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« Ensemble » : l’alibi de gauche des intégristes

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Le courant « Ensemble » de Clémentine Autain ne comprend décidément rien à l’intégrisme. Entre les deux tours, il n’a rien trouvé de mieux que de relayer l’annonce du meeting de Tariq Ramadan et ses amis, « Ni Charlie ni Paris », à qui la mairie de Saint-Denis a prêté la salle pour dénoncer la politique antiterroriste du gouvernement.

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Et cela n’a rien d’une première.

En 2004, Clémentine Autain avait signé l’appel des Indigènes de la République, puis retiré sa signature en découvrant celle de Tariq Ramadan. Sans comprendre que l’ensemble du texte attaquait les féministes laïques !

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Elle participe d’ailleurs volontiers aux « Y a bon Awards » attaquant toute personne défendant la laïcité comme raciste…

Clémentine Autain et « Ensemble » ont également participé à la Marche de la dignité, organisée par les réseaux proches d’Indigènes de la République.

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Ensemble a également signé l’appel du meeting du 6 mars 2015 dénonçant « l’islamophobie et le climat de guerre sécuritaire » après les attentats de Charlie et de l’Hyper Casher. En compagnie de l’UOIF (à qui Ensemble reproche simplement d’être contre le mariage pour tous !), mais aussi de Participation et Spiritualité musulmane, du CCIF, du Parti des Indigènes de la République, les Indivisibles, Oumma.com, et la Junta islámica….

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Le communiqué d’Ensemble est alors co-signé par Laurent Lévy… L’un des animateurs d’Ensemble et l’un des plus farouches opposants à la loi de mars 2004 sur les signes religieux à l’école publique. Ses deux filles, militantes voilées, Lila et Alma Lévy, ont mené campagne contre cette loi. Elles ont écrit un livre où elles expliquent leur dégoût des homosexuels ou encore défendu que la lapidation était un « choix ».

Avec vous, Le Planning ne (la) fermera pas !

Marion Maréchal Le Pen et d’autres candidats du Front national aux élections régionales veulent supprimer les subventions du Planning Familial sur leurs territoires. Cela revient à remettre en cause l’accès à l’information, l’accueil et l’accompagnement sur les droits et la santé sexuelle de la population.

Aujourd’hui, dans ses 76 associations implantées sur tout le territoire, le PF écoute, informe et oriente plus de 500 000 personnes en particuliers des jeunes.

Supprimer les subventions de notre réseau d’associations c’est tout simplement afficher la volonté de museler la lutte contre les inégalités vécues par les femmes, mais aussi les hommes : sur leur droit de vivre une sexualité libre, préservée des risques de grossesses non voulues et d’infections sexuellement transmissibles,  à l’abri des violences et des discriminations liées au genre et à l’orientation sexuelle.

En s’en prenant au Planning familial, le FN s’attaque à la liberté chèrement acquise de milliers de femmes et d’hommes, jeunes et adultes, dans leurs choix de vie : la régression !

Vous avez déjà été nombreux et nombreuses à nous soutenir et nous vous en remercions. Le Planning fait partie de vos vies : vous avez entendu parler de nous au collège, vous êtes venus.es nous voir en cachette ou avec un.e ami.e, vous nous avez demandé des préservatifs, des tests de grossesse ou juste un conseil, une écoute bienveillante. Et combien de générations, après vous, feront aussi appel à nous ?

Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin de vous : signez cette pétition et montrez avec nous que Le Planning ne (la) fermera pas !

 

Ces informations sont nécessaires à la prise en compte des signatures et font l’objet d’un traitement informatique. Conformément à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée en 2004, vous bénéficiez d’un droit d’accès et de rectification aux informations qui vous concernent, que vous pouvez exercer en vous adressant à : webmaster@planning-familial.org

http://www.planning-familial.org/content/petition-avec-vous-le-planning-ne-la-fermera-pas-0025096

A propos des anti-laïcs qui invoquent l’esprit Charlie pour tenter ironiquement de décrédibiliser les laïcs :

La manifestation historique en réponse aux attentats de Charlie Hebdo de janvier 2015, réunissant plus de 4 millions de français dans la rue, a laissé amers certains éternels adeptes du laïcité-bashing. Entendre des manifestants scander « Je Suis Charlie », sentir cette compassion et ce soutien spontané et non-violent envers ces 12 personnes assassinées de sang-froid a en effet de quoi les irriter.

Il était donc prévisible qu’une fois passées ces démonstrations de solidarité, des voies discordantes allaient profiter de l’espace médiatique (télévision ou radio pour les plus connus, mais aussi les réseaux sociaux) pour reprendre les attaques contre Charlie Hebdo. Emmanuel Todd et ses « catholiques zombis » dans Qui est Charlie ? est certainement un des meilleurs ambassadeurs de cette gauche islamo-complaisante. Le refrain « je suis contre ces attentats… MAIS ils l’ont quand même un peu cherché » prend peu à peu de l’ampleur et de l’espace.

Au-delà de ces attaques qui confondent victimes et terroristes, qui ont au moins le mérite d’être reconnaissables, d’autres attaques plus sournoises et moins directes prennent place. Et bizarrement, elles viennent le plus souvent des spécialistes de la rhétorique du « deux poids, deux mesures » entre le traitement médiatique ou judiciaire des musulmans (qu’ils considèrent toujours forcément opprimés, même les plus extrémistes), et les laïcs (ou les Juifs).

