urgence, de demander au juge d’ordonner des mesures provisoires mais rapides pour préserver les droits du demandeur. Or en l’espèce, la TA de Dijon a seulement considéré qu’il n’y avait pas « urgence », dans la mesure où jusqu’à la mi-octobre, les menus prévus dans les cantines de Chalon-sur-Saône ne comportaient pas de porc.

Le TA aura ensuite à se prononcer « sur le fond », c’est-à-dire sur le fait de savoir s’il y a ou non atteinte à une liberté ou à la légalité. Et c’est alors que le maire de Chalon-sur-Saône risque fort de déchanter !

La décision rappelle au contraire le cadre légal

Selon les médias, le TA (dont nous n’avons pas la décision intégrale) a estimé que « l’accès aux services de restauration scolaire de l’ensemble des usagers, y compris les enfants de confession musulmane, ne paraît pas compromis ». Voilà qui définit a contrario ce qui devra être vérifié « au fond » !

Si un service public de restauration scolaire existe dans une commune, il est soumis aux règles de droit de tout service public, dont l’égalité d’accès et la non-discrimination (la religion figurant parmi les critères de discrimination). La justice a ainsi annulé l’exclusion des cantines des enfants de chômeurs.

Certes, les « repas adaptés » ne sont jamais obligatoires. Mais dès lors qu’ils ont été instaurés, les supprimer revient à exclure de fait les enfants qui étaient inscrits à la cantine compte tenu de cette possibilité. Cela s’appelle clairement de la discrimination.

A Chalon-sur-Saône, c’est le contraire de la laïcité !

Les Républicains, divisés sur la question mais dont le chef soutient M. Platret, jouent ici le jeu de l’extrême-droite. C’est bien le même détournement de la laïcité, prétexte à une opération de division politicienne visant clairement des pratiques religieuses exclusivement juives et musulmanes. La pire nouvelle pour le « vivre ensemble ».

Non, la laïcité ce n’est pas imposer à tous de manger « du porc sinon rien » -pas plus que l’interdiction à tous des aliments prohibés par quelques convictions religieuses ou philosophiques. L’UFAL appelle à la vigilance, face à la montée des surenchères d’exclusion entre droite et extrême-droite.

Extrait du courrier des lecteurs de l’UFAL, 17 mars 2015

L’UFAL considère que la décision du maire de Chalon-sur-Saône est une initiative politicienne sans rapport avec la laïcité.
La restauration scolaire n’est pas une obligation dans le premier degré, c’est un service public administratif local facultatif. Il n’y a pour les communes ni obligation, ni interdiction de prévoir des repas de substitution sans porc (ou sans viande). Depuis des dizaines d’années la pratique existe et est entrée dans les mœurs. Toutefois, l’UFAL considère qu’elle ne doit pas aboutir à une ségrégation des enfants à la cantine (les « avec porc » et les « sans porc »). En outre, il ne peut être proposé de nourriture rituelle (ex. casher ou halal), ce qui reviendrait à subventionner des activités cultuelles (les organismes certificateurs des aliments).
Il est en revanche certain que supprimer les repas de substitution lorsqu’ils existent stigmatise une catégorie d’enfants et peut conduire à leur retrait de la cantine. C’est une opération politique nauséabonde à caractère raciste.

 

 

Plus de la moitié des Français ne se réclament d’aucune religion

Les attentats de janvier ont ravivé la question de la place du religieux en France. Comment faire cohabiter différentes croyances ? Comment vivre sa religion dans un pays laïque ? L’importance que prend ce débat est d’autant plus paradoxale que la majorité des Français se sentent aujourd’hui loin de toute appartenance religieuse.

Les statistiques ethniques ou sur l’appartenance religieuse étant très encadrées en France, le nombre exact de personnes sans religion est inconnu. Mais plusieurs sondages effectués au niveau mondial et européen en donnent une bonne estimation.

Un tiers des Français « non religieux »

 
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/05/07/une-grande-majorite-de-francais-ne-se-reclament-d-aucune-religion_4629612_4355770.html#rmDh3HTHYThmZk3L.99

Le contraire du « philosémitisme »

Le 8 mai 2015, le PIR (Parti des Indigènes de la République) fête ses dix ans d’existence. Invitée vedette: Angela Davis. C’est l’occasion de revenir sur l’évolution récente des positions de ce courant, et de ses compagnons de route.

