Procès pour homosexualité en Tunisie

En décembre dernier, en Tunisie, six étudiants étaient condamnés par la justice tunisienne pour homosexualité. Ils seront de nouveau jugés le 25 février prochain. SOS homophobie leur apporte tout son soutien.
Au cours des derniers mois, les actions contre les personnes lesbiennes, gays, bi-e-s et trans (LGBT) se multiplient en Tunisie : agressions, harcèlement, menaces de mort, arrestations, emprisonnements. Le 10 décembre 2015, six étudiants étaient condamnés à la peine maximale de prison prévue par le code pénal tunisien pour homosexualité. Fait rarissime, ils sont également bannis pour cinq ans de la ville de Kairouan. Dans le même temps, les activités de l’association Shams, qui milite en faveur des droits et des libertés des personnes LGBT, étaient suspendues pour une durée de trente jours.

La situation en Tunisie illustre malheureusement la triste réalité des droits et libertés des personnes LGBT dans de nombreux pays dans le monde. Aujourd’hui, l’homosexualité reste pénalisée dans 76 Etats et est punie de mort dans 12 d’entre eux. Seule une minorité de pays dans le monde n’imposent pas la stérilisation des personnes trans.

SOS homophobie appelle de ses vœux une forte mobilisation en faveur des six étudiants tunisiens jugés pour homosexualité le 25 février prochain. Plus largement, l’association en appelle aux pouvoirs publics français pour qu’ils apportent leur soutien plein et entier aux personnes lesbiennes, gays, bi-e-s et trans qui, dans le monde, sont victimes de discriminations et de violences en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre.

Contact presse :
Yohann Roszéwitch, président
06 28 32 02 50 – yohann.roszewitch@sos-homophobie.org

Viols, armes de guerre : 9 mars 2016, pour un tribunal pénal international en République Démocratique du Congo (RDC)

 Viols, armes de guerre : 9 mars 2016, pour un tribunal pénal international en République Démocratique du Congo (RDC) »

Mercredi 9 mars 2016 de 14 H. à 18 H.
Mairie de Paris Salon des Arcades 5 rue Lobau 75004 Paris

Initiative de la Campagne des 52 personnalités féminines, organisée par le Réseau Féministe « Ruptures », dans le cadre de la Journée internationale de solidarité avec les luttes des femmes

Présentation

En juillet 2013, à l’initiative de Maître Hamuli Réty, 52 personnalités féminines lancent une campagne pour la création d’un Tribunal Pénal International en République Démocratique du Congo (RDC).
Les indicibles souffrances consécutives aux maltraitances, aux tortures et aux viols subis par les femmes en RDC demeurent impunis.

Indignées par le silence des instances internationales, ces 52 marraines poursuivent leur action pour que ces crimes, utilisés comme armes de guerre, puissent être jugés par un TPI, seule instance permettant aux femmes victimes de ces atrocités d’être reconnues comme telles. Cette impunité dure depuis vingt ans, il est temps que l’ONU mette cette revendication à l’ordre du jour de ces débats.

Programme

13 H. 30 : Accueil.

14 H. : Présentation et animation, Monique Dental, Réseau Féministe « Ruptures »

14 H. 15 : Accueil par la Mairie de Paris.

14 H. 30 : Hamuli Réty, initiateur de la campagne des 52 marraines pour un TPI en RDC : Actions passées et à venir.

14 H. 45 : Bâtonnier Jean-Claude Bagayamukwe : La défense au quotidien des femmes violées. Rôle du Barreau de Bukavu.

15 H. : Caddy Aszuba, journaliste, lauréate du Prix Princesses d’Asturie pour la Paix : Audition auprès du Roi et de la Reine d’Espagne pour la création d’un Tribunal Pénal International pour la RDC : quelles suites ?

15 H. 15 : Echanges avec la salle.

15 H. 45 : Dr Mukwege : Les différentes formes d’action sociales, juridiques et médicales de la Fondation Panzi de Bukavu.

16 H. : Echanges avec la salle.

16 H. 30 : « Rentrez chez vous et racontez » : création théâtrale à partir des témoignages de femmes aux corps meurtris, interprétée par Claudia Mongumu, auteure, comédienne, metteure-en-scène et Charles Meunier, comédien.