Il s’agit pour ces personnes de dénoncer les partisans du « Je Suis Charlie », qui ne seraient selon eux en faveur de la liberté d’expression que lorsqu’il s’agit du journal satirique. La supercherie serait donc dévoilée, les Charlie ne seraient que de dangereux censeurs dès lors qu’une personne ne se dit pas Charlie, ou dès qu’ils émettent des critiques envers ces défenseurs de l’islamisme, même pour défendre les droits des femmes ou des minorités sexuelles. Selon eux, si X est Charlie et émet un argument critique envers une opinion intégriste de Y, il serait donc contre la liberté d’expression de Y. Et donc « Je Suis Charlie » ne serait qu’une immense arnaque à la fois « raciste » et « anti-liberté d’expression ».

Un peu de pédagogie s’impose face à cette tendance tendant à imposer la confusion intellectuelle.

Mettons de coté l’indécence et le cynisme de ces personnes qui osent comme seul argument en appeler à l’esprit Charlie, esprit satirique et irrévérencieux envers les religions qu’ils ont combattu depuis tant d’années.

La liberté d’expression en France permet le droit à la critique des institutions religieuses, des textes religieux, et donc le droit au blasphème, mais la loi interdit l’incitation à la haine envers les individus et donc l’incitation à la haine raciale, ethnique ou religieuse, l’apologie de crimes de guerre, les propos discriminatoires à raison d’orientations sexuelles, d’un handicap, ou le négationnisme. C’est ce pourquoi Dieudonné est régulièrement condamné. L’esprit Charlie n’est pas la liberté d’exprimer des idées haineuses pénalement répréhensibles, qu’il a par ailleurs toujours combattues.

Charlie Hebdo et ses journalistes et dessinateurs n’ont jamais demandé à supprimer la parole des intégristes de l’espace médiatique. C’est au contraire un journal de débats, qui milite pour la confrontation des idées sans tabou, et en toute clarté. Ce qui implique d’inviter l’extrême droite-religieuse ou politique dans les médias, en présentant ces invités comme tels, et en apportant des contradicteurs. En aucun cas de les bâillonner, malgré ce que ces champions de la victimisation espéreraient.

Enfin, comment ne pas évoquer l’hypocrisie de ces rhétoriques ? Si ces personnes invoquent la liberté d’expression pour défendre la diffusion des idées anti-laïques, elles ne peuvent donc pas rejeter les laïcs qui utilisent également leur liberté d’expression à juste titre pour critiquer ces idées…
Carla Parisi

http://carla-parisi.blogspot.fr/2015/12/a-propos-des-anti-laics-qui-invoquent.html

Régionales : 9 raisons féministes de ne pas voter FN

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Ce dimanche 6 décembre, les Français-e-s seront invité-e-s à voter pour le premier tour des élections régionales, dans les 13 nouvelles régions. Alors que des sondages donnent le Front National en tête des intentions de vote au premier tour dans 6 régions, Osez le féminisme ! donne 9 raisons de ne pas voter pour le FN :

1) Parce que le FN est contre le droit d’avorter : les récentes déclarations de Marion Maréchal Le Pen et Louis Aliot nous le prouvent. Quand ces têtes de liste FN affirment qu’ils couperont les subventions accordées aux plannings familiaux dans leurs régions s’ils sont élus (faisant fi du fait que l’attribution ou la non-attribution d’une subvention n’est pas le fait du prince, mais d’un processus démocratique de sélection de projets), c’est bien une attaque contre le droit fondamental des femmes à disposer de leur corps qu’ils opèrent.

2) Parce que quand Marine Le Pen affirme que non, le FN n’est pas contre le droit d’avorter (tentant ainsi de rectifier les propos de sa nièce), elle ment. Osez le féminisme ! n’oublie pas que c’est elle qui, lors des élections présidentielles de 2012, a théorisé le concept “d’avortement de confort”, faisant passer les femmes qui avortent pour des irresponsables. C’est aussi elle qui porte un programme politique dans lequel il est question du “libre choix de ne pas avorter” à travers “l’adoption prénatale”. Quand un parti politique pense l’avortement comme un problème auquel il faut remédier, c’est qu’il n’en fait pas un droit à part entière.

3) Parce que les deux député-e-s frontistes qui siègent à l’Assemblée nationale ont voté systématiquement contre tous les textes présentant des avancées pour les droits des femmes (loi pour l’abolition du système prostitutionnel, loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, loi sur le harcèlement sexuel, loi santé qui comporte des mesures renforçant le droit d’avorter, résolution réaffirmant l’engagement de la France pour le droit d’avorter, etc.).

4) Parce que les eurodéputé-e-s FN qui siègent au Parlement européen ont voté systématiquement contre tous les rapports permettant des avancées pour les droits des femmes en Europe. Alors que tous les élu-e-s FN ont voté contre le “rapport Tarabella”, le responsable de la délégation FN au parlement, Aymeric Chauperade, a même été jusqu’à qualifier l’avortement “d’arme de destruction massive contre la démographie européenne”.

5) Parce que le FN est contre la parité en politique. Que propose le FN pour permettre aux femmes d’être davantage présentes en politique ? Rien. Bien au contraire, le FN prône une vision familialiste de la société, où les femmes sont invitées à avoir des enfants et à rester au foyer avec un “salaire parental”. Là encore, il est question du “droit des femmes à rester chez elles”… pour permettre de réduire le chômage masculin. Dans son projet visible disponible sur Internet, le FN affirme que la parité appartient à «cette idéologie différentialiste et multiculturelle, qui n’est qu’une forme de racisme inversé». Ils ajoutent: «Les premières victimes en sont les hommes blancs hétérosexuels».

6) Parce que le FN ne “défend” les droits des femmes que quand cela lui permet de taper sur les personnes de confession (ou de supposée confession) musulmane. Ainsi, le FN se positionne contre le voile non pas pour défendre l’émancipation des femmes, mais bel et bien pour stigmatiser une partie de la population qui, selon les valeurs réactionnaires du FN, ne s’intègrerait pas bien. Les attaques réitérées contre les musulmans deviennent d’ailleurs l’axe de campagne principal de la dernière ligne de droite de Marine Le Pen.