Le 7 janvier 2015, douze personnes -dessinateurs et collaborateurs de Charlie hebdo, agents de police, agents de maintenance- étaient massacrées de sang froid par les frères Chérif et Saïd Kouachi.

Le 9 janvier, ce fut le tour de la policière stagiaire Clarissa Jean-Philippe puis des quatre clients juifs de l’épicerie casher de la porte de Vincennes de tomber sous les balles d’Amedy Coulibaly. Les trois assassins prétendaient agir au nom de l’islam.

Le 11 janvier, près de quatre millions de personnes manifestaient ensemble, pacifiquement, leur horreur des massacres, du fanatisme et de l’intolérance; ce fut la plus grande manifestation que la France ait connue depuis la Libération.

Les fausses notes, puis les réserves, la contre offensive enfin ne tardèrent pas. Une semaine après le massacre, Le Monde leur consacrait une double page. On y lisait qu’un « hebdo satirique n’est pas la France », et que « certains usages de la liberté d’expression sont offensants ». D’aucuns réclamaient que le « droit à l’outrance s’applique à tous », et notamment aux négationnistes (Dieudonné, sans doute un oubli, n’était pas cité). Des universitaires lançaient un définitif « Non à l’union sacrée! » (celle du 11 janvier!) laquelle, selon eux, ne servait qu’à « désamorcer les colères sociales ». Des militants du PIR, secondés par des journalistes, proclamaient: « Plus que jamais il faut combattre l’islamophobie ». Le fanatisme, le terrorisme islamiste venaient de tuer 17 personnes; à peine étaient-ils mentionnés, du bout des lèvres, dans l’un des articles: les vrais ennemis s’appelaient union sacrée et islamophobie.

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Emmanuel Todd, intellectuel zombie

Article de Joseph Macé-Scaron

 

Le livre d’Emmanuel Todd, sous le paravent fallacieux de la critique du « néorépublicanisme » et de ce qu’il nomme le « laïcisme radical », est une tentative assez inédite de délégitimer, de flétrir et de diffamer le 11 janvier 2015, ce sursaut citoyen et populaire. On a hâte de connaître le nom de son fournisseur…

Dieudonné, le fond Dutroux

La défense de la liberté d’expression de Dieudonné a été une cause unificatrice ces dix dernières années. L’extrême-droite n’a pas été la seule à affirmer qu’on avait le droit de tout dire. Tout un pan de la gauche, tout en condamnant les saillies les plus caricaturales du politique néo-nazi, a toujours répété que la loi ne devrait pas sanctionner des paroles. D’autres admettaient une condamnation judiciaire, mais pas les mesures permettant de faire cesser immédiatement des appels réitérés et prévisibles à la haine raciale.

 

Depuis le lundi 4 mai , sur le site « Quenel Plus » de Dieudonné, s’affiche ce qui est présenté comme un entretien avec Patrice Alègre, actuellement détenu à la centrale de Poissy pour cinq meurtres, une tentative de meurtre et six viols qu’il a reconnus. Dieudonné affirme depuis plusieurs années animer un « atelier » dans cette centrale avec d’autres personnes condamnés pour meurtres et tortures , dont Germain Gaiffe, présenté comme le directeur de publication de Quenel Plus. Depuis quelques semaines, il annonçait son rapprochement avec Patrice Alègre.

 

Apocryphe ou non, le contenu de cet « entretien » est difficilement soutenable à la lecture. Dans un premier temps, le texte s’attaque à l’enfant en situation de handicap de Laurent Louis, politicien antisémite belge avec lequel Dieudonné s’est récemment brouillé pour une affaire de gros sous liée au lancement d’une entreprise baptisée l’Ananassurance. « Morte née accrochée au fion de sa mère », « cancrelat tout désarticulé », «  baignant dans sa pisse et dans ses excréments » sont quelques uns des qualificatifs utilisés. Dans la suite du texte, l’auteur appelle au meurtre à coup de pelle de l’enfant. Dans la suite de l’article, c’est l’assassinat récent d’une petite fille violée qui est évoquée dans des termes tout aussi insoutenables, accompagnés du prénom de l’enfant.

