Malgré un score électoral confortable et le fait d’avoir conservé ses principaux fiefs lors dernières élections municipales, le parti islamiste de l’AKP, au pouvoir depuis douze ans, est de plus en plus contesté et de moins en moins présenté comme un « modèle ». Longtemps, des observateurs y ont vu un exemple, la preuve qu’un gouvernement islamiste pouvait respecter la démocratie et la laïcité. Ce printemps cachait un hiver.
L’enquête de Caroline Fourest et de Fiammetta Venner est édifiante. Loin des promesses, la politique qui est menée est bien une politique visant à utiliser la démocratie pour faire reculer la laïcité et les libertés individuelles en Turquie.
Procès arbitraires contre des laïques et des journalistes, transformation de miliers d’écoles publiques en écoles religieuses, mise au pas des minorités comme les Alevi, répression de la jeunesse contestataire lors des manifestations de la Place Taksim, et plus récemment censure de Twitter pour faire taire les révélations sur la corruption… L’illusion d’un pouvoir turc « islamiste modéré » est bel et bien en train de fissurer.