Mettre sa vie sous le signe de la responsabilité, de l’autonomie personnelle. Du choix, donc.
C’était bien ce que nous voulions lorsque nous réclamions la liberté de la contraception et de l’avortement. Disposer de notre propre corps, donner ou non naissance à un enfant, décider d’un mode de vie faisant sa part à la famille, aux responsabilités éducatives, ou l’excluant. Bref, maîtriser et diriger notre existence, en fonction de nos préférences, de nos aptitudes, de nos désirs.
C’est encore ce que veulent les personnes qui refusent d’accepter, pour elles-mêmes, la perspective d’une fin de vie qui serait marquée par des souffrances intolérables, le sentiment d’une déchéance liée à l’infirmité, à la dépendance, et qui revendiquent l’instauration du droit à l’euthanasie volontaire. Elles pourraient ainsi, le jour venu, si elles le demandent expressément et lucidement, obtenir l’aide à mourir de façon douce et paisible qu’aucun médecin, aujourd’hui, n’est en droit de leur procurer.
Je veux pouvoir refuser une agonie abominable, interminable, subie dans l’horreur, pour moi et pour mes proches. Je veux pouvoir dire : stop, on arrête tout, si mon existence n’est plus pour moi qu’un fardeau. Et pourquoi me l’interdit-on? Là encore, c’est mon corps, c’est mon choix. Libre aux autres de penser et de mourir autrement, sous assistance respiratoire, perfusions en tout genre ou au terme d’un long coma; mais si comme le dit la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui, voilà une grande liberté qui mérite d’être reconnue et conquise. Avec l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), c’est ce que des milliers d’hommes et de femmes demandent, et obtiendront car tous les sondages montrent que la grande majorité des Français le souhaite. Alors, pourquoi la timidité à ce sujet, de la classe politique?
Une proposition de loi est déposée au Sénat : faisons-la voter.
Odile Dhavernas, Membre de l’ADMD,
103 rue Lafayette, 75010 Paris
mercredi 12 novembre 1997