7) Parce que le FN défend une laïcité à géométrie variable. Affirmant que les musulmans « ne peuvent avoir exactement le même rang » que les chrétiens ou encore que la France est “culturellement chrétienne”, Marion Maréchal-Le Pen met en péril la laïcité. La laïcité est pourtant un outil indispensable pour penser et mettre en oeuvre l’égalité femmes-hommes dans la société. Elle ne doit pas être instrumentalisée pour stigmatiser des catégories de personnes.

8) Parce que le FN ne lutte pas contre les violences faites aux femmes. Pour le FN, les violences faites aux femmes sont le fait de “l’étranger”. Nous savons pourtant qu’elles sont d’abord installées dans la sphère familiale. En niant les chiffres et les réalités de cet enjeu, le FN contribue à l’invisibilisation de ces violences.

9) Parce que les régions, par leurs compétences, peuvent agir concrètement pour les droits des femmes, si volonté politique il y a : lutte contre le harcèlement sexiste et sexuel dans les transports, financement de centres d’hébergements pour femmes victimes de violences, intervention dans les lycées sur l’éducation à la sexualité et le respect, financement des plannings familiaux et des associations qui oeuvrent pour l’égalité femmes-hommes, mise en oeuvre de politique d’insertion dans l’emploi pour les femmes précaires, développement d’un service public de proximité et de qualité, qui bénéficie à tout le monde, et surtout aux femmes, etc.

Le Front National n’a aucune volonté politique en matière d’égalité femmes-hommes si ce n’est celle de la combattre. Qu’il s’agisse de ses prises de position sur la soi-disante “théorie du genre”, sur l’avortement ou sur la place des femmes dans la société, ce parti n’a cessé de nous prouver son opposition farouche aux droits des femmes. Il est donc important de lui barrer la route dans les urnes

http://www.osezlefeminisme.fr/article/regionales-9-raisons-feministes-de-ne-pas-voter-fn

 

Loubna Abidar, violemment agressée

Loubna Abidar, personnage principal du dernier long métrage de Nabil Ayouch, « Much Loved », a été agressée le 5 novembre 2015 dans la soirée à Casablanca.

L’information a été diffusée par HuffPost Maroc et les réseaux sociaux.

Dans un post, l’actrice qui a décroché le Valois de la meilleure actrice pour son rôle de prostituée dans « Much Loved » raconte :

« J’ai été victime d’une agression à Casablanca. Aucun commissariat ni hôpital n’a voulu m’accepter. Je me suis rendue à la Wilaya de Casablanca. Tout le monde se moquait de moi et disait: ‘Tu es enfin venue, Abidar! » Tout cela parce que j’ai fait un film que vous n’avez pas regardé. Vous avez regardé ce qu’ils ont voulu vous montrer », témoigne l’actrice dans une vidéo publiée sur Facebook.

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 Loubna Abidar, avait reçu plusieurs  menaces de mort suite à la publication d’extraits du films sur Internet.

 

Lettre ouverte aux journalistes ayant couvert la « marche de la dignité »

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Vous devez vous demander pourquoi ils n’étaient pas plus nombreux, ce week-end, à marcher contre les violences policières et le racisme à Paris ? Entre 10 000 selon les organisateurs et 3500 selon la police.

Même entre les deux, c’est peu au vu du climat. Une époque où Nadine Morano réduit la France à un pays de « race blanche », Robert Ménard part en guerre contre les kebabs, où l’avocat de Riposte laïque tire sur des magistrats, le tout à la veille d’élections où plusieurs régions risquent de tomber aux mains de l’extrême droite

Cette actualité n’était pas l’objet de cette marche, surtout préoccupée par les violences policières anti-Noirs aux Etats-Unis. Des militants sincères s’y sont associés sans connaître vraiment ses buts et ses intentions. A la suite d’un battage médiatique enthousiaste, qui n’a jamais pris le temps, ou presque, de dire qui se cachait derrière la figure d’Angela Davis et les quelques visages mis en avant. Ni pourquoi aucune grande organisation antiraciste ne pouvait, en connaissance de cause, s’associer à cette manifestation.

Sans doute certains journalistes étaient-ils trop occupés à cracher sur le Prix laïcité ayant rendu hommage à Charlie et à Charb quelques jours auparavant. A écrire, sans avoir enquêté, qu’on y avait sommé une journaliste voilée non accréditée de retirer son voile… Alors qu’il s’agissait d’une remarque balayée par les organisateurs et qu’elle a bien pu entrer, même sans accréditation, malgré les mesures de sécurité qu’impliquent un événement si sensible. Comment les mêmes journaux, toujours les mêmes, auraient-ils trouvé le temps d’enquêter sur la « Marche de la dignité » ?

Ils n’avaient pas de mots assez joyeux pour décrire cette manifestation où l’on a mis, nous a-t-on bien précisé, « les femmes en avant ». Sans que l’on comprenne en quoi « les femmes » étaient particulièrement visées par les violences policières, qui concernent plutôt les hommes… Les réseaux à la pointe de cette manifestation écrivant que le racisme post-colonial utilise la cause des femmes pour attaquer en fait « le garçon arabe », nous en déduisons qu’il s’agit d’une technique marketing pour appâter les médias. Force est de constater qu’elle a bien marché.

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Le PIR à la manœuvre

Mais de quelles « femmes » parlons-nous, si du moins leurs idées et non leur genre ont encore une importance aux yeux de certains médias ? De militantes pro-voile emmenées par Houria Bouteldja des Indigènes de la République, au premier rang, et à la manœuvre depuis des semaines avec les signataires pro-islamistes, antiféministes et antilaïques, de l’appel.

