Assiatou a quatorze ans. Sa vie bascule le 24 novembre 2014 quand Boko Haram fait main basse sur sa ville, Damasak au nord-est du Nigeria. En entendant les tirs des kalachnikovs retentir, sa mère se précipite dans l’école pour la récupérer, sachant que les sanguinaires sont là pour enlever les jeunes et jolies filles.
Assiatou raconte comment elle est conduite dans une maison confisquée à ses propriétaires où , avec une quarantaine d’adolescentes, on la soumet à un apprentissage intensif du Coran, aux tâches ménagères… Un rituel qu’elles suivent toutes pendant plusieurs jours jusqu’à la date fatidique de leur livraison à « l’époux ». Celui d’Assiatou à l’âge de son père. La jeune fille quitte alors une prison pour une autre.
Mariée de force, violée, elle n’a qu’une idée en tête : fuir le plus possible de cet homme, qu’elle nomme « le criminel », loin de la geôle, loin du Nigéria, sa terre natale. Elle adopte alors un comportement exemplaire lui permettant quelques moments de liberté pour une balade avec trois amies, elles aussi prisonnières. Ensemble, elles fomentent leur évasion en direction de la frontière du Niger. C’est dans ce pays qu’Assiatou retrouve sa famille. C’est ici qu’elle obtient le statut de réfugiée. C’est ici qu’elle espère gagner une nouvelle vie, notamment par le biais du retour à l’école.
Mina Kaci est journaliste à l’Humanité.
Editeur Michel Lafon