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Prochoix n°65 (été 2015) : Terrorisme raciste aux Etats-Unis

 

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« EtatsUnis : les prêcheurs de Haine »

– Le terrorisme raciste et chrétien aux Etats-Unis (L. Achili)

– Les ‘Hate crimes’ : entre agressions et meurtres  (Anne Hermanus)

– Loups solitaires   (Georges Abdennour)

– La carte des ‘Hate Groups’  (F. Venner)

– Réseaux de la haine      (Southern Poverty Law Center)

L’esprit du 11 janvier

– Le 11 janvier est éternel !

– Criminaliser le salafisme et interdire les organisations   liées aux Frères musulmans  (Mohamed Sifaoui)

– Haine sur Internet : Mohamed Sifaoui pris pour cible   (D. Sopo, B. Sansal,Z. El Rhazoui)

– Attentat de l’Isère : les réactions complotistes  (Rudy Reichstadt)

– D’après vos chiffres, je suis une gourde                                                 (Sophia Aram)

– Le voile est-il une particularité musulmane ?   (Femmes sans voile d’Aubervilliers)

– Les postures post-attentat  (Caroline Fourest)

Enquêtes et décryptages

– Mariage pour tous vs Manif pour tous (Yves Delahaie)

– L’ambition ou la fidélité ?  (Fiammetta Venner)

– Etre ou ne pas être    De la divine comédie à l’illusion comique                      (Sara Grand)

– Le contraire du «philosémitisme»  (Liliane Kandel)

– La liste noire de Poutine et ses alliés en Europe                                 (Caroline Fourest)

– Qui est le Pr. Henri Joyeux ?  (Tania Vlitko)

 

Béchir Ben Hassen Au Québec ?

Le prédicateur salafiste franco-tunisien Béchir Ben Hassen est annoncé au Québec. Il est pourtant considéré en Tunisie comme un prêcheur de haine.

Son cycle de conférences était intitulé : « prévenir la radicalisation. »

Le 9 octobre 2015, il devait faire une conférence à Québec, à l’université de Laval. Cette conférence a été annulée.

Le 10 octobre 2015, il fera une conférence à Montréal au Canadian Institute of Islamic Civilization, un institut créé  par la Muslim Association of Canada, proche des Frères musulmans.

Le 11 octobre 2015, il fera une conférence au Centre communautaire d’Otawa Gatineau.

Bechir Ben Hassen est un des prédicateurs incitant à la haine contre les musulmans non sunnites. En décembre 2014 il déclarait

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Entretien Avec Céline Pina

Le Salon musulman du Val d’Oise accueillait cette année de jeunes prédicateurs fondamentalistes. Plusieurs de leurs déclarations sur internet pouvaient laisser augurer des discours incitant à la haine et à la discrimination. Notamment Rachid Abou Houdeyfa où Nader Abou Anas tous deux présents au dîner du CCIF de 2014. Le premier expliquant que «  »La femme vertueuse, c’est celle qui sort de chez elle avec sa pudeur, avec son honneur, avec son hijab ». » Le second que «  »La femme vertueuse, c’est celle qui obéit à son mari ». 

Une lettre ouverte a été lancée pour dénoncer la tenue de ce salon*

Dans le salon on pouvait trouver près de 100 exposants dont le stand de l’association Barakacity, des boutiques vendant des niqab ou encore des librairies diffusant les livres de Tariq Ramadan ou d’Ibn Taymiyyah. 

Parmi les politiques, un seule voix a véritablement percé. Céline Pina, conseillère régionale PS. Elle a bien voulu revenir sur ce salon pour Ikhwan Info.

L’ « Etat Islamique » et la théologie du viol : l’enquête édifiante du New York Times

Affirmant qu’il a le soutien du Coran, l’Etat Islamique codifie l’esclavage sexuel dans les régions conquises d’Irak et de Syrie et utilise cette pratique comme un outil de recrutement. La journaliste Rukmini Callimachi a publié son enquête dans le New York Times du 13 août. Nous le reproduisons dans son intégralité.

Qadya, Irak – Juste avant de violer la jeune fille âgée de 12 ans, ce combattant de l’Etat Islamique a pris le temps d’expliquer que ce qu’il s’apprêtait à faire n’était pas un pêché. Parce que cette préadolescente pratiquait une autre religion que l’Islam, non seulement le Coran lui donnait le droit de la violer mais, insistait-il, il le préconisait et encourageait à le faire.

Il lui attacha les mains et la bâillonna. Puis il s’agenouilla à côté du lit et se prosterna dans la prière avant de se mettre sur elle. Lorsque cela fut fini, il s’agenouilla pour prier à nouveau, mettant fin au viol par des actes de dévotion religieuse.

 » Je ne cessais de lui dire ça fait mal, s’il vous plaît, arrêtez, » dit la jeune fille, dont le corps est si petit qu’un adulte pourrait encercler sa taille de ses deux mains.  » Il m’a dit que selon l’Islam, il est autorisé à violer une non croyante. Il a dit qu’en me violant, il se rapproche de Dieu « , raconta-t-elle dans un entretien avec sa famille dans un camp de réfugiés ici (ndlr : en Irak), dans lequel elle a trouvé refuge après 11 mois de captivité.