Il suffisait de jeter un œil à la liste des premiers signataires pour y trouver tous les faux nez des associations proches de Tariq Ramadan, qui n’a pas ménagé ses efforts pour battre le rappel.

Les journalistes ont omis de préciser que le Parti des Indigènes de la République n’est pas contre toutes les  violences… Il soutient par exemple volontiers l’intifada des couteaux et manifeste avec ceux qui réclament « des armes pour le Hamas ». Cela explique peut-être pourquoi cette marche de « la dignité » était couverte de drapeaux palestiniens. Mais surtout pourquoi le texte d’appel de la marche a oublié d’inclure la lutte contre l’antisémitisme… Alors qu’un Juif a encore été agressé au couteau il y a quelques jours en France, par un « déséquilibré » selon les journaux. Forcément, quand on glisse au point de tomber avec un couteau sur un Juif, parce que Juif, c’est qu’on a bien dû perdre l’équilibre à un moment donné…

Visiblement, cela ne méritait pas de faire l’objet de l’appel à la manifestation. Seulement de quelques pancartes. Peut-être des manifestants égarés, qui ne devaient pas bien savoir où ils mettaient les pieds.

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Une manifestation surtout anti-Charlie

Voltuan, militant régulier des manifs de la capitale,  a bien failli se faire lyncher pour avoir brandi « All lives matters », et non seulement « Black lives matters ». Aux Etats-Unis, ce slogan peut-être douteux s’il est porté par la droite refusant de voir qu’on tue surtout des Noirs lors des contrôles policiers… Mais à Paris, porté parmi d’autres slogans, dans un esprit universaliste, il n’y avait quand même pas de quoi s’énerver. Il a été éjecté.

Sur Twitter, une marcheuse se présentant comme « queer » et « afro-féministe » s’est également plaint qu’un homme blanc se permette de manifester contre le racisme derrière elle…. Avant de se féliciter des slogans criés contre le « Charlisme d’Etat » et « l’intégration par le jambon ». Mais ça non plus, on ne pouvait pas le lire dans les comptes-rendus de l’AFP.

Au micro des organisateurs, on a passé quelques minutes — tout de même — à huer le racisme et de longues minutes à huer la loi sur les signes religieux à l’école publique, Femen et Charlie : « les ‘je suis Charlie’, on en veut pas! Les femens, on en veut pas! L’islamophobie,  on en veut pas! »

Des manifestantes voilées portaient même une pancarte « Fourest, ta race ». D’autres disaient « Morano ta race », toujours en utilisant le mot « race » sans guillemets. Preuve, s’il en était besoin, que les racistes et les racialistes ont le même vocabulaire. Un vocabulaire dénoncé par les antiracistes universalistes, qu’il faut bien abattre si l’on veut substituer le combat confessionnel et « racial » au combat social et antiraciste.

Sihame Assbague, grande fan de Tariq Ramadan et du rappeur Médine, a le mérite d’être claire : « je suis pour le démantèlement de Sos racisme » a-t-elle déclaré à Mediapart.

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Les antiracistes laïques, voilà l’ennemi !

C’était bien l’objet sous-jacent de cette marche. Importer la violence et le communautarisme à l’américaine. Monter les victimes d’« islamophobie » et de « négrophobie » contre les juifs et laïques, qu’ils soient juif, arabe ou noir.

Pour le comprendre, il ne faut pas se contenter de tendre le micro à deux ou trois porte-parole poussés en avant pour faire oublier les dizaines d’organisations ayant rédigé l’appel. Il faut lire leurs textes, leur doctrine. Le PIR (Parti des Indigènes de la République), écrit par exemple : « Comme il existe un rapport de force entre les #races, le but de notre organisation est de le politiser pour le faire basculer en notre faveur ».

Des consignes que les ceux qui couvraient la manifestation n’ont pas non plus jugé utile de rapporter, pas plus que les slogans entendus. La parole des « Indigènes », c’est bien connu, compte moins que leur couleur et leur jolie diversité…

S’ils avaient délaissé deux secondes leur paternalisme post-colonial et leur exotisme, ou s’ils faisaient simplement leur métier, ils auraient expliqué en quoi cette marche ne représente pas le camp de l’antiracisme mais sa division entre antiracistes communautaristes et antiracistes laïques. Et pourquoi beaucoup ne s’y sont pas associés.

Même Esther Benbassa s’y est rendue en se bouchant le nez ! Edwy Plenel, lui, prenait des selfies avec son nouveau public, découvert grâce aux conférences avec Tariq Ramadan. Sergio Coronado des Verts, qui n’a jamais ménagé son enthousiasme pour le prédicateur ultra-puritain, n’allait pas rater la fête. Quant à Clémentine Autain, dont le courant au Front de gauche est à la pointe de l’alliance avec les anti-Charlie, elle s’est précipitée et a tweeté d’émerveillement sur le cortège de « femmes » mené par Houria Bouteldja.

C’est tout le problème de certains politiques. A force de ne traiter les électeurs que comme des indigènes, ils vont finit par croire qu’il s’agit d’un peuple.

Aline Baïf, ProChoix

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Boycottons la « Marche de la dignité », soyons vraiment contre le Racisme

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Beaucoup d’antiracistes ont vu venir le piège. Une marche organisée par le PIR, le réseau des Indigènes de la République, pour instrumentaliser la cause antiraciste et la mettre au service de ses obsessions (ils viennent encore de réclamer des armes pour les intégristes du Hamas !). Un vrai cadeau pour la propagande d’extrême droite… Qui fera monter le racisme.