17 H. 15 : Echanges avec les comédiens.

Exposition de photos d’archives sur les femmes violées au Congo, de Marie Ponchelet et Marie-Hélène Le Ny.

Contacts et inscription courriel : monique.dental@orange.fr

Indiquer Nom, prénom, organisme, adresse, tél, mail.

Enlevée par Boko Haram (Assiatou et Mina Kaci)

Assiatou a quatorze ans. Sa vie bascule le 24 novembre 2014 quand Boko Haram fait main basse sur sa ville, Damasak au nord-est du Nigeria. En entendant les tirs des kalachnikovs retentir, sa mère se précipite dans l’école pour la récupérer, sachant que les sanguinaires sont là pour enlever les jeunes et jolies filles.

Assiatou raconte comment elle est conduite dans une maison confisquée à ses propriétaires où , avec une quarantaine d’adolescentes, on la soumet à un apprentissage intensif du Coran, aux tâches ménagères… Un rituel qu’elles suivent toutes pendant plusieurs jours jusqu’à la date fatidique de leur livraison à « l’époux ». Celui d’Assiatou à l’âge de son père. La jeune fille quitte alors une prison pour une autre.
Mariée de force, violée, elle n’a qu’une idée en tête : fuir le plus possible de cet homme, qu’elle nomme « le criminel », loin de la geôle, loin du Nigéria, sa terre natale. Elle adopte alors un comportement exemplaire lui permettant quelques moments de liberté pour une balade avec trois amies, elles aussi prisonnières. Ensemble, elles fomentent leur évasion en direction de la frontière du Niger. C’est dans ce pays qu’Assiatou retrouve sa famille. C’est ici qu’elle obtient le statut de réfugiée. C’est ici qu’elle espère gagner une nouvelle vie, notamment par le biais du retour à l’école.

Mina Kaci est journaliste à l’Humanité.

Editeur Michel Lafon

Associer les droits des femmes à la famille et à l’enfance suscite de sérieuses préoccupations

COMMUNIQUE DE PRESSE du 11 FEVRIER 2016
de Danielle BOUSQUET, Chantal JOUANNO et Pascale VION

Remaniement ministériel:
Associer les droits des femmes à la famille et à l’enfance
suscite de sérieuses préoccupations

Parité au nouveau Gouvernement : nous nous en félicitons. Mais, mettre sous un même Ministère « la famille, l’enfance et les droits des femmes », n’est-ce pas enfermer les femmes dans le rôle stéréotypé qui leur est assigné depuis des siècles : celui d’épouse et de mère ?La formulation et le périmètre de ce Ministère sont d’autant plus déconcertants que, depuis 4 ans, les avancées en matière d’égalité femmes-hommes sont incontestables. La Loi sur l’égalité réelle du 4 août 2014 avait, en effet, consacré l’enracinement de l’égalité entre les femmes et les hommes dans toutes les politiques publiques. Pour autant, tellement d’inégalités perdurent.

A cette aune-là, nous nous interrogeons sur le périmètre du Secrétariat d’Etat chargé de l’égalité réelle. Nous attendons des clarifications et des assurances du Gouvernement quant à son engagement en matière de droits des femmes et d’égalité entre les sexes.

Danielle BOUSQUET, Présidente du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes,
Chantal JOUANNO,  Présidente de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité du Sénat
Pascale VION, Présidente de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité du CESE

Laïcité : les 4 fautes de l’Observatoire (Jean Glavany)

