Service Civique détourné par des associations confessionnelles ?

Le Service civique a été créé par une loi du 10 mars 2010 sous l’impulsion de Martin Hirsh. Il s’agit alors d’un dispositif visant à encourager l’engagement. Il donne la possibilitéaux jeunes de 16 à 25 ans de s’engager pour une durée de 6 à 12 mois dans une mission d’intérêt général dans 9 domaines différents, reconnus prioritaires pour la Nation : éducation, solidarité, santé, culture et loisirs, environnement, développement international et humanitaire, mémoire et citoyenneté, sports, intervention d’urgence en cas de crise.

Les structures accueillant les jeunes de Service civique sont clairement définies.

« La personne morale agréée est un organisme sans but lucratif de droit français ou une personne morale de droit public. Une association cultuelle, politique, une congrégation, une fondation d’entreprise ou un comité d’entreprise ne peuvent recevoir d’agrément pour organiser le service civique. » ( Loi no 2010-241 du 10 mars 2010 relative au service civique. Article 8)

En août 2017, Lallab, une association de femmes qui a pour but de lutter contre « les préjugés et discriminations subies par les femmes musulmanes », annonce qu’elle va bénéficier de Service civique. Une polémique démarre alors. En effet l’association est très marquée politiquement. Elle diffuse ainsi la pensée d’Asma Lamrabet, comme le modèle à suivre. Auteure d’un livre sur les femmes, l’auteur explique que les intellectuels musulmans qui critiquent l’islam politique « font serment d’allégeance aux médias occidentaux« . Ou encore : « Il est à noter ici que nombreuses sont les femmes qui finissent, lors d’une scène conjugale, par sombrer dans l’hystérie. » L’association Lallab n’a pas hésité à mettre en valeur une député du mouvement Ennahda. Par ailleurs, Lallab lutte contre la loi de 2004. (Voir ici)

Suite à la polémique, Service civique retire l’annonce.  (17 aout 2017). Il explique : « La mission proposée ne correspond pas aux principes fondamentaux du@ServiceCivique, elle n’est plus en ligne sur notre site. »

Le Service Civique est clair :

« La mission proposée doit répondre à l’exigence de neutralité et de laïcité que doit revêtir toute mission confiée au titre d’une politique publique et dans un objectif d’intérêt général. Ainsi la participation à un mouvement ou à une manifestation politique, à un enseignement religieux ou à la pratique d’un culte sont autant d’activités qui ne peuvent pas être intégrées dans une mission de Service Civique » (Voir ici)

 Cette affaire a permis, entre autre, de mettre en lumière de nombreuses autres associations bénéficiant de services civiques malgré leur caractère religieux.

Voici quelques exemples d’annonces en ligne sur le site web du Service Civique :

– une annonce pour « participer aux séjours des activités paroissiales ou séjours à thèmes avec l’aumônerie catholique ».

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– une annonce pour organiser « un travail relationnel avec la paroisse catholique pourra aussi être fait pour faire vivre le lien chrétien ».
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– une annonce « participer à l’élaboration d’outils papier et numériques pour accompagner les projets de développent international des établissements du réseau catholique » avec le Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique.
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– une annonce pour « participer à la réalisation de projets éducatifs en milieux défavorisés » avec « l’aumônerie catholique des collèges et lycée Claudel, Fauré, Gallois ».
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– une annonce pour « en lien avec l’équipe de la Pastorale jeunes, relayer par différents moyens de communication, notamment vidéo, les temps forts vécus par les jeunes dans le diocèse », et « en lien avec l’équipe du Service diocésain de Communication, contribuer à l’activité en en découvrant divers aspects ».
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On peut s’interroger quant au non-respect possible de l’exigence de neutralité et de laïcité dans les missions de Service Civique. Que des associations à but confessionnel investissent le terrain social pour remplacer des services parfois défaillants n’est pas un mystère. Il serait dommageable que l’État ne respecte pas la loi en matière de laïcité d’une part, et fournisse à ces associations religieuses une aide budgétaire en leur finançant des postes de service civique d’autre part.