Q&A Apostasy and Blasphemy Panel

Salil Tripathi, Chair
Panellists: Inna Shevchenko (“Girls against Gods”), Kiran Opal (“The Human and the Kafir: How Fear of Apostasy Fuels Islamist Power”),

11-12 October International Conference on the Religious-Right, Secularism and Civil Rights in London
www.secularconference.com

A-t-on le droit de débattre de la GPA ?

Comme on pouvait s’y attendre, comme après le PaCS, « La Manif pour tous » -qui porte si mal son nom- n’en finit plus d’être en minorité. Sur le mariage pour tous, sur la Procréation médicale assistée mais aussi, c’est plus inattendu, sur la gestation pour autrui. Alors que ce sujet fait a priori peur, qu’il est propice aux dérives et qu’il n’a donné lieu à aucun vrai débat dans ce pays, autre que la réprobation venue de la droite intégriste ou de la gauche anti-capitaliste et féministe. L’émoi est surprenant de la part de réseaux anti-IVG, généralement assez favorables au capitalisme, et qui incitent depuis des années des femmes à accoucher sous X pour faire adopter leur enfant plutôt que d’avorter. Il l’est moins venant d’une gauche logiquement hostile à l’exploitation. Faut-il pour autant verser dans l’hypocrisie et la pudibonderie dès qu’il s’agit du corps ?

Maladresse gouvernementale

Manuel Valls et Laurence Rossignol ont cru bon d’annoncer que la France allait prendre la tête d’une campagne mondiale pour faire interdire la GPA, au nom du refus de la marchandisation du corps des femmes. Des mots également utilisés par La Manif pour tous. Est-ce pour autant le même combat ?

Ces mêmes mots ne partent pas des mêmes intentions. Dans le cas de la Manif pour tous, le refus de la marchandisation du corps s’inscrit dans une démarche moraliste, pouvant aller jusqu’à refuser les progrès scientifiques permettant de lutter contre l’infertilité. Il s’agit moins de lutter contre l’ordre marchand que de rétablir l’ordre moral ; naturel et divin. À l’opposé d’une démarche féministe, que combattent de toutes leurs forces les réseaux anti-IVG à l’origine de la Manif pour tous, comme Alliance Vita ou Familles de France. Ce n’est pas la même intention que celle du gouvernement ou de féministes opposées à la GPA. Pourtant, le fait que le Premier ministre, la Secrétaire d’État aux droits femmes et la Secrétaire d’État à la famille expriment leur répulsion vis-à-vis de la GPA en réponse à la Manif pour tous crée la confusion.

Au lieu de clarifier le débat et les différentes façons d’être opposé à la gestation pour autrui, leurs déclarations donnent le sentiment d’abonder dans le sens des antiféministes. C’est plus que maladroit. C’est une faute politique.

Interdire ou encadrer ?

Sans tenir compte du calendrier politique, que faut-il faire de la gestation pour autrui ? Le problème est que nous n’avons même plus le droit d’en débattre. L’intimidation qui règne nous empêche de poser la seule vraie question qui vaille. Faut-il l’interdire, quitte à la laisser avoir lieu dans la clandestinité, ou l’encadrer? Il est absurde de croire que la France pourra interdire aux autres pays d’autoriser la gestation pour autrui, aux Etats-Unis, en Inde ou dans sept pays européens.

Que ça plaise ou non, la gestation pour autrui existe depuis la nuit des temps, depuis Marie mère porteuse de Jésus jusqu’à nos jours, et va continuer. Personne n’empêchera des couples désireux de fonder une famille de louer les services d’une mère porteuse. C’est vrai pour des couples homosexuels mais aussi pour des couples hétérosexuels, bien plus nombreux à avoir recours aux mères porteuses alors qu’ils ont bien plus de chances d’être autorisés à adopter. Leur désir d’enfant à eux n’est pas qualifié d’égoïste… Dans les deux cas, qu’il s’agisse de couples hétérosexuels ou homosexuels, vous pouvez montrer ces parents du doigt, leur faire la morale, cela ne changera pas grand-chose à leur détermination. Le fait d’interdire la GPA n’aura qu’une conséquence : compliquer la vie de leurs familles. Transformer quelques dizaines d’enfants en apatrides (quand ils ne peuvent pas bénéficier de la nationalité de leur mère porteuse ni être adoptés par leurs vrais parents) et fragiliser leur lien juridique avec leurs parents. Sans réglementation de la GPA, ils vont exister quand même, ils vont grandir, mais avec une nationalité qui n’est pas la leur, sans être reconnus comme étant les enfants de leurs parents.