L’Observatoire de la Laïcité créé opportunément il y a trois ans par le Président de la République traverse une grave crise.
Ce qui doit nous importer c’est le débat d’idées et l’efficacité de l’action publique au service de la République. C’est parce que je m’inscris dans cette optique que j’ai refusé de signer la pétition –exprimant pourtant une exaspération légitime- demandant la démission de Jean-Louis Bianco : là n’est pas la question et une démission ajouterait de la crise à la crise ; la question tient au fond des choses.
Sans agressivité aucune, avec le souci de faire progresser le débat, je veux regarder lucidement les quatre fautes de l’Observatoire de la Laïcité : une faute juridique, une faute déontologique, une faute politique et une faute morale.
  • La faute juridique. Le Président de l’Observatoire dit « nous sommes indépendants, le Premier Ministre n’a pas à s’exprimer sur notre action ».
Un observatoire placé, selon l’article 1 du décret le créant « auprès du Premier Ministre » et chargé de « conseiller le gouvernement » serait indépendant ?
Un observatoire dont la composition réunit, outre des parlementaires et des personnalités qualifiées, plusieurs représentants des ministères serait indépendant ?
Je me souviens que, du temps de Jean-Marc Ayrault, à propos du dossier Baby-Loup, le Président de l’Observatoire avait fait arbitrer Matignon pour que tous les fonctionnaires présents votent dans son sens ! Bonjour l’indépendance…
Voilà déjà une bonne raison pour laquelle le « rappel à l’ordre » de Manuel Valls était bienvenu.
  • La faute déontologique : l’Observatoire étant « divers », il m’apparaît qu’il devait s’en tenir à une certaine neutralité, un certain devoir de réserve :
Loin de ça, l’Observatoire se mêle d’un débat public, signe des pétitions, condamne… Et voilà le pire : la crise éclate à propos d’un tweet de son rapporteur général critiquant Elisabeth Badinter pour une intervention respectable sur une radio publique. J’avais attiré l’attention de Bianco sur le double risque des tweets : 140 signes pour traiter de sujets si sensibles et complexes ajoutés à la tentation de « faire le buzz », c’était tellement risqué que ça courait droit à la catastrophe. Nous y sommes.
J’ajoute, et je le maintiens avec fermeté qu’il me semble que ça n’est pas la mission d’une institution de la République, quelle qu’elle soit, de polémiquer avec une intellectuelle honorable, quelle qu’elle soit, a fortiori sans en avoir délibéré collectivement. La République ce sont aussi des principes de comportements, des interdits qu’il faut rappeler de temps en temps. Deuxième bonne raison du rappel à l’Ordre du Premier Ministre.
  • La faute politique. Continuons à être clair : les responsables de l’Observatoire voudraient nous faire croire qu’il s’agirait du retour du débat de 1905 entre Aristide Briand, tenant de la liberté de conscience et Combes, l’antireligieux célèbre. Aujourd’hui, entre l’Observatoire et les « intégristes laïques » qui voudraient interdire aux religions de s’exprimer sous quelque forme que ce soit dans l’espace public.
Cette présentation des choses est caricaturale et fallacieuse. D’abord parce que je ne sais pas ce qu’est un « intégriste laïque » quand il s’agit d’affirmer la plus belle de nos libertés, la liberté de conscience. Le « laïcisme intégriste » est un concept artificiel inventé pour combattre, en les dévaluant, les défenseurs d’une laïcité sans adjectif.
Ensuite parce que je me sens aussi proche d’Aristide Briand (et de Ferdinand Buisson ! et de Jaurès !) qu’éloigné du père Combes et que je ne me reconnais donc pas dans cette présentation.
De quoi s’agit-il ? La Gauche républicaine et laïque depuis plus d’un siècle a toujours été traversée par deux courants de pensée : l’un plus attaché aux droits de l’homme et à la diversité ; l’autre plus républicain, attaché à l’unité et au commun. Comme le dit Régis Debray dans Le Monde du 27 janvier « qu’il y ait dans notre tradition, deux gauches comme il y a trois droites, cela s’apprend en 1ère année de Sciences Po » ! Pour moi être socialiste, c’est conjuguer les deux, c’est tenir les deux bouts de la chaîne, qui réunit ces deux courants qui sont, l’un et l’autre, authentiquement de gauche. Car la Laïcité, c’est le respect des spécificités ET leur dépassement, c’est la conjugaison de la diversité ET l’unité, ce sont les droits ET les devoirs.
