Archives de catégorie : Livres

Djemila Benhabib Prix de la liberté d’expression 2016 du Difference Day

L’auteure québécoise Djemila Benhabib recevra le 3 mai à Bruxelles le Prix de la liberté d’expression pour l’ensemble de son œuvre à l’occasion de la 2e édition du Difference Day, événement organisé dans le cadre de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Djemila Benhabib, éditée en France par H&O, a publié son 4e essai Après Charlie en janvier dernier.

L’alliance des Universités bruxelloises VUB et ULB remettra le « Difference Day Honorary Title for Freedom of Expression » à Djemila Benhabib mardi 3 mai 2016 en clôture du Difference Day. L’auteure sera distinguée pour sa « contribution vitale à la protection et à la promotion de la liberté de pensée et d’expression dans une société démocratique en perpétuel changement ». Elle succède au blogueur Raïf Badawi, Prix 2015.

Le Difference Day, destiné à célébrer la liberté de la presse et d’expression, est organisé par la Vrije Universiteit Brussel, l’Université Libre de Bruxelles, la Erasmushogeschool Brussel, Brussel Platform of Journalism, BOZAR, Evens Foundation et iMinds, sous le patronage de la Commission européenne, de l’UNESCO et du Parlement européen.

Djemila Benhabib, un combat humaniste sans relâche
Née en Ukraine en 1972 d’une mère chypriote grecque et d’un père algérien, Djemila Benhabib a grandi à Oran dans une famille de scientifiques engagée dans des luttes politiques et sociales. Très tôt, elle prend conscience de la condition subalterne des femmes de son pays. Condamnée à mort par les islamistes, sa famille se réfugie en France en 1994. Djemila Benhabib s’installe au Québec, seule, en 1997, où elle mène des études en physique, en science politique et en droit international. Elle débute sa carrière d’essayiste avec Ma vie à contre-Coran, qui remporte le prix des Écrivains francophones d’Amérique en 2009. Elle reçoit des mains de Charb, alors directeur de la publication de Charlie Hebdo, le Prix international de la laïcité 2012 à l’occasion de la sortie en France, chez H&O, de son essai Les soldats d’Allah à l’assaut de l’Occident. Djemila Benhabib publie L’automne des femmes arabes chez H&O en 2013 et reçoit le Prix humaniste du Québec en 2014. Après Charlie sort en janvier 2016. Son engagement lui vaut d’être régulièrement la cible de menaces physiques, de campagnes d’intimidation et de poursuites judiciaires abusives de la part de groupes islamistes et de leurs alliés, notamment au Canada.

Après Charlie, H&O 2016
Depuis le 7 janvier 2016, date de sortie de son nouvel essai Après Charlie, Djemila Benhabib parcourt l’Europe et le Québec pour appeler à un sursaut laïque face à la progression de l’intégrisme islamique dans les sociétés occidentales et aux idéologies totalitaires toujours en place dans le monde. Dans Après Charlie, Djemila rappelle que la chute des grandes idéologies du XXe siècle a entraîné un retour du religieux dans nos sociétés qui compromet la liberté de conscience et d’expression, la condition des femmes, l’éducation et la liberté du désir. Elle dénonce aussi l’immobilisme des gouvernements occidentaux et la « police de la pensée des élites démissionnaires. »
256 pages • 17 € • www.ho-editions.com

Enlevée par Boko Haram (Assiatou et Mina Kaci)

Assiatou a quatorze ans. Sa vie bascule le 24 novembre 2014 quand Boko Haram fait main basse sur sa ville, Damasak au nord-est du Nigeria. En entendant les tirs des kalachnikovs retentir, sa mère se précipite dans l’école pour la récupérer, sachant que les sanguinaires sont là pour enlever les jeunes et jolies filles.

Assiatou raconte comment elle est conduite dans une maison confisquée à ses propriétaires où , avec une quarantaine d’adolescentes, on la soumet à un apprentissage intensif du Coran, aux tâches ménagères… Un rituel qu’elles suivent toutes pendant plusieurs jours jusqu’à la date fatidique de leur livraison à « l’époux ». Celui d’Assiatou à l’âge de son père. La jeune fille quitte alors une prison pour une autre.
Mariée de force, violée, elle n’a qu’une idée en tête : fuir le plus possible de cet homme, qu’elle nomme « le criminel », loin de la geôle, loin du Nigéria, sa terre natale. Elle adopte alors un comportement exemplaire lui permettant quelques moments de liberté pour une balade avec trois amies, elles aussi prisonnières. Ensemble, elles fomentent leur évasion en direction de la frontière du Niger. C’est dans ce pays qu’Assiatou retrouve sa famille. C’est ici qu’elle obtient le statut de réfugiée. C’est ici qu’elle espère gagner une nouvelle vie, notamment par le biais du retour à l’école.