Interdire la GPA ne protège pas les mères porteuses

L’interdit ne protège pas, au contraire. Comme pour l’avortement, le fait d’interdire au lieu d’encadrer ne fait que pousser vers la clandestinité, propice au plus sauvage des rapports d’exploitation. Comme elle est interdite en France, les futurs parents se tournent vers des pays moins développés et moins régulés. En Inde par exemple, où la GPA n’est ni interdite ni encadrée par la loi. De jeunes mères porteuses volontaires, de celles qui préfèrent porter un enfant neuf mois plutôt que de se prostituer, se retrouvent quasi prisonnières de pensionnats jusqu’à l’accouchement. Elles sont payées une misère et ne peuvent pas se rétracter. Interdire la GPA en France ne va rien changer. Les pousser à la clandestinité risque de les priver de tout suivi médical. Ce qu’il faut, c’est encadrer.

Autre cas qui a, à juste titre, ému. Un couple australien a, semble-t-il, refusé de récupérer l’enfant d’une mère porteuse en apprenant qu’il était trisomique à la naissance. Là non plus, interdire la GPA n’y changera rien. Son encadrement légal, en revanche, peut permettre d’obliger ces parents à tenir leurs engagements vis-à-vis de la mère porteuse. Car il existe une réalité que les amateurs d’interdits semblent ignorer. Il existe des parents prêts à payer des fortunes pour avoir le bonheur d’avoir un enfant et des femmes qui préfèrent enfanter que se prostituer ou crever de faim. Dans certains pays, porter l’enfant d’un couple pendant neuf mois permet de sortir de la prostitution ou de la misère, tout en rendant un couple heureux. Est-ce terrible en soi ou faut-il lutter contre les dérives de la gestation pour autrui ? Si ce sont les dérives qui nous choquent, alors il faut l’encadrer et non l’interdire. Notamment pour obliger les futurs parents à respecter le consentement de ces mères porteuses, qui doivent pouvoir changer d’avis pendant la grossesse.

L’hypocrisie n’a jamais permis d’apaiser le monde. C’est la loi qui rend les rapports marchands moins sauvages. Reste à savoir ce que veulent vraiment les gens. Faire la morale aux autres ou lutter pour un monde meilleur, plus apaisé parce que plus régulé ? On connaît déjà la réponse de la Manif pour tous. Aux progressistes de s’éclaircir les idées. Autrement dit d’en débattre.

Caroline Fourest

Nous sommes tous des « sales français » Edito #2 (Fourest fait son édito)

Marre de la censure des extrémistes. Cette vidéo antiraciste, qui était montée à 20 000 vues, a été retirée du web sur dénonciation d’internautes. Nous venons juste de la remettre. La revoilà donc…

Merci de la partager

 

Concernant la multiplication des appels de musulmans contre l’organisation dite « Etat islamique », il y a deux réactions possibles : ceux qui considèrent que cela fait du bien, et ceux qui ressentent une forme de malaise…

 