Refusons d’être instrumentalisés.

Ne marchons pas pour l’intégrisme.

Refusons d’opposer un racisme à un autre.

Soyons contre tous les racismes et tous les intégrismes.

Boycottons la « Marche de la dignité ».

Prochoix, le 31 octobre 2015

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D’autres réseaux, libertaires, anarchistes, antifascistes se mobilisent pour alerter… 

Lettre ouverte à ceux qui pensent que participer à la Marche-de-la-dignité-contre-le-racisme-avec-le-soutien-d’Angela-Davis n’est pas un problème

samedi 17 octobre 2015

Vous avez peut être prévu d’aller marcher avec dignité contre le racisme le 31 octobre prochain en répondant à l’appel porté par Amal Bentoussi. Vous n’avez peut être pas prêté particulièrement attention au fait que cette initiative a été lancée par le Parti des Indigènes de la République ou vous avez renoncé à prendre en compte ce que cela signifie. L’appel lui-même se donne d’ailleurs l’air assez normal et évite les formules choc dont le P.I.R. s’est pourtant fait une spécialité. On pourra tout de même y relever l’énumération significative des « Noirs, Arabes, Rroms et Blancs des quartiers » (fausses évidences et vraies assignations identitaires, dont la dernière est une nouvelle née des sept familles de la racialisation) et tant pis pour les prolétaires, « des quartiers » ou pas, qui ne rentrent pas dans ces catégories, les débordent ou tout simplement les refusent. L’appel du meeting de préparation à Saint Denis nous replace clairement sur les terres du P.I.R., qui ne laissent comme terrible horizon que la religion et la race, puisqu’on y dénonce les « discriminations systémiques », avec la mise en avant de 3 catégories prioritairement discriminées : les « musulmans », les « Noirs », les « Rroms ».

 

On ne marchera donc pas ce jour là pour la « dignité » de tout un chacun.

De l’habituel racisme au singulier contre lequel on propose de marcher dans le titre, on passe, à la fin du texte d’appel, aux racismes au pluriel, déclinés ainsi : « l’islamophobie, la négrophobie, la rromophobie galopantes », il ne manque que l’évocation du « philosémitisme d’état » pour retrouver à l’identique les déclarations plus que contestables de la porte parole du P.I.R., à Oslo par exemple. D’ailleurs, dans la présentation des signatures de l’appel on sépare et on hiérarchise les « femmes racisées », puis les stars et « personnalités », puis les « associations de racisées », enfin les « soutiens » qui sont les personnalités et groupes non racisés ou qui ne sont pas cités à ce titre.

On marchera donc ce jour-là pour la promotion d’un anti-racisme repeint aux couleurs de la race.

Effectivement, cette marche n’est pas une promenade de santé, c’est

une étape dans l’avancée d’un projet politique en cours.

  • Il s’agit pour les initiateurs de se poser en médiateurs universelsdétenant le monopole des réalités des banlieues et des quartiers populaires, mais aussi de la question des migrants, pour polariser la conflictualité qui peut y prendre place à travers un filtre racial et judiciariste.
  • Il s’agit aussi d’une tentative de récupérationà la portée bien plus large que celle que SOS Racisme a opéré dans les années 80, et s’en inspirant sans doute : on s’approprie ici ouvertement la marche de 83bien sûr, mais aussi les émeutes de 2005, et au-delà, l’ensemble de l’héritage des luttes immigrées, que ce soit sur les questions des papiers, du travail, du logement, ou sur d’autres terrains, qui court sur plusieurs décennies.
  • Il s’agit donc de la construction d’enjeux politique autour de la question raciale avec l’approbation de la présence de personnalités plus qu’infréquentables, officiellement signataires de l’appel : par exemple Tariq Ramadan, ambassadeur des frères musulmans (dont le Hamas est une des branches), Médine, connu pour ses quenelles de soutien à Dieudonné et sa proximité avec le commercial raté antisémite du suprémacisme noir Kémi Séba, Ismahane Chouderde Participation et Spiritualité Musulmanes, groupe qui a appelé à la « Manif pour tous » et qui a partie liée avec l’assassinat de militants d’extrême gauche au Maroc dans les années 90, et bien sûr Saïd Bouamama, collaborateur régulier du pro-négationniste Michel Collon, et Houria Bouteldja, porte parole du P.I.R., coutumière des plateaux télé, de l’éloge de la famille, de l’ordre et de l’obéissance aux structures communautaires et à la religion, ainsi que des invectives antisémites, contre le métissage, homophobes et sexistes.

On ne marchera donc pas ce jour là seulement avec la dignité, mais aussi avec ses nouveaux amis. Dieudonnistes, panislamistes, protofascistes religieux : la dignité a de bien mauvaises fréquentations en ce moment, sans même parler de ceux qu’elle ne présente pas le premier soir.

Nous sommes de plus en plus nombreux aujourd’hui d’horizons relativement variés, révolutionnaires, anarchistes, communistes anti-autoritaires, militants, entre autres, des luttes de l’immigration, épris sans doute davantage d’émancipation que de dignité et de justice, à s’opposer à la récupération en cours et à refuser la proposition politique portée par cette initiative.

Le 31 octobre, même du pied gauche, ne marchons pas dans cette combine !