 

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L’association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l’antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l’affaire Dreyfus.  

Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l’affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s’opposant à la propagande nationaliste et antisémite.

Ce site en est l’expression dans le combat contre tous les négationnismes

(Arménie, Rwanda, Shoah …)

Affaire Saïd Bourarach : 4 à 9 ans d’emprisonnement

Le site de Itélé reprend point par point l’affaire et l’enquête qui a suivi. Le déroulement des faits. L’émotion. L’instrumentalisation. L’enquête. Le procès. Le verdict.

http://www.itele.fr/justice/video/les-agresseurs-de-said-bourarach-ont-ecope-de-4-a-9-ans-demprisonnement-117280

 

Le procès de quatre hommes a eu lieu devant la Cour d’assises de Seine-Saint-Denis ces derniers jours, accusés d’avoir provoqué la mort de Saïd Bourarach, vigile marocain de 35 ans qui s’était noyé dans le canal de l’Ourcq après une banale altercation dans le magasin de bricolage où ce dernier travaillait. Agés de 23 à 30 ans, les accusés comparaissaient libres pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, avec usage ou menace d’une arme ». La mort de Saïd Bourarach, il y a maintenant cinq ans, avait provoqué une vive émotion, notamment au sein de la communauté musulmane.

Que s’est-il passé ce 30 mars 2010 ?

Peu après 19h00, alors que le magasin de bricolage Batkor de Bobigny s’apprête à fermer, Saïd Bourarach refuse l’entrée à un jeune homme de 19 ans qui se présente pour acheter un pinceau et un pot de peinture. Il est alors pris à partie, prend au moins un coup au visage et riposte avec sa bombe lacrymogène. Econduit, son agresseur part alors se saisir d’une manivelle à cric dans le coffre de sa voiture et appelle en renfort son frère, habitant une cité voisine à Pantin, qui arrive sur place avec un cousin et des amis.

La dispute se poursuit, le vigile prend la fuite en courant vers le canal situé derrière le magasin. Les quatre accusés le pourchassent et c’est à partir de ce moment précis que les hypothèses divergent. Le but de ce procès était de faire la lumière sur ce qui a provoqué la mort de Saïd Bourarach.

La victime a subi « une pression psychologique » de la part de ses agresseurs

Les accusés ont toujours soutenu que le vigile s’était noyé après s’être volontairement jeté dans le canal, mais la justice leur reproche d’avoir exercé sur lui une « pression psychologique » telle qu’il n’aurait eu d’autre choix que le saut pour leur échapper. Cette version est corroborée par les rares témoins de la scène, qui ont décrit aux enquêteurs un homme alors « apeuré », « à bout de souffle ».

Pour Nathalie Potignon, la veuve de Saïd Bourarach, le procès doit aller plus loin : a-t-il été frappé avant de tomber ? A-t-il été poussé dans le canal ? Elle et son avocat contestent en effet qu’il ait pu sauter « de son propre chef ». 

S’agissait-il d’une agression à caractère raciste ?

L’avocat des proches de Saïd Bourarach a mentionné au cours du procès « l’appartenance à la Ligue de Défense Juive (LDJ) » d’un des accusés. L’enquête, de son côté, n’a ni établi d’agression à caractère raciste, de la part de la victime comme des accusés, ni établi de supposée appartenance de ces derniers à la LDJ.

Pour l’avocat du principal accusé, Me Paul Le Fèvre, ce dossier résulte « d’une bagarre idiote qui se solde par un accident mortel que personne n’a voulu », et une affaire qui ne méritait pas d’aller aux assises.

Trois des accusés sont arrivés libres au tribunal. Le quatrième accusé, absent, a été jugé par défaut, comme l’a précisé la présidente du tribunal au début du procès. Ces accusés ont pris place dans une salle comble, composée de proches de la victime et de personnes revêtant des tee-shirts « Justice pour Saïd ».

Arguant du « caractère raciste » de l’agression, les accusés étant de confession juive, des manifestants se sont également rassemblés durant le procès pour demander la « justice pour Saïd ». 