« Nous sommes tous Kobané »: le cri de résistants à l’intégrisme

C’est en pleurs que Maryam Namazie, une marxiste iranienne en exil, est montée à la tribune pour lire un message de soutien aux Kurdes de Syrie : « Nous sommes tous Kobané ».
Ce week-end à Londres, elle organisait avec l’algérienne Marieme Helie Lucas et d’autres, un colloque réunissant la fine fleur mondiale des résistants à l’intégrisme. Une salle pleine de héros dont vous n’entendez jamais parler ou presque. Parce qu’ils n’ont jamais décapité ou tué. Pourtant, ils résistent au totalitarisme de ce siècle, souvent au prix de leur vie. Des esprits libres, parfois athées mais pas toujours, venus du Pakistan, du Bangladesh, de Pologne, d’Afghanistan, de Syrie, d’Inde, des États-Unis, de Maroc, de Tunisie et bien sûr beaucoup d’Iran et d’Algérie.
Tous pensaient en avoir fini avec l’intégrisme en se réfugiant en Angleterre, en Inde ou en Europe. Tous ont dit combien ce mal les a rattrapé jusqu’au cœur de ces refuges, gangrenés par la confusion raciste et la tolérance envers l’intégrisme au nom du multiculturalisme.

Confusions au nom du multiculturalisme
C’est tout particulièrement vrai en Angleterre où le lien n’a jamais été coupé entre l’État et la religion anglicane, et où les politiques tentent de compenser cet avantage de l’Église anglicane par des droits particuliers distribués aux communautés religieuses. Comme le droit à des arbitrages familiaux rendus par des tribunaux shariatiques. Une femme musulmane ne connaissant pas bien ses droits peut dépendre d’un imam intégriste pour divorcer ou savoir quoi faire en cas de violences conjugales. C’est pour se battre contre cette ségrégation au nom du religieux que des laïques anglais, très souvent d’origine iranienne, ont créé une association « One law for all » (une loi pour tous). D’autres mènent le combat contre les accommodements dit raisonnables avec la loi commune au Canada. Homa Arjomand, présente, a empêché la reconnaissance légale de ces Cours shariatiques en Ontario. Une victoire parmi d’autres pour qu’on cesse de tolérer l’intégrisme au nom d’une vision exotique des cultures et des identités.

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Contre tous les intégrismes

Le colloque ne portait pas uniquement sur l’intégrisme musulman. Il a aussi été question de l’intégrisme juif et chrétien. Il y avait notamment le récit bouleversant de Sue Cox, à l’origine d’une association pour faire entendre la voix des victimes de viols pédophiles de la part du clergé. Celui d’une sociologue très critique envers le rôle joué par l’intégrisme juif dans le durcissement du conflit isréalo-palestinien.
Mais aussi une intervention hilarante d’un professeur de philosophie d’Oxford, AC Grayling, sur certaines croyances et superstitions hérités du monothéisme. Le tout sous haute garde. En Europe, en 2014, il est dangereux de rire de la religion, de défendre les droits des femmes, le droit au blasphème ou à l’athéisme. Et même si plusieurs intervenants ont eu raison d’insister sur le fait que la laïcité n’était pas l’athéisme, mais le droit de croire ou de ne pas croire, cette bouffée d’oxygène nous rappelle combien nous vivons dans un monde étouffé et terrorisé par la peur de manquer de respect au religieux. Face à cette peur, beaucoup de ces résistants de tous les continents ont dit leur refus de la xénophobie tout en insistant pour respirer à nouveau, dans un monde plus laïque.

Un idéal laïque sans frontières
On dit souvent que le modèle laïque n’est pas exportable. Il ne serait pas pertinent d’en parler du Pakistan ou l’Iran. Sauf qu’il ne s’agit pas d’importer ou d’exporter un quelconque modèle mais de partager un idéal.
Ceux qui pensent qu’un idéal a des frontières auraient dû assister à ces deux jours. Des dizaines de récits convergents tous, universellement, vers la même soif : vivre dans une société où l’État est séparé du religieux. Une conclusion vitale, viscérale, suppliante, à laquelle arrivent tous ceux qui ont dû vivre sous le joug de régimes théocratiques, qu’ils ont fini par fuir. Quand ils ne luttent pas en ce moment même pour qu’il ne soit pas détricoté, comme la brillante députée turque Safak Pavey.
Le colloque s’est conclu par un Manifeste pour la laïcité, signé par ces résistants du monde entier, qui exigent la séparation complète de l’État et des religions, la liberté de croire ou de ne pas croire, le droit au blasphème et l’égalité hommes-femmes, partout où les êtres humains ont soif de dignité et de liberté. C’est-à-dire sur tous les continents, dans toutes les religions. N’en déplaise aux adeptes de l’exotisme et du droit séparé selon les cultures.