Le viol systématique des femmes et des jeunes filles de la minorité religieuse de Yazidi est profondément mêlé à l’organisation et à la théologie radicale de l’Etat Islamique depuis que l’organisation a annoncé cette année qu’elle relançait l’esclavage comme institution.
Des entretiens avec 21 femmes et jeunes filles qui ont récemment échappé à l’Etat Islamique, de même qu’un examen attentif des communiqués officiels du groupe mettent en lumière à quel point cette pratique est inscrite dans les principes fondamentaux de l’organisation.

L’Etat Islamique a développé une bureaucratie détaillée d’esclavage sexuel

La traite des femmes et des jeunes filles Yazidi a créé une infrastructure systématique, avec un réseau d’entrepôts où les victimes sont retenues, des salles d’observation où elles sont inspectées et mises sur le marché et une flotte dédiée d’autobus pour les transporter.

Au total, ce sont 5270 femmes Yazidi qui ont été enlevées l’année dernière et au moins 3144 sont encore retenues captives, selon les leaders de la communauté. Pour les gérer, l’Etat Islamique a développé une bureaucratie détaillée d’esclavage sexuel, incluant des contrats de vente notariés par les cours de justice dirigées par l’EI. Et la pratique est devenue un outil de recrutement bien établi pour attirer les hommes de sociétés musulmanes très conservatrices, dans lesquelles le sexe sans attache est un tabou et le fait de se fréquenter interdit.

Un corpus de plus en plus important de mémos de mesures internes et de discussions théologiques ont établi les grandes lignes de l’esclavage, notamment une notice très longue publiée par le Département de la Recherche et de la Fatwa de l’Etat Islamique pas plus tard que le mois dernier. De manière répétée, les dirigeants de l’EI mettent l’accent sur une interprétation restrictive et très sélective du Coran et d’autres règlementations religieuses afin de, non seulement justifier la violence, mais également d’élever et de célébrer chaque crime sexuel comme spirituellement bénéfique, même vertueux.

 » A chaque fois qu’il venait me violer, il priait  » raconte F., une jeune fille de 15 ans capturée sur l’accotement du Mont Sinjar il y a un an et qui fut vendue à un combattant irakien d’une vingtaine d’années. Comme d’autres personnes qui ont été interviewées par le New York Times, elle a souhaité être identifiée seulement par son initiale à cause de la honte associée au viol.

 » Il ne cessait de me dire que c’était ibadah « , dit-elle, utilisant un terme des écritures islamiques qui signifient le culte.

Une jeune fille de 15 qui désire être identifiée seulement comme F, à droite, avec son père et son frère de 4 ans.  » A chaque fois qu’il venait pour me violer, il priait  » raconte F, qui fut capturée par l’Etat Islamique il y a un an et vendue à un combattant irakien. – © Mauricio Lima pour le New York Times
“Il disait que le fait de me violer était sa prière à Dieu. Je lui ai dit  » Ce que vous me faites, c’est mal, ça ne vous rapprochera pas de Dieu « . Et il a répo
ndu  » Non, c’est autorisé. C’est halal ″, raconte l’adolescente qui s’est échappée en avril, aidée par des contrebandiers après avoir été esclave pendant presque 9 mois.

Une conquête sexuelle et territoriale

L’introduction officielle par l’Etat Islamique de l’esclavage sexuel systématique remonte au 3 août 2014, lorsque ses combattants ont envahi les villages du flanc sud du Mont Sinjar, un massif escarpé de pierres couleur sable du nord de l’Irak.

Ses vallées et ses ravins sont le foyer des Yazidis, une toute petite minorité religieuse qui représente moins de 1,5 pourcent de la population irakienne estimée à 34 millions d’individus.

L’offensive sur la montagne vint seulement deux mois après la chute de Mossoul, la deuxième ville la plus importante d’Irak. Au premier abord, on eut l’impression que l’avancée sur la montagne qui suivit n’était qu’une tentative supplémentaire d’étendre le territoire contrôlé par les combattants de l’Etat Islamique.

Presque tout de suite, tout indiqua que leur but était, cette fois, différent. Les survivants racontent que les hommes et les femmes furent séparés dès la première heure de captivité.

On ordonna aux adolescents de soulever leurs chemises et s’ils avaient des poils sous les aisselles, on leur donnait l’ordre de rejoindre leurs frères plus âgés et leurs pères. Village après village, les hommes et les jeunes hommes furent conduits ou encadrés jusqu’à des champs voisins, où ils furent forcés de s’allonger dans la terre et furent assassinés à l’arme automatique.

Les femmes, les filles et les enfants, par contre, furent jetées dans des camions à plateforme ouverte.

“L’offensive sur la montagne était tout autant une conquête sexuelle qu’une conquête territoriale « , dit Matthew Barber, un expert de l’Université de Chicago sur la minorité Yazidi. Il était à Sinjar lorsque l’assaut a démarré l’été dernier et a aidé à créer une fondation qui fournit un soutien psychologique pour celles qui s’échappent. Elles sont plus de 2000, selon les activistes de cette communauté.

F, qui a quinze ans, dit que sa famille de neuf personnes tentait de s’échapper, roulant vite dans les lacets de la montagne, lorsque leur vieille Opel se retrouva en surchauffe. Elle-même, sa mère et ses sœurs de 14, 7 et 4 ans se retrouvèrent coincées sans solution près de leur voiture en rade lorsqu’un convoi de combattants de l’Etat Islamique lourdement armés les encercla.