Mina Kaci est journaliste à l’Humanité.

Editeur Michel Lafon

Comment produire une crise mondiale avec douze petits dessins

Le 30 septembre 2005, le journal danois Jyllands-Posten publie une enquête sur l’autocensure des artistes danois qui comporte des articles et des dessins représentant le Prophète de l’islam. L’un d’eux deviendra l’emblème de l’affaire : il montre la tête de Mahomet coiffée d’un turban contenant une bombe à la mèche allumée. Le caricaturiste vise les justifications coraniques des terroristes, mais il va être accusé d’avoir insulté le Prophète, l’islam, et un milliard trois cents millions de musulmans.

L’auteur a enquêté au Danemark en 2006 et reconstitué les faits avec minutie, depuis les hésitations de la politique danoise d’intégration des immigrés jusqu’à la coalition de quelques imams radicaux, qui s’emparent de la publication des dessins pour internationaliser une crise locale en s’alliant à de hauts responsables égyptiens et moyen-orientaux.

Dans cette nouvelle édition, l’auteur inscrit l’affaire des « caricatures de Mahomet » dans une séquence historique ouverte depuis un quart de siècle par la condamnation à mort du romancier britannique Salman Rushdie en 1989 et poursuivie en 2015 par l’assassinat des collaborateurs du journal satirique français Charlie Hebdo, démontrant comment les conflits sur le droit à la satire et, au-delà, sur le droit à la liberté d’expression, ont aujourd’hui changé d’échelle et de méthode.

Jeanne Favret-Saada est anthropologue, directrice d’études honoraire à l’École Pratique des Hautes Études, section des sciences religieuses. Elle a notamment publié Les Mots, la mort, les sorts (Gallimard, 1977).

Papa porte une robe

Papa porte une robe est un conte pour enfants, paru pour la première fois en 2003.

De quoi s’agit-il ?

Jo est un boxeur. Jo est connu pour son courage, sa force et son exceptionnel jeu de jambes. Malheureusement, au cours d’un combat, il reçoit de tels coups à la tête qu’il doit abandonner la boxe. Il doit maintenant trouver du travail pour élever son fils. Quand son médecin lui suggère de « danser » maintenant, il décide de le prendre au mot.
Le voilà bientôt embauché dans un cabaret, à travailler la nuit, affublé d’une robe. Sa tête étant toujours très fragile, quelquefois, quand il rentre chez lui le matin et accompagne son fils à l’école, il oublie de se changer et garde sa robe de scène. Alors tous les enfants se moquent de lui. Un beau jour, pourtant, un petit chat se retrouve en danger, tétanisé de peur tout en haut d’un grand arbre. Qui donc pourra sauver le petit chat de ce mauvais pas ?
Papa porte une robe conte l’histoire d’un père prêt à tout pour gagner sa vie et élever dignement son fils. C’est une histoire qui porte haut les couleurs d’une valeur essentielle pour tous : la tolérance.

L’auteur

Piotr Barsony est un artiste français né à Toulouse en 1948. Peintre, plasticien, dessinateur, ou encore créateur de bande-dessinées, il a fait ses études aux Beaux-Arts de Paris. Ses travaux ont été exposés chez Artcurial, au CNAP, au Centre Georges Pompidou et dans de nombreuses galeries de par le monde.

Les attaques contre le livre

La première attaque provient du site 24heuresactu. Un site dont les contributeurs sont anonymes. On apprendra juste dans la présentation qu’il s’agit d' »une bande de potes fatigués d’entendre la même rengaine du soir au matin dans tous les médias. » Faisant « le choix de la radicalité (pas de l’extrémisme) dans une France bâillonnée par le discours convenu de certaines élites. Contre le politiquement correct ? ». Le site attaque systématiquement tous ceux qui critiquent la famille Le Pen, les opposants au mariage pour tous et l’UMP. En 2013, selon le site « Papa porte une robe » va faire son entrée dans les programmes de l’Éducation Nationale pour les classes de CP et CE1. « Du mariage gay à l’indifférenciation, en passant par la théorie du genre : la décadence, c’est maintenant ! » Et le journaliste anonyme de se demander si il était « nécessaire, que dis-je urgentissime, d’apprendre à nos enfants à aimer les travelos ! » Et de poursuivre : « Que notre belle éducation nationale dont l’actualité n’est pas florissante et où la pédophilie est bien plus fréquente que chez les curés tant décriés par les socialos, apprenne à nos enfant à lire et à écrire. Leurs parents s’occuperont de leur expliquer ce qu’est un travesti et de leur dire s’ils le souhaitent qu’il s’agit d’un modèle déviant à éviter ou bien qu’il s’agit de formidables exemples à suivre et que rien n’est plus souhaitable que de se faire enfiler dans les toilettes d’un bar de nuit de Pigalle avec sa robe et ses portes jarretelles. Dire qu’on nous jurait que la loi orwellienne de Taubira condamnant l’homophobie de dame nature n’aurait aucune conséquence sur notre société… »

L’article tourne aussitôt en boucle sur tous les sites d’extrême droite. Farida Belghoul explique sur le site d’Alain Soral qu’il s’agit de « pourrir les gosses pendant que les parents bossent ». Pour Riposte laïque le livre « doit faire se pâmer d’extase toutes les Fourest et Belkacem de France et de Navarre ». Sur BFM TV Christine Boutin relaye aussi la rumeur.