Source : Anonyme

Un avocat de Riposte Laïque tire sur le bâtonnier de Melun

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Joseph Scipilliti avocat du mouvement d’extrême droite Riposte laïque  a tiré sur Henrique Vannier, le  bâtonnier de Melun, dans son bureau. Depuis 2007, Prochoix met en garde contre la radicalisation et l’incitation à la violence du site Riposte Laïque

Articles sur Riposte Laïque : http://www.prochoix.org/cgi/blog/index.php/?q=riposte+laique

• Première mise en garde de Caroline Fourest contre Riposte laïque : « Laïcité : la clarification est un combat » (octobre 2007)

• Affaire des Vosges : Le traquenard tendu par l’extrême-droite chrétienne

• Riposte laïque : analyse d’une stratégie

• La chronique de Caroline Fourest contre l’Apéro Saucisson (12 juin 2010) :

• Le dossier de la Revue ProChoix (n°52) sur le Bloc identitaire :

• La chronique de Caroline Fourest sur les Assises contre l’islamisation (20 décembre 2010) :

 

La ligue de l’enseignement fête la laïcité avec les amis de Tariq Ramadan

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Il ne faut pas s’étonner si les enseignants ont du mal à reconquérir les territoires perdus de la République.

Fidèle à sa dérive, la Ligue de l’enseignement a décidé de fêter ses 150 ans et la laïcité en compagnie d’Edwy Plenel et du European Muslim network : le think tank grâce auquel Tariq Ramadan fait du lobby à Bruxelles. Bien sûr, aucune des grandes voix ayant défendu la laïcité contre les intégristes n’a été invitée.

Ce n’est pas surprenant. Le noyautage de cette institution, l’une des plus influentes et l’une des plus subventionnées,  a commencé en 1997. Caroline Fourest le raconte dans son livre sur Tariq Ramadan.

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Voici l’extrait de FRERE TARIQ de Caroline Fourest (Grasset, Paris 2004)

Pour réussir son entrée dans la gauche laïque, Ramadan a bien vite compris qu’il lui faudrait une autre caution que celle fournie par le dialogue interreligieux. Il doit absolument pouvoir se revendiquer d’une structure insoupçonnable du point de vue laïque. L’occasion se présente en 1997 avec l’instauration d’une « Commission islam et laïcité » au sein de la Ligue de l’enseignement, l’institution d’éducation populaire laïque par excellence. Du pain bénit.

La Ligue a le profil idéal. L’un de ses présidents a présidé la commission chargée d’établir la loi de 1905. Mais l’association est complexée par une autre histoire, moins glorieuse, celle de son attitude lors de la colonisation. Un autre président, Albert Bayet, a eu une position très ambiguë sur l’Algérie. Il était même plutôt du côté de l’Algérie française. Ce qui embarrasse tous ses successeurs et héritiers. Voilà pour le terrain favorable, sur lequel vient se greffer le parcours individuel de deux militants mêlant marxisme et mysticisme : Michel Morineau et Pierre Tournemire, tous deux à l’origine de la commission, d’abord intitulée « La France, l’islam, perspective d’avenir » avant de devenir « Islam et laïcité » en 1997.

Michel Morineau est un autodidacte qui a reçu une éducation catholique. Il se définit comme « agnostique » mais milite au nom de sa foi chrétienne pour les bonnes causes (il a notamment été président de Chrétiens et sida). Secrétaire général de la Ligue, il est entre autres chargé des relations avec les jésuites.

Ce dirigeant syndical a entendu parler de Ramadan au moment de son interdiction de séjour par Jean-Louis Debré. Depuis, il rêve de le rencontrer. La création de cette commission va servir de prétexte à cette rencontre. C’est le début d’une amitié qui ne s’est jamais démentie depuis. Tariq Ramadan a même dédié son dernier livre d’entretiens au militant de la Ligue : « A Michel Morineau, de « coeur et d’intelligence » sur la route »… Ramadan peut le remercier. Depuis son passage à la Ligue de l’enseignement, il a incroyablement gagné en légitimité et en contacts. Mais Morineau le défend de toute arrière-pensée : « Ceux qui prétendent qu’il a fait de l’entrisme à la Ligue de l’enseignement se trompent. C’est moi qui l’ai invité à participer à la commission « Islam et laïcité ». Il était l’un des rares musulmans à connaître le véritable sens du mot laïcité. Pendant trois ans, nous avons tenu près de 40 réunions. Il n’en a pratiquement manqué aucune. » Il faut dire que les réunions se faisaient souvent en fonction de ses disponibilités…

Quel est l’objectif de cette Commission ?

« Faire l’analyse circonstanciée de la présence musulmane dans la société française pour chercher les voies d’une intégration harmonieuse dans le cadre intangible de la laïcité et de sa philosophie politique. »

Voilà pour la déclaration d’intention. Dans les faits, l’influence croissante d’un Tariq Ramadan va peu à peu renverser la vapeur. Au final, la Commission va surtout permettre au prédicateur de se faire accepter par la gauche laïque, notamment grâce à des colloques organisés avec le Cercle Condorcet, proche des francs-maçons, avec l’UNESCO, ou encore avec la revue Confluences Méditerranées. Au départ, bien entendu, toutes les tendances de l’islam ont été conviées, même celles que Morineau juge visiblement moins fines connaisseuses de la laïcité… comme les musulmans laïques par exemple !

Pendant des mois, sous l’arbitrage de militants de gauche fascinés par l’ambassadeur des Frères musulmans, des musulmans modernistes et anti-islamistes comme Soheib Bencheikh, Leïla Babès ou des représentants de la Mosquée de Paris ont dû faire semblant de pouvoir dialoguer avec les relais des islamistes en France : Larbi Kechat de la Mosquée Adawa et les troupes de Ramadan, – dont Farid Abdelkrim (l’auteur de Maudite soit la France ? !), Fouad Imarraine et Yamin Makri des éditions Tawhid. Les réunions attirent environ 35 personnes, allant des musulmans les plus modernes et rationalistes à ceux qui les traitent dans leur dos de « colonisés » et d’« assimilés » en passant par Hanifa Cherifi, Betoule Fekkar Lambiotte, Gaye Petek, des militants du MRAP et de la Ligue des droits de l’homme comme Michel Tubiana, Serge Jakobowicz, Driss el-Yazami, le père Maurice Lelong, Gilles Couvreur et bien sûr Alain Gresh.