 » Les combattants séparèrent immédiatement les hommes des femmes « , dit-elle. Elle-même, sa mère et ses sœurs furent emmenées dans des camions dans la ville la plus proche du Mont Sinjar.  » Là, ils m’ont séparée de ma mère. Les jeunes filles non mariées ont été forcées de monter dans des bus « .

Les bus étaient blancs, avec une bande peinte à côté du mot « Hajj », suggérant que l’Etat Islamique avait réquisitionné les autobus de l’Etat irakien utilisé pour transporter les pèlerins pour le pèlerinage annuel de la Mecque. Il y avait tant de femmes et de filles Yazidi entassées dans le bus de F qu’elles étaient forcées de s’asseoir sur les genoux des unes et des autres, raconte-t-elle.

Une fois le bus en route, elles se rendirent compte que les vitres étaient bloquées par des rideaux, un matériel qui apparemment avait été ajouté parce que les combattants avaient prévu de transporter un grand nombre de femmes qui n’étaient pas couvertes par des burqas ou des voiles.

Le récit de F., notamment les descriptions physiques des autobus, l’emplacement des rideaux et la manière dont les femmes furent transportées, fait écho à ceux d’une douzaine d’autres victimes féminines que nous avons interviewées pour cet article. Elles décrivent des circonstances similaires même si elles furent kidnappées à des dates différentes et à des endroits éloignés de plusieurs kilomètres.

Un coucher de soleil à Dohuk, dans la région du Kurdistan du nord de l’Irak. Les militants de l’Etat Islamique ont conquis d’importants territoires en Irak, et le viol systématique des femmes et des jeunes filles de la minorité religieuse Yazidi est fortement lié à l’organisation et à la théologie du groupe. – © Crédit Mauricio Lima pour le New York Times
F. raconte qu’elle a été conduite dans la ville irakienne de Mossoul à six heures de route de là, où elles furent entassées dans le salon de mariag
e du Galaxy. D’autres groupes de femmes et de jeunes filles furent emmenés dans un palace datant de l’ère de Saddam Hussein, la prison de Badoosh et le bâtiment du Ministère de la Jeunesse à Mossoul, racontent des rescapées récentes. En plus de Mossoul, les femmes furent parquées dans des écoles primaires et des bâtiments municipaux dans les villes irakiennes de Tal Afar, Solah, Ba’aj et la ville de Sinjar.

Elles furent confinées pendant des jours pour certaines, pendant des mois pour d’autres. Puis, inévitablement, elles furent chargées dans la même flotte d’autobus avant d’être envoyées par petits groupes en Syrie ou dans d’autres endroits en Irak, pour y être achetées et vendues pour du sexe.

1300 jeunes filles Yazidi retenues dans un même endroit

« C’était prévu à l’avance à 100% « , dit Khider Domle, un activiste de la communauté yazidi qui tient à jour une base de données détaillée des victimes.  » J’ai parlé au téléphone à la première famille qui est arrivée au Ministère de la Jeunesse à Mossoul et le salon était déjà préparé pour eux. Il y avait des matelas, des assiettes et des ustensiles de cuisine, de la nourriture et de l’eau pour des centaines de gens « .

Des rapports détaillés de Human Rights Watch et d’Amnesty International arrivent aux mêmes conclusions quant à la nature organisée de cette traite sexuelle. Dans chaque endroit, les survivants disent que les combattants de l’Etat Islamique ont d’abord mené un recensement de leurs prisonnières.

Dans le luxueux salon de réception du Galaxy, F. était assise sur un sol de marbre, pressée contre d’autres adolescentes.

Elle estime qu’elles étaient, au total, plus de 1300 jeunes filles Yazidi, accroupies, affaissées et s’appuyant contre les murs de la salle de bal, un nombre confirmé par plusieurs autres femmes retenues au même endroit.

Elles ont toutes décrit la façon dont trois combattants de l’Etat Islamique entrèrent tenant à la main un registre. Ils demandèrent aux filles de se lever. On demanda à chacune d’énoncer son prénom, son nom, son âge, sa ville d’origine, si elle était mariée et si elle avait des enfants.

Pendant deux mois, F. a été retenue captive dans le salon du Galaxy. Puis, un jour, ils sont arrivés et ont commencé à emmener les jeunes femmes. Celles qui refusaient se faisaient traîner par les cheveux, raconte-t-elle.

 » Vous êtes nos  » sabaya  » (nos esclaves)

Sur le parking, la même flotte d’autobus Hajj attendait de les emmener à leur prochaine destination, dit encore F. Avec 24 autres jeunes filles et jeunes femmes, la jeune fille de 15 ans fut conduite à une base de l’armée militaire irakienne. Ce fut là, sur le parking, qu’elle entendit pour la première fois le mot « sabaya ».

« Ils riaient et se moquaient de nous, répétant  » Vous êtes nos sabaya « . Je ne savais pas ce que le mot signifiait « , dit-elle. Plus tard, le leader local de l’Etat Islamique leur expliqua qu’il signifiait esclave.

« Il nous a dit que Taus Malik  » – l’un des sept anges que prient les Yazidis –  » n’est pas Dieu. Il a dit que Taus Malik était le diable et que parce que vous croyez au diable, vous nous appartenez. Nous pouvons vous vendre et vous utiliser comme bon nous semble « .