 

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Une contagion intégriste très politique
Il faut entendre ces récits pour mesurer la vitesse à laquelle une société plutôt sécularisée à l’origine peut se raidir et devenir intégriste.
Des indépendantistes algériens avaient imaginé une constitution laïque avant que des autocrates du FLN ne monopolisent l’État à leur profit et jouent avec le feu de la religion officielle pour consolider leur emprise.
Au Caire, du temps de Nasser, les femmes étaient en manches courtes et allaient librement. L’idée même de leur imposer le voile, comme l’exigeait le guide des Frères musulmans, faisait hurler de rire.
En Iran, Khomeyni avait juré qu’il n’imposerait jamais le voile, avant de changer d’avis sitôt au pouvoir, grâce à une alliance anti-impérialiste mêlant religieux et marxistes contre le Chah. Il faut voir la foule de femmes libres et en cheveux descendre dans la rue pour protester contre le voile quand il l’a finalement imposé. Ces images, impressionnantes, ont été effacées de nos mémoires, remplacées par celles d’aujourd’hui : des rues de Téhéran noyées de voiles noirs. Un documentaire de Lila Ghobady — « Forbidden Sun Dance » dont on a projeté des extraits — nous permet de les redécouvrir. Elle-même a dû fuir l’Iran récemment à cause de ce film sur la danse interdite, où elle donne la parole à des danseurs et des chorégraphes, dont certains ont fait la révolution de 1979, avant de perdre leur poste de professeur de danse pour « incitation à l’adultère » juste après.

Le fanatisme prend vite, plus vite qu’on ne le croit
Le cas du Bangladesh est très parlant. Voilà un pays qui a arraché son indépendance au Pakistan en 1971, sur la base d’une langue, le Bengali. Au départ, les indépendantistes bengalis rêvaient d’un pays laïque. La constitution le prévoyait. Puis des militaires ont pris le pouvoir, imposé un régime autoritaire et sont allés chercher le religieux pour légitimer leur mise au pas. C’est à partir de là que le pays a sombré dans l’intégrisme. Quelques années plus tard, des fous se sont crus autoriser à persécuter les esprits libres comme l’écrivaine Taslima Nasreen, présente à ce colloque, simplement parce qu’elle a osé prendre la défense des minorités religieuses hindous ou critiqué l’Islam.

Les « martyrs » de la laïcité
Ces deux jours ont aussi permis de rappeler une vérité toute simple : la laïcité est la meilleure protectrice pour les minorités religieuses.
Pervez Hoodboy, un scientifique Pakistanais, l’a rappelé. Il se souvient de l’assassinat de son voisin. Un professeur Ahmadi, cette minorité musulmane persécutée par les sunnites au Pakistan. Avec sa fille, ils l’ont trouvé en sang au bas de leur immeuble. Il est mort sur le trajet de l’hôpital. Quand ils l’ont enterrée, aucun de ses collègues, pourtant d’éminents intellectuels, ne sont pas venus à l’enterrement. Simplement parce qu’il était ahmadi.
Kamira Bennoune, une professeure de droit américaine d’origine algérienne, nous a montré ces visages que l’on a oubliés, abattus par des fanatiques sur les trottoirs d’Alger, du Caire, ou plus récemment d’Irak. Simplement parce qu’ils étaient artistes, athées, d’une minorité ou mal vêtus selon ces fous. Elle a demandé aux médias de parler aussi d’eux et pas toujours de leurs assassins. Le colloque a rendu hommage à Raad al Azzawi, ce journaliste irakien ; assassiné parce qu’il a refusé de collaborer avec les hommes de Daesh… Et qui sera toujours moins connu que Ben Laden.