Sans surprise, l’ambiance n’est pas au beau fixe entre les musulmans libéraux et les intégristes. Mais du côté des militants de la Ligue, c’est l’incompréhension.

Jean Offredo, membre du Cercle Condorcet, ne comprend toujours pas pourquoi les uns et les autres étaient incapables de s’entendre : « C’est toujours difficile de savoir s’il ne s’agit pas de querelles personnelles. » En l’occurrence, si querelles personnelles il y avait, elles cachaient surtout un enjeu autrement plus politique : qui des partisans de l’islam laïque ou de ceux de l’islam intégriste aura droit à la reconnaissance de la gauche laïque ?

Grâce au manque de vigilance de certains militants de gauche, ce sont les intégristes qui emportent le morceau. Les musulmans libéraux ne supportent plus de passer pour des intolérants à force de devoir assister, sans broncher, au numéro qu’ils ont connu en Algérie. Ils sont épuisés de voir que les militants de gauche français ne comprennent rien à ce qui est en train de se jouer, ulcérés de devoir endurer les colères de Ramadan chaque fois que l’on évoque al-Azhar, Mohammed Charfi ou Abdel Raziq.

Au lieu de quoi, c’est le petit-fils du fondateur des Frères musulmans qui joue la vedette. La plupart ne viennent plus. Le mufti de Marseille fait savoir pourquoi. Mais les piliers de la Commission n’en tiennent pas compte. Chaque départ de musulman laïque est compensé par l’arrivée d’un émule de Ramadan, notamment issu du milieu lyonnais, montant à Paris aux frais de la Ligue de l’enseignement pour y tenir réunion avec leur maître à penser. Car il faut préciser que, durant trois ans, cette organisation a payé les déplacements (avion + hôtel), non seulement à l’ambassadeur des Frères musulmans mais aussi à ses partisans de l’UJM, du JALB ou de l’UOIF !

Les islamistes pouvaient donc organiser leurs réunions à Paris aux frais de la Ligue, qui est décidément bonne nourricière.

Un jour enfin, les militants de la fédération du Rhône de la Ligue protestent. Ils sont bien placés pour connaître le caractère intégriste parfaitement nocif des groupes que leur organisation est en train de subventionner, mais leurs objections sont ignorées par Paris, où l’ambiance est plus que cordiale entre les islamistes et les militants de la Ligue. Il n’est pas rare que les ligueurs et certains jeunes islamistes aillent au restaurant ensemble après les réunions. Tariq Ramadan s’y rend plus rarement. Comme il le dit lui-même, la « collaboration ce n’est pas le mariage » ! Et puis, il ne goûte pas vraiment les ripailleries et les repas arrosés de vin. Heureusement, lorsqu’une rencontre est prévue sur toute une journée,  Morineau veille à ce qu’il n’y ait pas de porc au buffet et à ce que tout se termine à 16 heures.

Cette mascarade aurait pu continuer longtemps sans l’intervention de Jacqueline Costa-Lascoux, qui préside à l’époque la Ligue de l’enseignement. Ancienne membre du Haut Conseil à l’intégration, elle a fait dix ans de théologie musulmane. Avec elle, le numéro d’esbroufe de Ramadan ne prend pas vraiment. Même si elle est obligée de respecter sa présence au sein de la Commission islam et laïcité, elle supporte de moins en moins l’évolution de la Commission vers un tremplin pro-Ramadan : « Je me suis battue contre ce resserrement sur un seul courant. J’ai vu progressivement ces jeunes changer de relations avec Ramadan, qui devenait le maître, le gourou. Les femmes, elles, venaient de moins en moins. » Elle se souvient aussi de cette réponse, cinglante, faite par le prédicateur le jour où elle lui a demandé de se situer par rapport à la loi de 1905 : « C’est une loi auxiliaire. »

Autant de détails qui n’ont visiblement jamais choqué d’autres ligueurs restés fidèles à Ramadan. Jacqueline Costa-Lascoux a fini par arriver à un constat sévère sur la raison de tant de lâcheté. Elle parle de « comportement naïf et d’ignorance parfois dus à une certaine fascination pour des comportements totalitaires, en tout cas globalisants ». Heureusement, il existe de vrais laïques à gauche et ceux-là vont finir par obtenir l’arrêt de la Commission. En 2000, c’est décidé, la présidente et le trésorier de l’association mettent un terme à la Commission. Un peu tard. Le mal est fait.

En quelques mois, Tariq Ramadan a réussi à approcher tout ce que la place de Paris compte de militants laïques naïfs et il a déjà trouvé des repreneurs.

Michel Tubiana propose d’héberger la Commission au nom de la Ligue des droits de l’homme. Jacqueline Costa-Lascoux accepte mais le met en garde : « O.K. On te refile la patate chaude mais je te préviens, il coûte plus cher qu’une danseuse ! » Ce n’est pas un problème. Alain Gresh, au nom du Monde diplomatique, s’engage à parrainer la Commission.

Pour commander le livre .

Jacky Sutton retrouvée morte

Jacky Sutton, ancienne journaliste de la BBC qui dirigeait en Irak l’Institut for War and Peace Reporting a été retrouvée pendue dans les toilettes de l’aéroport d’Istanbul.

Les autorités turques parlent d’un suicide. Son prédécesseur a été tué dans un attentat en Irak.

Ses collègues ne croient pas à un suicide.