La traite sexuelle de l’Etat Islamique semble être basée uniquement sur le fait d’asservir des femmes et des jeunes filles venant de la minorité yazidi. Jusqu’à présent, il n’y a eu aucune campagne importante destinée à asservir des femmes d’autres minorités religieuses, dit Samer Muscati, l’auteur du dernier rapport de Human Rights Watch. Cette affirmation trouve un écho chez les leaders de la communauté, les responsables de gouvernements et d’autres personnes travaillant pour les droits de l’homme.

M. Barber, de l’Université de Chicago, dit que le fait de se concentrer sur les Yazidis fut certainement parce qu’ils sont vus comme des polythéistes, avec une tradition orale plutôt que des écritures. Aux yeux de l’Etat Islamique, cela les met au même niveau que les non croyants méprisés, encore plus que les chrétiens et les juifs, qui sont censés avoir une protection limitée sous le Coran en tant que  » Peuple du Livre ».

A Kojo, l’un des villages les plus au sud du Mont Sinjar et l’un des plus éloignés de toute évasion, les habitants ont décidé de rester, pensant qu’ils seraient traités de la même façon que l’avaient été les chrétiens de Mossoul quelques mois auparavant. Le 15 août 2014, l’Etat Islamique ordonna aux habitants de se signaler dans une école en centre-ville.

Lorsqu’elle arriva là-bas, Aishan Ali Saleh, 40 ans, trouva un ancien de la communauté en train de négocier avec l’Etat Islamique, leur demandant s’ils pouvaient être autorisés à donner leur argent et de l’or contre une traversée sans encombres.

Les combattants acceptèrent, au début, et posèrent une couverture à terre et Mme Saleh y déposa sont pendentif en forme de cœur et ses bagues en or, alors que les hommes y déposèrent des billets froissés.

Aishan Ali Saleh, 40 ans, dans un camp de réfugiés dans la banlieue de Dohuk. Elle vivait à Kojo, l’un des villages les plus au sud du Mont Sinjar, qui fut pris par les combattants de l’Etat Islamique. – © Mauricio Lima pour le New York Times
Plutôt que de les laisser partir, les combattants se mirent à pousser les hommes dehors, les menant à leur mort certaine. Un peu p
lus tard, une flotte de voitures arriva et les femmes, les jeunes filles et les enfants furent emmenés.

Le marché des esclaves Yazidi

Des mois plus tard, l’Etat Islamique fut très clair dans son magazine en ligne sur le fait que sa campagne d’esclavagisme des femmes et jeunes filles Yazidi avait été minutieusement préparée.

“Avant la prise de Sinjar, on demanda aux étudiants de la Sharia de l’Etat Islamique de faire des recherches sur les Yazidis « , raconte l’article en langue anglaise, titré  » Le renouveau de l’esclavage avant l’heure « , qui parut dans le numéro d’octobre de Dabiq.

L’article indiquait clairement que pour les Yazidis, il n’y avait aucune chance de pouvoir payer une taxe connue comme jizya pour être libérés, « à l’inverse des juifs et des chrétiens « .

 » Après leur capture, les femmes et les enfants Yazidi furent alors divisés selon la Sharia, entre les combattants de l’Etat Islamique qui participèrent aux opérations de Sinjar, après qu’un cinquième des esclaves fut transféré aux hautes autorités de l’Etat Islamique pour être divisés comme un butin », raconte l’article.

Dans une vidéo postée en octobre 2014 sur YouTube, un groupe d’hommes convaincus d’être des combattants de l’Etat Islamique, sont montrés assis dans une pièce, plaisantant sur le fait d’acheter et de vendre des jeunes filles Yazidis, le « jour du marché aux esclaves. »

De la même façon que des passages spécifiques de la Bible furent utilisés des siècles plus tard pour soutenir la traite des esclaves aux Etats-Unis, l’Etat Islamique cite des versets spécifiques ou des histoires du Coran ou de la Sunna, les traditions basées sur les dires et les actions du Prophète Mahomet, pour justifier le trafic d’êtres humains, disent les experts.

Ceux qui étudient la théologie islamique ne sont pas d’accord, par contre, sur les interprétations correctes de ces versets, et sur la question qui divise, à savoir si l’Islam sanctionne réellement l’esclavage.

Beaucoup défendent l’idée que l’esclavage figure dans les écritures saintes de l’Islam de la même façon qu’il figure dans la Bible – comme un reflet de la période de l’antiquité à laquelle la religion naquit.

 » Dans le milieu dans lequel le Coran apparut, le fait que des hommes aient des relations sexuelles avec des femmes privées de liberté était une pratique extrêmement répandue”, explique Kecia Ali, professeur associé de religion à l’Université de Boston et l’auteur d’un ouvrage consacré à l’esclavage dans les débuts de l’Islam. « Ce n’était pas une institution particulièrement religieuse, c’était simplement ainsi que les choses se faisaient. »

Cole Bunzel, un chercheur en théologie islamique à l’Université de Princeton, ne partage pas cet avis et cite les nombreuses références à l’expression “Celles que ta main droite possède” dans le Coran, ce qui a été interprété pendant des siècles comme signifiant des esclaves féminines. Il indique également le corpus de la jurisprudence islamique, qui continue dans notre ère moderne et qui inclut, selon lui, des règles détaillées sur la façon de traiter les esclaves.