C’est à eux, ces résistants, et non à leurs bourreaux, pour une fois, que cette chronique est dédiée.

 

Caroline Fourest

« We Are All Kobane »: Rallying Cry of Resistants Against Fundamentalism

It was an emotional Maryam Namazie, an Iranian Marxist in exile, who stepped onto the stage to read out a message in support of Syrian Kurds: « We are all Kobanians ».

In collaboration with the Algerian Marieme Helie Lucas and others she had organized a conference which took place in London this weekend which brought together prominent men and women on the frontlines of the resistance against fundamentalism. A hall filled with heroes and heroines whom you never, or hardly ever, hear of. Because they have never beheaded nor killed. And yet they are fighting against the totalitarianism of this century, often paying with their lives. Freethinkers, not all atheists, from Pakistan, Bangladesh, Poland Afghanistan, Syria, India, USA, Morocco, Tunisia and of course Iran and Algeria.

They had all believed that by seeking refuge in Britain, India or Europe, they had finished with fundamentalism. But they all spoke of how this evil had caught up with them in the very heart of these places of refuge, poisoned by racist confusion and tolerance towards fundamentalism in the name of multiculturalism.

Confusion in the name of multiculturalism
This is particularly true in Britain where the link between the State and the Anglican Church has never been severed and where some politicians try to make up for this advantage given to the Anglican Church by distributing special rights to other religious communities. Such as the right for Sharia courts to render decisions in family disputes. A Muslim woman unfamiliar with her rights may have to depend on a fundamentalist imam in order to divorce or how to proceed in a case of domestic violence. And it was to oppose this segregation in the name of religion that British secularists, very often of Iranian origin, formed the association « One law for all ». Others are leading the opposition against the reasonable accommodations with common law in Canada. Homa Arjomand, present at the conference, prevented the legal recognition of Sharia Courts in Ontario, one of the victories in the fight against the acceptance of fundamentalism in the name of an exotic vision of cultures and identities.

Against all forms of fundamentalism
The conference was not limited to Muslim fundamentalism. It also discussed Jewish and Christian fundamentalism. We heard the heartbreaking story of Sue Cox who founded an association aimed at allowing the voices of victims of paedophile rapes perpetrated by priests to be heard. The testimony of a sociologist highly critical of the role of Jewish fundamentalism in the escalating Israeli-Palestinian conflict. But also a hilarious presentation by a professor of philosophy at Oxford, AC Grayling, on certain beliefs and superstitions inherited from monotheism. The conference proceedings took place under tight security. In Europe, in 2014, it is dangerous to poke fun at religion, defend women’s rights, the right to be blasphemous or atheist. And even if many speakers were right to stress that secularism is not atheism but the right to believe or not to believe, this breath of fresh air reminded us just how stifling and terrorized the world has become through fear of being disrespectful towards religion. In face of this fear, many of these resistants from all continents condemned all forms of xenophobia, while urging the need to breathe and live in a more secular world.

A secular ideal without borders
It is often said that the secular model cannot be exported (it would not be pertinent to discuss Pakistan or Iran), but it is not a question of importing or exporting any kind of model, but of sharing an ideal.

Those who believe that an ideal has borders should have attended this two days of conference. Dozens of presentations, each and every one of them converging towards the same desire to live in a society where the State is separate from religion. A vital, visceral, pleading conclusion arrived at by all those who have had to live under the tyranny of theocratic regimes which they were forced to flee. When they are not at this very moment fighting against the unravelling of secularism, like the brilliant Turkish deputy Safak Pavey.

The conference closed with a Manifesto for Secularism, signed by these resistants from across the world, demanding complete separation of religion from the State, freedom of religion and atheism, freedom to criticise religions, equality between women and men, wherever people are striving for dignity and freedom, i.e. on every continent, in all religions. With all due respect to believers in exoticism and separate rights for different cultures.