Si l’on oublie le « ET », on ampute la laïcité : le communautarisme respecte les différences ! Mais il ne cherche pas à les dépasser…
Or, depuis la création de l’Observatoire de la Laïcité, son Président n’a cessé de dresser ces deux familles l’une contre l’autre et, pour être plus précis, pour donner systématiquement raison à l’une contre l’autre. On aura deviné laquelle.
Là est la faute politique car cela divise le monde laïque. Et toute division est un affaiblissement. Troisième bonne raison pour Manuel Valls…
  • Reste la quatrième faute, qui touche à la situation de notre pays en ces heures douloureuses. La France est en guerre avec un intégrisme religieux particulier, l’intégrisme islamiste, le fanatisme djihadiste de barbares qui assassinent nos fils et nos compagnes jusque dans nos rédactions, nos épiceries, nos bistrots et nos salles de spectacles et qui menacent à présent jusqu’à nos écoles et nos enseignants. Face à cette agression terrible, il faut avoir les idées claires et les paroles justes.
Nous, Républicains, laïques et progressistes ne pouvons pas répondre à un amalgame par un autre !
Face à l’amalgame irresponsable et dangereux du Front National devant l’Islam et les musulmans, les assimilant à un danger global et indistinct, nous ne devons pas répondre par un autre amalgame sur le thème « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » !
Ne qualifions pas le Front National de tenant d’une « laïcité dure » alors qu’il n’est pas laïque du tout, pour inventer je ne sais quelle « laïcité molle » par souci de se différencier de lui. Soyons la laïcité tout simplement.
« Mal nommer les choses, c’est ajouter à la misère du monde » disait Camus et, justement, la démocratie ce n’est pas l’amalgame, c’est la différenciation. Notre devoir, c’est aujourd’hui de distinguer, de différencier l’immense majorité des musulmans de France qui sont républicains et laïques, et qu’il faut aider, d’une minorité d’intégristes, fanatiques et dangereux qu’il faut combattre.
Notre devoir c’est de critiquer l’islam, comme toute autre religion, non pas par principe mais quand il porte atteinte aux droits universels et, notamment à l’égalité hommes-femmes.
Il n’est pas indifférent que ce débat explose après qu’Elisabeth Badinter ait justement démontré que le concept d’islamophobie a été inventé, construit et promu par les intégristes musulmans et leurs prédicateurs obscurs pour coaliser les musulmans de France autour d’eux en leur faisant croire que la République et la Laïcité seraient antireligieux. « Il n’y a rien à espérer de la République, elle nous combat, elle nous empêche de croire librement » veulent-ils convaincre. Avant de convaincre de l’étape suivante…
Ce raisonnement d’Elisabeth Badinter a été, avant elle, fort bien démontré par Gilles Kepel dans son dernier ouvrage ou par Caroline Fourest et Fiammetta Venner dans leurs travaux depuis plus de 10 ans. Ou bien –encore lui !- Régis Debray qui disait cette semaine que « le chantage à l’islamophobie est insupportable ».
C’est pourquoi il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophobe si c’est le prix à payer pour être libre de dénoncer ce stratagème mortifère. Si c’est le prix à payer pour être efficaces dans notre lutte sans merci. Allons ! Serons-nous assez aveugles pour ne pas voir que l’islam radical mène, contre la laïcité, le même combat que l’église catholique en 1905 ?
Et c’est pourquoi il peut être dangereux de signer des textes avec des personnalités et des organisations, notamment religieuses, qui ne s’étaient pas manifestées après les attentats de janvier parce qu’elles pensaient à voix à peine basse que ceux de Charlie « l’avaient bien cherché » en se permettant de critiquer et de caricaturer une religion, les religions, bref en se permettant d’être libres. Pourquoi ces appels, pourquoi ces signatures aujourd’hui et pas hier ?
Etre laïque aujourd’hui ça n’est pas tout accepter des religions sous prétexte que la laïcité n’est pas et ne sera jamais antireligieuse. C’est être critique et exigeant avec elles, notamment pour qu’elles se démarquent sans ambigüité de leurs intégrismes respectifs. C’est ainsi qu’elles montreront leur fidélité à la République.
Ces questions il faut se les poser et y répondre clairement, hors de toute confusion. Il est temps de réparer ces quatre fautes et de se remettre au travail avec le seul souci du rassemblement dans la clarté pour le meilleur service de la Laïcité.