Conforme aux écritures ?

 » Il existe un grand nombre d’écritures saintes qui sanctionnent l’esclavage  » dit M. Bunzel, l’auteur d’un article de recherche publié par la Brookings Institution sur l’idéologie de l’Etat Islamique.  » L’on peut arguer qu’elles ne sont plus pertinentes et qu’elles sont tombées en désuétude. L’EI arguerait que ces institutions doivent être relancées parce que c’est ce que le Prophète et ses compagnons faisaient « .

Les femmes et les jeunes femmes les plus jeunes et les plus jolies furent vendues lors des premières semaines suivant leur capture.

Les autres – notamment les femmes plus âgées et mariées – décrivent comment elles furent transportées d’un endroit à un autre, jusqu’à ce qu’un acheteur potentiel ne fasse une offre.

Leurs ravisseurs semblaient avoir un système en place qui regorge de sa propre méthodologie à faire l’inventaire des femmes, de même que leur propre lexique. On parlait des femmes et des jeunes filles comme des  » Sabaya « , suivi de leur nom. Certaines furent achetées par des grossistes, qui les photographièrent et leur attribuèrent des numéros pour pouvoir en faire la publicité auprès d’acheteurs potentiels.
Osman Hassan Ali, un riche homme d’affaires yazidi qui a réussi à faire s’échapper de nombreuses femmes Yazidi, dit qu’il a prétendu être un acheteur afin qu’on lui envoie les photos. Il a partagé une douzaine d’images, chacune montrant une femme Yazidi assise dans une pièce vide sur un canapé, faisant face à l’appareil sans un sourire, le regard vide. Sur le côté de la photo, l’on peut lire en arabe  » Sabaya n°1 « ,  » Sabaya n°2  » et ainsi de suite.

Les bâtiments dans lesquels les femmes étaient rassemblées et retenues incluaient parfois une salle de visionnage.
 » Lorsqu’ils nous mirent dans le bâtiment, ils nous ont dit que nous étions arrivées au  » Marché de Sabaya « , raconte une victime âgée de 19 ans.  » J’ai alors compris que nous étions dans un marché aux esclaves « .

Une femme qui raconte avoir été violée par des militants de l’Etat Islamique, dans un camp de réfugiés dans la région du Kurdistan du nord de l’Irak. – © Mauricio Lima pour le New York Times.
Elle estime qu’elles étaient au moin
s 500 femmes et jeunes femmes non mariées dans le bâtiment de plusieurs étages, les plus jeunes âgées de 11 ans. Lorsque les acheteurs arrivaient, les filles étaient emmenées une par une dans une pièce séparée.

 » Les émirs étaient assis contre le mur et nous appelaient par notre nom. Nous devions nous asseoir sur une chaise face à eux. Il fallait les regarder et avant d’entrer, ils nous prenaient nos voiles et tout ce que nous avions utilisé pour nous couvrir « , raconte-t-elle. « Lorsque ce fut mon tour, ils m’ont fait me lever quatre fois. Ils m’ont fait tourner sur moi-même ».

Les prisonnières étaient également obligées de répondre à des questions intimes, notamment donner la date exacte de leurs dernières menstruations. Elles se rendirent compte que les combattants tentaient de déterminer si elles étaient enceintes, en accord avec la loi de la Sharia qui veut qu’un homme ne peut pas avoir de rapports sexuels avec son esclave si elle est enceinte.

Propriété de l’EI

Le fait que l’Etat Islamique utilise l’esclavage sexuel surprit même les plus ardents soutiens de l’organisation, beaucoup d’entre eux se disputèrent avec les journalistes après les premiers reportages en ligne sur les viols systématiques.

Les dirigeants de l’Etat Islamique ont tenté sans arrêt de justifier cette pratique auprès de leur public interne. Après l’article initial dans le Daqib d’octobre, ce sujet fut à nouveau traité dans la publication cette année, dans un éditorial en mai qui exprimait la tristesse et les sentiments froissés de l’auteur devant le fait que certains des sympathisants du groupe avaient remis en question le fait que l’esclavage soit institutionnalisé.

L’auteur écrivit :  » Ce qui m’inquiète c’est que certains des supporters de l’Etat Islamique se mirent à nier le fait, comme si les soldats du califat avaient commis une faute ou quelque chose de diabolique. J’écris ceci avec de la fierté dans chaque lettre « , dit-il.  » Nous avons en effet attaqué et capturé les femmes kafirah et nous les avons menées à la pointe de l’épée comme des moutons « . Kafirah signifie infidèles.

Dans un pamphlet publié en ligne en décembre, le ministère de la Recherche et de la Fatwa de l’Etat Islamique détaillait les meilleures pratiques, ce qui incluait le fait d’expliquer que les esclaves appartiennent aux biens du combattant qui les a achetées et peuvent donc être données à un autre homme et traitées comme n’importe quel autre bien après sa mort.

Des rescapées récentes décrivent une bureaucratie compliquée entourant leur captivité, avec leur statut d’esclave consigné dans un contrat. Lorsque leur propriétaire voulait les vendre à un autre acheteur, un nouveau contrat était rédigé, comme lorsqu’on transfère un bien. Dans le même temps, les esclaves peuvent être libérées, et les combattants ont une promesse de récompense divine pour cela. Même si c’est rare, cela a créé une possibilité d’évasion pour les victimes.