Intox

En réalité Papa porte une robe n’est pas du tout imposé dans les écoles primaires. Lors d’un colloque le syndicat enseignant Snuipp-FSU, proposait en mai 2013 de lutter contre l’homophobie. Et pour cela conseillait aux ENSEIGNANTS de lire un certain nombre de livres. Dont Papa porte une robe pourtant épuisé depuis longtemps.

Et pour ceux qui voudraient se faire une idée par eux-même, le livre vient d’être réédité aux éditions Intervalles. Chacun pourra se faire une idée…

Aline Baïf

dimanche 15 juin 2014

Sortie du livre de Séverine Labat : « Les islamistes tunisiens. Entre l’Etat et la mosquée »

C’est un livre rare sur les islamistes et la Tunisie que propose ici Séverine Labat. Rare parceque les chercheurs sur ce domaine sont souvent soit de petits télégraphistes du mouvement Ennahda, soit directement salariés par l’émirat du Qatar. Et bénéficient de réseaux politiques, médiatiques et universitaires bien fournis. Séverine Labat est elle, chercheuse au Cnrs et réalisatrice. Son dernier film sur Tibhirine, a notamment essayé de remettre de la raison dans une affaire qui déclenche encore aujourd’hui des imaginaires sélectifs. Séverine Labat revient dans son livre sur les discours d’Ennahda. Un décryptage qui met à mal la notion d’islamisme éclairé. Rappelons que Rached Ghannouchi a été le patron du Conseil européen de la Fatwa, l’organisation des Frères musulmans qui dit le bon et le mauvais. L’ouvrage montre plusieurs exemple de collaboration entre frères et salafistes et explique comment le mouvement Ennahda a rendu légitime ce mouvement, malgré quelques confrontations de facade.

Séverine Labat Les islamistes tunisiens. Entre l’Etat et la mosquée (Démopolis)

Anciens militants du FN à Saint-Alban, ils témoignent : «Marine plus dangereuse que son père»

Devant leur maison de Saint Alban, une affiche du FN fraîchement collée monte la garde, comme un avertissement au couple Portheault. Nadia et Thierry avaient défrayé la chronique pour avoir rendu leur carte et dénoncé le racisme du parti. Le Front national a porté plainte contre eux. Et eux-mêmes sortent un livre, «Revenus du Front*», ce mercredi.

Pourquoi publier un ouvrage sur votre parcours au FN ?

Nadia. : Ce livre, c’est un peu comme une thérapie face à la trahison que nous avons vécue au Front National. On nous a accusés d’avoir été manipulés par l’UMP ou bien par des partis islamistes. Serge Laroze, le patron du FN31, a dit que nous étions «givrés». Tout ceci est complètement faux. Ce livre raconte notre évolution : comment nous sommes arrivés au parti de Marine Le Pen, quelles sont les personnes qui y gravitent et pourquoi nous avons voulu nous en éloigner. C’est aussi pour faire profiter à d’autres de notre expérience. De plus en plus de jeunes adhèrent à ce parti. Il faut qu’ils connaissent la vérité.

Lire la suite http://www.ladepeche.fr/article/2014/03/10/1835912-marine-plus-dangereuse-que-son-pere.html
[Se procurer l’ouvrage : http://iurl.no/b4f94|http://iurl.no/b4f94|fr]

Jour de Fred : Caroline Fourest raconte Inna Shevchenko (France Inter)

Frédéric Mitterrand reçoit la journaliste Caroline Fourest pour son livre «Inna», récit sur la leader des Femen, aux éditions Grasset.
A vingt-trois ans, Inna Shevchenko est célèbre. Qui ne connaît ses yeux verts, ses cheveux blonds couronnés de fleurs, ses seins nus, peints de slogans noirs dénonçant les religions, les dictatures et la prostitution ?

Pourtant, l’icône politique reste une énigme. Qui est vraiment cette élève brillante, éduquée par un père colonel dans l’Ukraine post-soviétique ? Comment a-t-elle découvert l’engagement politique au lycée, au moment de la Révolution orange, avant de se jeter à corps perdu dans le mouvement Femen ? Qui est cette femme battue et arrêtée cent fois, torturée en Biélorussie, fuyant son pays après avoir tronçonné une croix en soutien aux Pussy Riots ?