A highly political fundamentalist contagion
One must hear these resistants to realise how rapidly a society which was originally fairly secular can become rigid and fundamentalist.

Algerian freedom fighters had imagined a secular constitution before the NLF autocrats monopolised the State for their own benefit and began playing with the fire of state religion in order to consolidate their power.

In Cairo when Nasser was in power women wore short sleeves and were free to come and go. The very idea of forcing them to wear the veil, as demanded by the guide of the Muslim Brotherhood, was met with howls of laughter. http://www.youtube.com/watch?v=D-DZUnh8-Ro
In Iran Khomeini had sworn that he would never impose the veil, before changing his mind as soon as he came to power, thanks to an anti-imperialist alliance of religious and leftists against the Shah. We should take another look at those crowds of free women, their heads uncovered, who came out to protest against the veil when he imposed it. These striking images have been erased from our memories and replaced by today’s images: the streets of Tehran flooded with black veils. A documentary by Lila Ghobady — « Forbidden Sun Dance » http://www.youtube.com/watch?v=6RPrDhJEBZc parts of which were shown at the conference — allowed us to rediscover them. Recently she had to flee Iran herself because of this film about dancing (which is forbidden), in which dancers and choreographers spoke of their experiences, some of whom had participated in the 1979 revolution before losing their positions as dance teachers shortly afterwards on the basis of « incitement to commit adultery ».

Fanaticism can take hold quickly, faster than we think.
The case of Bangladesh is a perfect example. Here we have a country which wrested its independence from Pakistan in 1971, on the basis of a language, Bengali. At first, the Bengali independence fighters wanted a secular state. Indeed, it was guaranteed by the constitution. Then the army seized power, imposed an authoritarian regime and brought in religious leaders to legitimize their takeover. It was from this moment that the country descended into fundamentalism. A few years later religious fanatics took it upon themselves, with total impunity, to persecute freethinkers like the writer Taslima Nasreen, a speaker at this conference, simply because she dared to defend Hindu religious minorities or criticise Islam.

The ‘martyrs’ of secularism
These two days were also a remind of one basic and simple truth: secularism provides the best protection for religious minorities.

Pervez Hoodboy, a Pakistani scientist, reminded us of this. He recalled the murder of his neighbour, a teacher belonging to the Ahmadi religion, a Muslim minority persecuted by the Sunnis in Pakistan. He and his daughter were found outside their apartment building. He died on his way to hospital. Although his colleagues were all eminent intellectuals not one of them attended his funeral. Simply because he was an Ahmadi.

Kamira Bennoune, an American law professor of Algerian origin, showed us faces of those we had forgotten, shot by fanatics on the streets of Algiers, Cairo, or more recently Iraq. Simply because, in the minds of these fanatics, they were artists, atheists, member of a minority, or badly dressed. She asked the media to speak about them as well, and not just about their assassins. The conference paid homage to Raad al Azzawi, the Iraqi journalist, murdered because he refused to collaborate with Daesh… And who will never be as well known than Ben Laden.

For once, it is to these resistants and not to their killers that this commentary is dedicated.

« Todos somos Kobané », el grito de los resistentes al integrismo

Fue entre sollozos que Maryam Namazie, una marxista iraní en el exilio, subió a la tribuna para leer un mensaje de apoyo a los kurdos de Siria: « Todos somos Kobané« .

El pasado fin de semana [11-12 de octubre], en Londres, Namazie organizaba, junto con la argelina Marieme Helie Lucas y otros activistas, un coloquio que reunía a la flor y nata de la resistencia a los integrismos. Una sala llena de héroes de los que apenas se oirá hablar, porque nunca han matado ni han decapitado a nadie. Sin embargo, resisten al totalitarismo de este siglo, con frecuencia jugándose la vida. Espíritus libres, a veces ateos pero no siempre, que vienen de Pakistán o de Bangladesh, de Afganistán o de Siria, de la India, de Estados Unidos, de Marruecos, de Túnez y por supuesto, muchos de Irán y de Argelia.