Libérée par un kamikaze

Une victime de 25 ans, qui s’est échappée le mois dernier et dont le prénom commence par un A, explique comment un jour, son maître Libyen lui a remis le morceau de papier plastifié. Il lui a expliqué qu’il avait terminé son entraînement de kamikaze et qu’il prévoyait de se faire exploser, et donc, la libérait.

Une femme Yazidi de 25 ans a montré son  » Certificat d’Emancipation  » que lui avait remis le Libyen qui l’avait transformée en esclave. Il expliqua qu’il avait terminé son entrainement comme kamikaze et qu’il prévoyait de se faire exploser, et donc, la libérait. – © Mauricio Lima pour le New York Times
Une femme yazidi de 34 ans, qui fut achetée et violée de manière répétée par un combattant saoudien dans la ville syrienne de Shadadi, décrit qu’elle s’en est mieux sortie que la seconde esclave de la maison – une jeune fill
e de 12 ans qui fut violée pendant des jours malgré de forts saignements.

 » Il a détruit son corps. Elle avait une infection terrible. Le combattant ne cessait de venir me voir pour me demander “pourquoi sent-elle aussi mauvais?”. Et je lui répondais qu’elle avait une infection interne, qu’il fallait qu’il prenne soin d’elle », raconte cette femme.

Sans état d’âme, il ignora les souffrances terribles de la jeune fille et poursuivit son rituel de prière avant et après le viol de l’enfant.

 » Je lui ai dit ‘ce n’est qu’une enfant’ « , se souvient l’autre femme. Et il a répondu  » Non, ce n’est pas une petite fille. C’est une esclave. Et elle sait exactement comment avoir des rapports sexuels . Et avoir des rapports sexuels avec elle, cela fait plaisir à Dieu.”

Rukmini Callimachi, New York Times

 (traduit de l’anglais par Gaelle Ducos)

Source: http://www.rtbf.be/info/monde/detail_l-etat-islamique-et-la-theologie-du-viol-l-enquete-edifiante-du-new-york-times?id=9053890&utm_source=rtbfinfo&utm_campaign=social_share&utm_medium=twitter_share

Non, le Tribunal Administratif n’a pas validé la suppression des « menus sans porc » à Chalon-sur-Saône !

BY  ON

http://www.ufal.org/laicite/non-le-tribunal-administratif-na-pas-valide-la-suppression-des-menus-sans-porc-a-chalon-sur-saone/

. Gilles Platret, maire (Les Républicains) de Chalon-sur-Saône, avait décidé en mars de supprimer des cantines scolaires les menus « de substitution » (sans porc). « Initiative politicienne sans rapport avec la laïcité » avait alors estimé l’UFAL (courrier des lecteurs ci-dessous). Or, le 13 août, le tribunal administratif de Dijon a rejeté la requête en référé déposée contre cette mesure par une « Ligue de défense judiciaire des musulmans ». Mais une fois de plus, politiciens et médias ont fait semblant de ne pas comprendre la décision du juge ! Éclairons-les donc.

Ce n’est pas « une victoire » pour le maire de Chalon-sur-Saône !

Le référé est une procédure qui permet, lorsqu’il y a urgence, de demander au juge d’ordonner des mesures provisoires mais rapides pour préserver les droits du demandeur. Or en l’espèce, la TA de Dijon a seulement considéré qu’il n’y avait pas « urgence », dans la mesure où jusqu’à la mi-octobre, les menus prévus dans les cantines de Chalon-sur-Saône ne comportaient pas de porc.

Le TA aura ensuite à se prononcer « sur le fond », c’est-à-dire sur le fait de savoir s’il y a ou non atteinte à une liberté ou à la légalité. Et c’est alors que le maire de Chalon-sur-Saône risque fort de déchanter !

La décision rappelle au contraire le cadre légal

Selon les médias, le TA (dont nous n’avons pas la décision intégrale) a estimé que « l’accès aux services de restauration scolaire de l’ensemble des usagers, y compris les enfants de confession musulmane, ne paraît pas compromis ». Voilà qui définit a contrario ce qui devra être vérifié « au fond » !

Si un service public de restauration scolaire existe dans une commune, il est soumis aux règles de droit de tout service public, dont l’égalité d’accès et la non-discrimination (la religion figurant parmi les critères de discrimination). La justice a ainsi annulé l’exclusion des cantines des enfants de chômeurs.

Certes, les « repas adaptés » ne sont jamais obligatoires. Mais dès lors qu’ils ont été instaurés, les supprimer revient à exclure de fait les enfants qui étaient inscrits à la cantine compte tenu de cette possibilité. Cela s’appelle clairement de la discrimination.

A Chalon-sur-Saône, c’est le contraire de la laïcité !

Les Républicains, divisés sur la question mais dont le chef soutient M. Platret, jouent ici le jeu de l’extrême-droite. C’est bien le même détournement de la laïcité, prétexte à une opération de division politicienne visant clairement des pratiques religieuses exclusivement juives et musulmanes. La pire nouvelle pour le « vivre ensemble ».

Non, la laïcité ce n’est pas imposer à tous de manger « du porc sinon rien » -pas plus que l’interdiction à tous des aliments prohibés par quelques convictions religieuses ou philosophiques. L’UFAL appelle à la vigilance, face à la montée des surenchères d’exclusion entre droite et extrême-droite.