Selon Dan Lampel, l’accusé à l’origine de l’altercation, âgé de 19 ans à l’époque des faits, il portait une étoile de David autour du cou et Saïd Bourarach lui aurait rétorqué, face à son insistance pour rentrer dans le magasin, « j’ai pas deux-trois minutes pour ta race ». Des propos « incroyables » pour la nièce de la victime, qui a témoigné de ses « valeurs », ajoutant que ce père de famille maîtrisait mal le français et qu’il aurait été plus enclin à parler en arabe sous l’énervement.

Quel portrait a été tiré du principal accusé lors du procès ?

L’un des accusés, Dan Lampel, 23 ans, à l’origine de l’altercation, a indiqué « regretter amèrement ce qui s’était passé, pour tous les gens qui sont là ». 

A la barre, il a retracé son histoire: benjamin d’une fratrie de six enfants, qui n’aime pas trop l’école, préfère les filles et les motos, et qui a perdu son père à l’âge de 10 ans. Sa famille, qui connait après le décès du père des difficultés financières, vit dans « le respect des traditions » juives, mange casher, mais n’est pas vraiment pratiquante, selon les témoignages des deux frères. 

Décrit par tous comme « nerveux », « impulsif », Dan porte plusieurs condamnations à son casier judiciaire, notamment pour violences. Il indiquera qu’à « 20 ans, on a rien dans la tête ». « J’ai été jeune et stupide », poursuivra-t-il.

En 2011, quelques mois après sa sortie de détention provisoire, il a été condamné après une dispute avec le gardien d’un parc parisien. Selon le procès-verbal lu par une avocate des parties civiles, Me Dominique Cochain, il aurait menacé et insulté la victime de « sale noir ». 

« Avez-vous des activités religieuses ? Intégré une Ligue ? » a demandé inlassablement la présidente à tous les accusés, qui ont répondu par la négative, assurant « ne pas être racistes » et avoir des amis de « tous horizons ».

De son côté, l’avocat de la défense, Me Paul Le Fèvre, a estimé que « des mots très durs ont été lancés dans cette affaire par des gens qui n’avaient pas accès au dossier, qui ne savaient pas ce qui s’était passé ». « On a parlé de « gang des barbares de Pantin », on a parlé de rats, on a parlé d’assassins qui auraient jeté Saïd Bourarach dans le canal comme un chien ».

« On m’a tout enlevé, depuis qu’il est parti, c’est moi qui suis en prison »

Appelée à son tour à témoigner, la veuve de Saïd Bourarach, Nathalie Potignon, a décrit le portrait d’un « père aimant », « généreux », « tolérant », « toujours prêt à porter secours », avant de s’adresser aux accusés, leur demandant la « vérité », pour pouvoir « faire son deuil ». 

« Ça fait très longtemps que je souhaite ce moment-là. Depuis cinq ans, je n’ai pas une vie normale. On m’a tout enlevé, depuis qu’il est parti, c’est moi qui suis en prison ».

Saïd était musulman de confession, arrivé au Maroc dix ans avant les faits, « pas spécialement pratiquant », « tolérant », « aimant rentrer dans les églises ». 

« Aujourd’hui, je réclame la justice, la vérité. Pour pouvoir faire mon deuil et que mon fils grandisse dans la paix, sans haine contre ceux qui ont tué son père », a-t-elle ajouté.

« J’aurais préféré être à la place de Saïd Bourarach »

Dan Lampel, l’accusé à l’origine de l’altercation, est apparu « très mal à l’aise » selon ses propos, après le témoignage de la veuve de Saïd Bourarach.

« J’ai beaucoup de peine. Depuis cinq ans, on me fait passer pour quelqu’un que je ne suis pas. Il y a eu des vidéos mensongères, j’ai été menacé par le clan Dieudonné, Alain Soral. Croyez-moi, j’ai pleuré beaucoup de fois pour votre fils, moi aussi j’ai perdu mon père très jeune. Si je suis là, c’est pour que vous sachiez la vérité. Je ne vais pas m’enfuir », a-t-il ajouté s’adressant à Nathalie Potignon.

 « J’aurais préféré être mort que vivre avec ça, que voir mon frère et mon meilleur ami en prison. Ce n’est pas un crime racial Madame, c’est un drame » a-t-il ajouté. « Ce jour-là j’ai fait la bêtise d’appeler quelqu’un. J’aurais dû partir ».