Todos creían haber dejado atrás el integrismo al refugiarse en Inglaterra, en la India o en Europa. Todos explicaron cómo esta plaga les había perseguido hasta el corazón de sus refugios, gangrenados por la confusión racista y tolerancia hacia el integrismo, en nombre del multiculturalismo.

Confusiones en nombre del multiculturalismo

Esto es particularmente cierto en Inglaterra, donde nunca se han llegado a romper los vínculos entre el Estado y la religión anglicana, y donde los políticos intentan compensar esta ventaja de la Iglesia anglicana mediante la concesión de derechos particulares a las demás comunidades religiosas. Como el derecho a los arbitrajes familiares ejercidos por tribunales basados en la sharia: una mujer musulmana que no conozca bien sus derechos puede acabar dependiendo de un imán integrista para divorciarse o saber qué hacer en caso de violencias conyugales. Es para batirse contra esta segregación en nombre de la religión que diversos laicos ingleses, muchos de origen iraní, han creado la asociación « One law for all » (Una sola ley para todos). Otros combaten los llamados « accommodements raisonnables » (encajes o acomodos razonables) en la ley común en Canadá: Homa Arjomand, presente en el coloquio, ha evitado el reconocimiento legal de los tribunales basados en la sharia en Ontario. Una victoria entre otras, para que se deje de tolerar el integrismo en nombre de una visión exótica de las culturas y las identidades.

Contra todos los integrismos

El coloquio no trataba exclusivamente sobre el integrismo musulmán; se abordó igualmente los integrismos judío y cristiano. Se pudo escuchar el emotivo relato de Sue Cox, fundadora de una asociación para dar visibilidad a las víctimas de pederastia a manos de miembros del clero. O el de un sociólogo muy crítico sobre el papel jugado por el integrismo judío en la radicalización del conflicto israelo-palestino.

También se pudo asistir a una intervención hilarante de un profesor de filosofía de la Universidad de Oxford, A. C. Grayling, sobre ciertas creencias y supersticiones heredadas del monoteísmo. Todo ello, bajo severas medidas de seguridad. En Europa, en 2014, sigue siendo peligroso reírse de la religión, defender los derechos de las mujeres, el derecho a la blasfemia o el ateísmo. Y aunque diversos ponentes insistieron, con razón, en que la laicidad no equivale al ateísmo sino al derecho a creer y a no creer, este balón de oxígeno nos recuerda hasta qué punto vivimos en un mundo ahogado, temeroso de faltar al respeto a las religiones. Frente a este temor, numerosos ponentes de todos los continentes ratificaron su rechazo a toda xenofobia, pero también su insistencia en poder respirar de nuevo libremente, en un mundo más laico.

Un ideal laico sin fronteras

Se dice con frecuencia que el modelo laico no es exportable; que no es conveniente hablar de Pakistán o de Irán. Pero aquí no se trata de importar o exportar un modelo u otro, sino de compartir un ideal. Los que piensan que un ideal tiene fronteras deberían haber asistido a estos dos días de coloquio. Una decena de relatos convergían todos, de forma universal, en la misma reivindicación: la de vivir en una sociedad donde el Estado esté separado de la religión. Una conclusión vital, visceral, suplicante, a la que llegan todos los que han vivido bajo el yugo de regímenes teocráticos, y han acabado por huir. O bien luchan en este mismo momento para que esa separación entre Estado y religión no sea desmantelada, como la brillante diputada turca Safak Pavey.

El coloquio concluyó con un Manifiesto por la laicidad, firmado por resistentes del mundo entero, que exigen la separación completa de Estado y religiones, la libertad de creer y de no creer, el derecho a la blasfemia y la igualdad entre hombres y mujeres; en todos los lugares donde los seres humanos aspiran a la dignidad y a la libertad. Es decir, en todos los continentes, en todas las religiones. Mal que les pese a los adeptos al exotismo y a los partidarios de un Derecho separado, distinto para cada cultura.