Extrait du courrier des lecteurs de l’UFAL, 17 mars 2015

L’UFAL considère que la décision du maire de Chalon-sur-Saône est une initiative politicienne sans rapport avec la laïcité.
La restauration scolaire n’est pas une obligation dans le premier degré, c’est un service public administratif local facultatif. Il n’y a pour les communes ni obligation, ni interdiction de prévoir des repas de substitution sans porc (ou sans viande). Depuis des dizaines d’années la pratique existe et est entrée dans les mœurs. Toutefois, l’UFAL considère qu’elle ne doit pas aboutir à une ségrégation des enfants à la cantine (les « avec porc » et les « sans porc »). En outre, il ne peut être proposé de nourriture rituelle (ex. casher ou halal), ce qui reviendrait à subventionner des activités cultuelles (les organismes certificateurs des aliments).
Il est en revanche certain que supprimer les repas de substitution lorsqu’ils existent stigmatise une catégorie d’enfants et peut conduire à leur retrait de la cantine. C’est une opération politique nauséabonde à caractère raciste.

 

 

Zéromacho dénonce les termes de l’étude sur les pensions alimentaires

Elle vient d’être publiée par « France Stratégie » (organisme dépendant du premier ministre). Reprise sans aucune distance ni analyse critique dans la presse, elle scandalise les spécialistes qui dénoncent une manipulation. La question des pensions alimentaires est pourtant sensible, puisque dans 40 % des cas, elles sont peu, mal ou pas payées au parent qui a la garde des enfants.

Le paiement de ces pensions alimentaires concerne essentiellement les hommes puisque, après une séparation ou un divorce, 75 % des pères ne font pas la demande d’une résidence alternée. La

majorité d’entre eux se contente d’un we sur deux laissant, le reste du temps, les enfants à la garde de celle qui a généralement toujours pris en charge la majorité des tâches domestiques et qui continuera à le faire après la séparation, au détriment de son travail, de ses loisirs, de ses revenus.

Or, comme le rappelle le Collectif Onze, en France, les femmes en couple gagnent en moyenne 42% de moins que leur conjoint avec une influence notoire sur le montant de la retraite de celles-ci. En conséquence, le niveau de vie des femmes ayant divorcé en 2009 a baissé en moyenne de 20% un an après la séparation, contre 3% pour les hommes.

Au lieu de proposer de réduire ces écarts, le rapport de « France Stratégie » répond en tous points aux demandes contraires des associations de pères (ceux qui escaladent les grues) toujours prêts à dénoncer la justice « matriarcale » qui favoriserait « les bonnes femmes ». Les mêmes qui répugnent à verser la moindre pension alimentaire et militent souvent aux côtés de la « Manif pour tous ».

L’étude qui ne se fonde sur aucune donnée statistique mais seulement sur des hypothèses théoriques que rien ne valide, semble ignorer les inégalités femmes-hommes sur le marché du travail et affirme contre toute évidence : « la charge des enfants entraîne un sacrifice de niveau de vie sensiblement plus important pour le parent non gardien que pour le parent gardien ». Autrement dit, les pères seraient lésés et les enfants seraient une charge pour eux.

Les auteurs proposent donc de modifier la table de référence pour le calcul des pensions alimentaires pour faire baisser le coût pour le « parent non gardien », le père volontairement peu présent dans la vie de ses enfants dans l’immense majorité des cas. Ils estiment que le versement d’une pension alimentaire dans le cas d’une garde alternée est ni plus ni moins « discutable », même quand un des deux parents a des revenus largement supérieurs à l’autre… Les associations masculinistes (de défense de la « cause masculine ») adorent cette idée qui permet aux femmes de

« réfléchir à deux fois avant de demander le divorce ».

Ils proposent donc un barème dont les montants seraient inférieurs au barème du ministère de la justice mais « compensés par un surplus de prestations ». Autrement dit, dans l’immense majorité des situations, un père décidant de ne prendre en charge ses enfants que quatre à six jours par mois et dont les revenus sont en moyenne supérieurs de 42% à ceux de son ex-compagne, verrait donc baisser sa contribution mensuelle aux besoins de ses enfants, le contribuable payant la différence… Mieux encore, « le montant de la pension alimentaire calculée avec ces barèmes pourrait être sensible à une recomposition familiale éventuelle du parent gardien comme du parent non gardien. » Autrement dit, si une femme s’installe avec un nouveau conjoint, le père de ses enfants lui versera une pension inférieure, le beau-père payant la différence. Et si le père des enfants trouve lui-même une nouvelle conjointe (dont le salaire sera une fois de plus en moyenne inférieur de 42%), il trouvera là une nouvelle raison de baisser sa

cotisation à l’éducation de ses propres enfants. Le père divorcé gagnerait ainsi à tous les coups. Il faut souligner que l’étude qui se présente avec une apparence très scientifique calcule le « coût » d’un enfant sur des chiffres australiens et vieux de quinze ans…

Faut-il rappeler qu’en France, les femmes sont majoritaires dans le travail à temps partiel non désiré, qu’elles perçoivent des revenus inférieurs de 27% à ceux des hommes, que leur carrière est généralement limitée par un plafond de verre et le fait qu’elles prennent en charge 75% des tâches domestiques et parentales ? Le fait que les femmes sont largement majoritaires parmi les familles monoparentales (par la démission de 75% des pères divorcés) ne fait qu’aggraver ces phénomènes.