Des peines de 5 à 12 ans requises

Des peines allant de 5 à 12 ans de prison ont été requises mercredi à Bobigny à l’encontre des quatre hommes, jugés pour avoir entraîné la noyade de Saïd Bourarach dans le canal de l’Ourcq en 2010.

« Si la victime n’était pas musulmane, si les accusés n’étaient pas juifs, cela aurait pu rester un tragique fait divers et ne pas attirer l’attention médiatique. Mais ce dossier n’est pas celui du racisme ou de l’antisémitisme, nous n’en avons que le fantasme », a déclaré Anne Haller, la représentante du ministère public. 

« On ne reproche pas ici aux accusés un mobile raciste, on ne leur reproche pas non plus d’avoir voulu la mort de ce vigile, on leur reproche des violences physiques et psychologiques qui ont causé cette mort », a poursuivi Mme Haller, revenant sur une enquête de cinq ans « complète » et « rigoureuse ».

« C’est un drame humain, celui d’un homme qui court le long de la berge pour échapper à ses assaillants et qui saute justement parce qu’il veut vivre », a estimé la magistrate. 

Soulignant qu’une course poursuite « constitue des violences », elle a également évoqué les traces de coups inexpliquées sur le corps de la victime. « La scène de crime, c’est le corps de M. Bourarach, qui porte les stigmates d’une agression. Ce n’est pas parce que personne n’a vu les coups, qu’ils n’existent pas », a-t-elle dit. 

A l’encontre de Dan Sellam, qui n’a eu de cesse de minimiser son implication, elle a requis cinq ans d’emprisonnement. Pour Lucien Dadoun, jugé par défaut car il ne s’est pas présenté, et Michaël Lampel, elle a demandé six ans d’emprisonnement. Enfin, à l’encontre de l’accusé à l’origine de l’altercation, Dan Lampel, elle a requis douze ans.

Des peines de 4 à 9 ans d’emprisonnement prononcées à l’encontre des quatre hommes

Les quatre hommes âgés de 24 à 30 ans ont été condamnés jeudi à des peines allant de quatre à neuf ans d’emprisonnement. Devant une salle comble, encadrée par un important dispositif policier, la cour d’assises de Seine-Saint-Denis a rendu son verdict dans un climat tendu. 

Elle a estimé que Dan Sellam, Michaël Lampel, Lucien Dadoun et Dan Lampel étaient responsables de violences, commises avec arme et en réunion, qui ont entraîné la mort de Saïd Bourarach. Elle les a condamnés respectivement à des peines de quatre, cinq, six et neuf ans d’emprisonnement.

Se disant « satisfaite » de sanctions « normales au regard du dossier », Dominique Cochain, avocate de la nièce et du frère de Saïd Bourarach, a néanmoins déploré « l’absence de deux accusés, notamment le principal mis en cause qui n’a pas assumé » : à l’origine de l’altercation, Dan Lampel, 24 ans, a comparu aux côtés de son frère et d’un ami tout au long du procès mais ne s’est pas présenté jeudi matin. La cour a délivré un mandat d’arrêt à son encontre. 

Le quatrième accusé, Lucien Dadoun a, lui, été absent des débats et son mandat d’arrêt est maintenu, a précisé la présidente Xavière Simeoni. 

A l’énoncé du verdict, les deux accusés restant, apparus les mines graves, et leurs familles se sont effondrés. En réponse, des personnes ont applaudi et crié « justice », rapidement contenues par les policiers. Les avocats de la défense n’étaient pas disponibles dans l’immédiat pour évoquer un possible appel, selon l’AFP.

Ian Brossat annonce le relogement de tous les Chibanis de l’Hôtel Voltaire

Suite à l’évacuation du 73 rue du Faubourg Saint-Antoine, en raison de la dangerosité du bâtiment, Ian Brossat, adjoint à la Maire, annonce que Paris va procéder au relogement de la trentaine de Chibanis qui y résidait.

La Préfecture de Police a décidé jeudi matin de faire évacuer l’Hôtel Voltaire, situé au 73 rue du Faubourg Saint-Antoine, pour des raisons liées à la dangerosité du bâtiment. Une trentaine de Chibanis, des retraités algériens et marocains, y résidait depuis plusieurs années.