Un contagio integrista muy político

Hay que escuchar estos relatos para tomar conciencia de la velocidad a la que una sociedad más bien secularizada en un principio puede acartonarse y volverse integrista.

Los independentistas argelinos habían imaginado una Constitución laica, antes de que los autócratas del FLN monopolizaran el Estado en su provecho y jugaran con el fuego de la « religión oficial » para consolidar su poder. En El Cairo, en tiempos de Nasser, las mujeres vestían en manga corta y se desplazaban libremente. La mera idea de imponerles el velo, como exigía el guía de los Hermanos Musulmanos, causaba hilaridad.

En Irán, Jomeini había jurado que jamás impondría el velo, antes de cambiar de opinión tan pronto como alcanzó el poder merced a una alianza anti-imperialista entre integristas religiosos y marxistas contra el Shah. Hay que ver las multitudes de mujeres libres, con el pelo suelto, manifestándose en la calle para protestar contra el velo cuando éste fue finalmente impuesto. Las imágenes, impresionantes, han sido borradas de nuestra memoria, sustituidas por las imágenes que nos llegan de hoy: las calles de Teherán inundadas de velos negros. Un documental de Lila Ghobady –« Forbidden Sun Dance », del cual se proyectaron algunos extractos en el coloquio- nos permite volver a ellas. Ghobady tuvo que huir de Irán recientemente a causa de este documental, en el que entrevistaba a bailarines y coreógrafos: algunos de ellos habían participado en la revolución de 1979, antes de perder sus puestos de profesores de danza justo después de su triunfo.

El fanatismo prende rápidamente, más rápido de lo que parece

El caso de Bangladesh es muy ilustrativo. Se trata de un país que consiguió su independencia de Pakistán en 1971, motivada en la existencia de una lengua distinta, el bengalí. Al principio, los independentistas bengalíes soñaban con un país laico. La Constitución así lo preveía. Pero enseguida, los militares tomaron el poder, impusieron un régimen autoritario y se sirvieron de la religión para legitimar su poder. A partir de entonces, el país se deslizó hacia el integrismo. Años más tarde, individuos radicalizados se creyeron legitimados para perseguir a espíritus libres como la escritora Taslima Nasrin, presente en el coloquio de Londres, simplemente porque ésta se había atrevido a defender las minorías religiosas hinduistas o a criticar el islam.

Los « mártires » de la laicidad

Los dos días de coloquio sirvieron para recordar una evidencia muy sencilla: la laicidad es la mejor protección para las minorías religiosas.

Lo recordó Pervez Hoodboy, un científico pakistaní. Evocaba el asesinato de su vecino, un profesor ahmadi, perteneciente a esa minoría musulmana perseguida por los suníes en Pakistán. Un día lo encontraron, con su hija, ensangrentado y gravemente herido en el portal de su casa. Murió durante su translado al hospital. Cuando lo enterraron, ninguno de sus colegas, todos ellos eminentes intelectuales, acudieron a la ceremonia. Simplemente porque era ahmadi.

Kamira Bennoune, una profesora de Derecho norteamericana, de origen argelino, nos mostó los rostros que habíamos olvidados, asesinados por fanáticos integristas en las calles de Argel, de El Cairo, y más recientemente de Iraq. Simplemente porque eran artistas, ateos, pertenecientes a una minoría o vestían de forma inapropiada, según los cánones integristas. Bennoune pedía que los medios de comunicación hablaran también de ellos, y no sólo de sus asesinos. El coloquio rindió así homenaje a Raad al Azzawi, ese periodista iraquí asesinado por haber rechazado colaborar con los hombres de ISIS… y que siempre será menos conocido que Bin Laden.

Por una vez, es a ellos, los resistentes, y no a sus verdugos, que esta crónica está dedicada.

Caroline Fourest

[Artículo traducido por Juan Antonio Cordero Fuertes, publicado en la versión francesa de The Huffington Post y reproducido en CRÓNICA GLOBAL con autorización]