Mais de tout cela, le rapport n’en dit mot.

Appel à soutien pour financer les procédures de victimes de violences sexuelles – AVFT

L’AVFT intervient en justice auprès de nombreuses femmes victimes de violences sexuelles en milieu professionnel. Après des années à endurer et financer des procédures, ces femmes n’ont plus aucune ressource financière. Elles ont généralement épuisé toutes leurs économies, certaines se sont lourdement et durablement endettées auprès de leurs proches ou d’une banque.

C’est la raison pour laquelle elles sont contraintes de renoncer à des recours pourtant absolument nécessaires, non seulement pour elles-mêmes, mais aussi pour l’ensemble des femmes placées dans la même situation : des arrêts de Cours d’appel font «jurisprudence» et desservent les procédures à venir d’autres victimes.

Nous ne pouvons nous y résoudre, d’autant que ces décisions de justice, en plus d’être contestables sur le plan du droit, sont solidement arrimées à des représentations misogynes. Elles entérinent le droit des hommes à agresser les femmes et à ne pas les indemniser de leurs préjudices.

A plusieurs reprises, l’AVFT, qui administre depuis plusieurs années un fonds de solidarité pour les victimes, a lancé des appels à soutien pour financer des procédures isolées. En 2015, nous avons décidé de lancer un appel à soutien afin de financer en même temps six procédures de natures juridiques différentes, dans lesquelles une issue favorable représenterait un intérêt collectif (juridique et politique) majeur et serait porteuse de transformations sociales bénéfiques aux femmes.

C’est aussi parce que ces procédures sont susceptibles de profiter à l’ensemble des femmes victimes de violences (au travail, mais aussi dans d’autres sphères : cellule familiale, espace public,

relations sociales) que nous estimons que leur coût doit être supporté de manière solidaire.

Ces recours seront confiés à des avocat.es qui modèrent leurs honoraires lorsqu’elles et ils sont saisi.es par l’AVFT.

Les procédures soutenues seront celles de :

– Anne C (victime de viols entre 17 et 19 ans commis par le directeur d’un centre de loisirs, alors qu’elle passait son BAFA puis était animatrice) : pourvoi en cassation contre un arrêt de Cour d’appel rendu en matière de droit du travail ;

– Mme P (Agressée sexuellement par son supérieur hiérarchique dans un hôtel de luxe) : pourvoi en cassation contre un arrêt de Cour d’appel rendu en matière de protection sociale ;

– Mme G (Agressée sexuellement par son supérieur hiérarchique, dans une collectivité territoriale)

: pourvoi en cassation contre un arrêt de Cour d’appel rendu en matière correctionnelle ;

– Mme F (Agressée sexuellement par un médecin alors qu’elle était enfant) : pour se défendre dans le cadre de l’appel interjeté par le fonds de garantie contre une décision de la CIVI lui ayant accordé l’ensemble des dommages et intérêts qu’elle avait demandés ;

– Mme SB (Harcelée et agressée sexuellement par son supérieur hiérarchique, également victime de l’abrogation du délit de harcèlement sexuel par le Conseil constitutionnel) : procédure en responsabilité de l’État et requête devant la Cour européenne des Droits de l’Homme.

Nous devons recueillir au minimum 15 000€, d’ici la fin de l’année. Les petits ruisseaux faisant les grandes rivières, les petits dons sont bienvenus (les gros aussi !).

Le 10 juin dernier, cette action de l’AVFT a été récompensée par un prix doté de 3000 euros, par l’Association Nationale pour la Reconnaissance des Victimes (ANPRV), que nous remercions chaleureusement. L’appel à soutien avait été relayé dans la matinale de France Inter. C’est un très bon début, mais il faut continuer !

Pour les particuliers qui paient des impôts, vous bénéficiez d’un abattement fiscal de 66%. Par exemple, un don de 100? revient à 34? après abattement.

Don par carte bancaire ICI. ou chèque libellé à l’ordre de « l’AVFT don procédures » accompagné de votre adresse afin qu’un reçu fiscal vous soit adressé. L’AVFT tiendra bien entendu les donatrices et donateurs informé.es du déroulement de ces procédures et de l’utilisation des fonds récoltés.

Merci pour votre solidarité.

LA LAÏCITÉ, JUSQU’OÙ ?

Dans ce numéro de Cahier de doléance, Caroline Fourest explique le contournement de la 1905 pour accompagner la création de lieux de cultes, la reconfessionnalisation de villes comme celle deSaint-Denis, la question des menus séparés ou des accompagnantes scolaires. Elle parle aussi de la question des établissements confessionnels sous influence intégriste, catholiques et musulmans, malgré leurs contrats avec l’Etat.

Rendez-vous à l’Observatoire de la laïcité avec son président Jean-Louis Bianco et l’un de ses membres, Patrick Kessel. Avec Jacqueline Costa-Lascoux, directrice de recherche au CNRS. Avec le maire de Saint-Denis et des militants laïques de la ville ayant fui l’islamisme en Algérie. Avec une déléguée de la FCPE favorable à ce que des mères puissent accompagner les sorties scolaires avec leur voile. Puis nous croisons les regards de députés : Christophe Caresche du PS et Christian Kert de l’UMP.