Caroline Fourest a accompagné Inna dès le premier jour de son exil à Paris. Elle s’est engagée avec elle, parfois contre elle… Lors des combats de rue face à Civitas, pour sauver Amina en Tunisie. Paris serait-elle redevenue la capitale de la révolution ? Bien plus que le portrait d’une héroïne fascinante, ce livre raconte l’odyssée d’une frondeuse tourmentée, tentée par le nihilisme, qui exige en tout la liberté mais s’impose une vie de soldate.

Dans ce récit haletant, tout est vrai : la solitude, la force d’âme, le goût un peu âcre de la vérité. Tour à tour enquêtrice, conseillère, amie, amoureuse et femme libre, Caroline Fourest raconte à la fois ses doutes, leurs combats et leur romance. Et pour la première fois, se livre.

Pour réécouter l’émission

Derrière les corps (Gérard Biard)

Bien sûr, il y a la biographie-portrait d’Inna Shevchenko, l’étudiante brillante devenue, en quelques coups de tronçonneuse sur une croix, l’égérie-leader de Femen, et qui, depuis son refuge français du Lavoir moderne parisien, dirige ses troupes révolutionnaires avec l’intransigeance d’une commissaire politique.

Il y a aussi la chronique à la première personne d’une longue année de folie furieuse, au cours de laquelle Caroline Fourest, dans son combat politique, a dû affronter — entre autres — la haine écumante des opposants au mariage pour tous et ce mélange d’hystérisation et de confusion qui paraît désormais devoir s’emparer de tous les débats. Mais il y a surtout, au cœur de ce livre qui adopte tout naturellement la structure et les codes du roman, parce que son sujet est, de l’aveu même de l’auteure, « un personnage romanesque », une rencontre, qui fait basculer l’œuvre « journalistique » que l’on pensait tenir en mains vers un récit autre, qui donne parfois à ses deux protagonistes principales, bien réelles, des allures d’héroïnes de fiction.
Inna, c’est donc avant tout le récit de la rencontre entre une jeune activiste grandie dans une Ukraine post-soviétique gangrénée par le machisme et la « tutelle » russe, où la seule alternative qui s’offre aux jeunes filles est de devenir, au sens propre, maman ou putain, et une féministe humaniste nourrie d’esprit des Lumières — Olympe de Gouges comprise —, qui s’est construite dans une démocratie. Entre une « guerrière » de 23 ans qui s’interdit toute faiblesse et repousse tout ce qui pourrait la détourner de son combat, et une journaliste, séduite mais méfiante, qui exècre tout radicalisme, qu’il soit politique ou amoureux, et qui se retrouve confrontée à ce grand chaos comportemental qu’on appelle « l’âme slave »… Cette rencontre, au flou intime savamment entretenu, entre deux femmes militantes, produit logiquement quelques étincelles, courant tantôt positif, tantôt négatif.

Et ce sont ces étincelles qui permettent à Caroline Fourest de signer, in fine, le livre qu’aucun autre journaliste n’aurait pu — ou voulu — écrire : celui qui ouvre d’autres portes, plus « humaines », sur Femen, ce mouvement à la fois radical et pacifiste devenu le symbole d’un « nouveau féminisme » de combat, et sur la plus iconique de ses figures de proue. Il lui a certes fallu pour cela se transformer en quelque sorte, elle aussi, en personnage romanesque, ce qui n’est pas sans risque quand on est journaliste, essayiste et chroniqueuse en vue. Mais l’exercice l’autorise à ajouter une ligne supplémentaire, non usurpée, à son CV : écrivaine.

Gérard Biard Charlie Hebdo

« Inna », Caroline Fourest. Ed. Grasset

jeudi 13 février 2014

« Inna », le livre de Caroline Fourest sort le 22 janvier chez Grasset

Plus qu’un portrait d’Inna Shevchenko, la leader des Femen, c’est le roman d’une époque, d’une Amazone et de ses soeurs (Amina, Aliaa etc…), le récit de nos luttes, corps et âme, de nos disputes (à propos de notre-Dame ou du « Topless Jihad »). Nos luttes, nos amours, nos disputes. Les coulisses d’une révolution 2.0. De Kiev à Tunis en passant par Paris, la révolution Orange au printemps arabe en passant par CIVITAS et La Manif pour tous, tout le monde y est… Et sera ému ou fâché.

http://carolinefourest.wordpress.com/2013/12/20/inna-sort-le-22-janvier/

Voir aussi Thé ou Café : http://pluzz.francetv.fr/videos/the_ou_cafe_,95271420.html