Comme elle s’y était engagée de longue date, la Ville de Paris a immédiatement entamé un processus de relogement. « Ces hommes ont contribué aux richesses de notre ville et de notre pays. Il est essentiel de leur proposer dans les plus brefs délais des solutions respectueuses de leur dignité », souligne Ian Brossat, adjoint à la Maire de Paris en charge du logement et de l’hébergement d’urgence.

Dès ce soir, les Chibanis seront accueillis au Centre d’hébergement de la rue du Loiret, géré par l’association Aurore. Chacun y disposera d’une studette munie de sanitaires individuels.

« D’ici au 30 juin, chacun – sans exception – se verra attribuer un logement dans Paris », annonce l’adjoint à la Maire. Grâce à la mobilisation de Paris et de l’Etat, vingt d’entre eux sont d’ores et déjà positionnés sur un logement. ‎Le premier emménagera aujourd’hui, dans le 19e arrondissement.

« Nous explorons par ailleurs toutes les voies afin que le bâtiment du 73 rue du Faubourg Saint-Antoine soit transformé en logements sociaux », souligne Ian Bross

(Communiqué de presse)

 

Caroline Fourest avait rappelé la situation des Chinais dans un épisode des Cahiers de Doléances.

 

 

Handicap: dix ans après la loi, l’emploi ne décolle pas

L’intégration des personnes handicapées dans le monde du travail a progressé, mais pas autant qu’espéré.

La loi du 11 février 2005 avait été saluée de toutes parts comme étant une avancée majeure et un texte fondamental en faveur de la citoyenneté des personnes handicapées. « Cela fait partie des grandes lois de la société française, confirme Eric Blanchet, directeur général de l’Adapt (association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées). Mais ce sont des lois qui prennent énormément de temps« .

De fait, dix ans plus tard, si des progrès sont indéniables, les effets sont loin des espoirs suscités par l’adoption du texte. En matière d’emploi, le handicap est enfin devenu un vrai sujet au sein des entreprises. Mais le chômage des personnes handicapées demeure largement supérieur à celui de la population générale et les axes de progression sont nombreux.

Plus de personnes handicapées en emploi…

La loi de 2005 a durci les sanctions financières imposées depuis 1987 aux entreprises de plus de 20 salariés n’employant pas au minimum 6% de travailleurs handicapés. Résultat, le nombre de personnes handicapées travaillant dans ces structures a doublé entre 2006 et 2012, passant à 361.700, comme le souligne le site faire-face.fr, édité par l’Association des paralysés de France (APF). Et seules 8% des entreprises soumises au quota n’emploient aucun salarié handicapé, que ce soit directement ou indirectement (via la sous-traitance).

Le taux d’emploi reste toutefois loin de l’objectif, à 3,1% en 2012. Jusqu’alors exemptée, la fonction publique est soumise depuis 2005 à ce même quota. Meilleure élève que le privé, elle compte 4,9% de personnes handicapées. Ces chiffres ne traduisent toutefois pas nécessairement une hausse des embauches. Nombre de personnes qui étaient déjà handicapées mais n’en avaient pas fait la déclaration officielle ont, grâce à la communication qui a entouré cette loi, demandé et obtenu une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH).

… mais aussi davantage au chômage

Fin 2014, près de 430.000 travailleurs handicapés étaient en recherche d’emploi, un chiffre qui a plus que doublé depuis 2007. Le taux de chômage des personnes handicapées atteint les 22%, plus de deux fois celui de la population active. Et un chômeur handicapé sur deux l’est depuis plus d’un an. « Avec les 10 ans de la loi de 2005, on va peut-être fêter les 500.000 demandeurs d’emploi en situation de handicap« , s’inquiète Véronique Bustreel, conseillère nationale emploi formation à l’APF.

« Avec la loi de 1987, il y avait un intérêt pour le sujet, mais limité. Avec celle de 2005, c’est devenu un enjeu de management et d’organisation« , se félicite Véronique Bustreel. Des missions handicap ont été créées dans les grandes sociétés et des managers de différents services, tels les RH ou les achats, se sont saisi de la question. Une dynamique qui permet de sensibiliser davantage les salariés et de mieux aménager les postes de ceux qui en ont besoin.

 

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