La Nausée

Difficile de décrire la nausée ressentie en voyant le buzz autour de l’article indécent du Parisien. Des faits connus des proches de Charlie, anodins ou personnels, présentés de façon étonnante, une titraille sensationnaliste, complotiste, et voilà la machine à délires relancée… Décidément, rien n’aura été épargné à la famille de Charb, ni à ses amis.

Les faits sont simples. Inquiets pour la survie du journal, Charb et d’autres dessinateurs du journal ont rencontré quelques mécènes grâce à des contacts qui n’ont rien ni de « mystérieux » ni de honteux, dans l’espoir d’obtenir des dons pour une association de soutien à Charlie (sans lien avec la trésorerie et donc en dehors du journal, pour préserver son indépendance). Cela n’a rien donné. Par contre, la souscription que Charb avait lancée auprès des lecteurs a marché. Le journal allait mieux.

Cela n’a évidemment rien avoir avec l’attentat. Pas plus que l’histoire au domicile de Charb, qui n’est pas un cambriolage.

A quoi rime cet étalage de faits tronqués, sortis de leur contexte, sans liens entre eux ?

Je suis sûre que l’un des clients de l’Hyper Casher a aussi croisé, sans doute, une fois dans sa vie, un mécène, peut-être même un mécène du « Proche Orient ». L’une des victimes décédées a peut-être eu aussi un proche venu récupérer des affaires à son appartement sans le dire à d’autres…

De là à penser que l’hyper Casher est un complot financier impliquant des mécènes du « Proche Orient » (pourquoi pas un coup du Mossad tant qu’on y est ?)…

De là à formuler l’hypothèse que la piste islamiste n’est qu’une « thèse »… Comme si Coulibaly n’était pas islamiste, comme s’il n’avait pas prêté allégeance à l’Etat islamique, comme s’il n’avait pas de compagne ayant fui en Syrie pour rejoindre l’organisation terroriste, comme s’il ne connaissait pas les frères Kouachi, comme s’ils n’étaient pas non plus islamistes, comme si aucun d’eux n’avaient tué ceux qu’il ont tués…

Même si nous en savons déjà beaucoup, on a le droit d’exiger toujours plus de détails sur l’enquête. De là à déclarer que « la vérité est encore loin », il y a un pas que des êtres très malheureux peuvent franchir dans l’intimité de leur détresse, mais pas en public. Pas dans la rubrique « faits divers » de journaux assoiffés de rumeurs.

La sanction est cruelle. Régaler ceux qui rêvent de disculper les terroristes ayant assassiné nos amis. Nourrir le cerveau malade de ceux qui dansent, depuis le premier jour, sur les cadavres de ceux qu’on pleure.

Caroline Fourest

Manifester Pour La Palestine Avec Le Hamas Et La Rabia

Ce 17 octobre 2015, une manifestation était organisée à Paris, place de la République. Le titre était : « L’intifada continue, soutien à la résistance palestinienne ».

La manifestation était organisée par Génération Palestine Paris, le Collectif Al Qods, ainsi que le Palestinian Youth Mouvement. D’autres associations avaient appelé à manifester comme le Parti des Indigènes de la République ou le Collectif Cheikh Yassine.

Si certains manifestants étaient venus manifester leur sympathie et leur solidarité pour la Palestine, d’autres avaient un discours beaucoup plus offensif.

On a pu y voir, pêle-mêle, des affiches, banderoles ou autres autocollant appelant au « Boycott d’Israël », des illustrations présentant Israël comme un « pays nazi », mais aussi des portraits de l’ancien président Frère Musulman égyptien Mohamed Morsi et de nombreux drapeaux de la Rabia, symbole des Frères Musulmans.
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Côté discours à la tribune, on a pu entendre des appels à « boycotter Israël », à « continuer la résistance de n’importe quelle manière », puis des incitations plus directes à « continuer les attaques au couteau » (comme déjà énoncé dans le communiqué de l’évènement sur Facebook). Israël y est décrit comme « un pays sioniste et nazi ». La possibilité de deux états vivant en paix est écartée par un intervenant qui réclame la victoire totale palestinienne.

Plusieurs manifestants portaient le signe de ralliement des Frères musulmans, la Rabia (aussi orthographié Rabaa). Ce symbole est apparu après la violente répression contre les Frères musulmans place Rabi’a al Adawiyya, le 14 Août 2013.

Le Collectif Cheikh Yassine (CCY) a également donné de la voix. Avec un camion, des enceintes, des portraits géants du cheikh Yassine, fondateur du Hamas, les moyens étaient mis en œuvre. Leur chef, Abdelkrim Sefrioui, est présent et n’hésite pas à téléphoner en live avec un haut parleur à un « résistant palestinien », qu’il décrit comme un membre éminent du Hamas, pour que celui-ci donne l’instruction au public de continuer à manifester pour la Palestine et à s’opposer aux dirigeants français « sous la mainmise sioniste ». Tout comme le seraient l’ « Europe » ou l’ « ONU ». Le Collectif Cheikh Yassine n’a pas hésité à relativiser la Shoah en ironisant sur le camp d’extermination d’Auschwitz, et en désignant les « sionistes » comme les véritables nazis.

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La théorie de la destruction de la mosquée Al-Aqsa par les israéliens est également développée, par le biais de la construction de « souterrains pour provoquer sa destruction dans un but Talmudique ».

S’en est suivi une prière de rue, la récitation de la chahada par le CCY et la foule, quelques « Allah u Akbar », et un appel aux manifestants de devenir des « moujahidines » sous les applaudissements. Sefrioui entonne alors « Sionistes Fascistes, Hamas résistance, Djihad résistance » avec la foule, ainsi que des appels à « armer le Hamas ».

Carla Parisi

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