Derrière les corps (Gérard Biard)

Bien sûr, il y a la biographie-portrait d’Inna Shevchenko, l’étudiante brillante devenue, en quelques coups de tronçonneuse sur une croix, l’égérie-leader de Femen, et qui, depuis son refuge français du Lavoir moderne parisien, dirige ses troupes révolutionnaires avec l’intransigeance d’une commissaire politique.

Il y a aussi la chronique à la première personne d’une longue année de folie furieuse, au cours de laquelle Caroline Fourest, dans son combat politique, a dû affronter — entre autres — la haine écumante des opposants au mariage pour tous et ce mélange d’hystérisation et de confusion qui paraît désormais devoir s’emparer de tous les débats. Mais il y a surtout, au cœur de ce livre qui adopte tout naturellement la structure et les codes du roman, parce que son sujet est, de l’aveu même de l’auteure, « un personnage romanesque », une rencontre, qui fait basculer l’œuvre « journalistique » que l’on pensait tenir en mains vers un récit autre, qui donne parfois à ses deux protagonistes principales, bien réelles, des allures d’héroïnes de fiction.
Inna, c’est donc avant tout le récit de la rencontre entre une jeune activiste grandie dans une Ukraine post-soviétique gangrénée par le machisme et la « tutelle » russe, où la seule alternative qui s’offre aux jeunes filles est de devenir, au sens propre, maman ou putain, et une féministe humaniste nourrie d’esprit des Lumières — Olympe de Gouges comprise —, qui s’est construite dans une démocratie. Entre une « guerrière » de 23 ans qui s’interdit toute faiblesse et repousse tout ce qui pourrait la détourner de son combat, et une journaliste, séduite mais méfiante, qui exècre tout radicalisme, qu’il soit politique ou amoureux, et qui se retrouve confrontée à ce grand chaos comportemental qu’on appelle « l’âme slave »… Cette rencontre, au flou intime savamment entretenu, entre deux femmes militantes, produit logiquement quelques étincelles, courant tantôt positif, tantôt négatif.

Et ce sont ces étincelles qui permettent à Caroline Fourest de signer, in fine, le livre qu’aucun autre journaliste n’aurait pu — ou voulu — écrire : celui qui ouvre d’autres portes, plus « humaines », sur Femen, ce mouvement à la fois radical et pacifiste devenu le symbole d’un « nouveau féminisme » de combat, et sur la plus iconique de ses figures de proue. Il lui a certes fallu pour cela se transformer en quelque sorte, elle aussi, en personnage romanesque, ce qui n’est pas sans risque quand on est journaliste, essayiste et chroniqueuse en vue. Mais l’exercice l’autorise à ajouter une ligne supplémentaire, non usurpée, à son CV : écrivaine.

Gérard Biard Charlie Hebdo

« Inna », Caroline Fourest. Ed. Grasset

jeudi 13 février 2014

Nous ne nous reconnaissons pas…

Au moment où, dans nos pays d’origine, les luttes pour la dignité, la liberté et l’égalité font rage, nous assistons en France à un déferlement de forces conservatrices et réactionnaires porteuses d’inégalité :
– inégalité revendiquée entre femmes et hommes, sous couvert de défendre des différences entre sexes qui seraient soit-disant menacées ;
– inégalité entre homosexuels et hétérosexuels, avec la remise en cause de la loi sur le mariage pour tous ;
– inégalité entre les « races », dont le mot retrouve droit de cité : une ministre noire traitée de guenon, des propos racistes criés en pleine rue et, qui plus est, par des enfants ainsi instrumentalisés.
Or, nous ne voulons pas de cela pour nos enfants.

Lors de la « Manif pour tous » du dimanche 2 février 2014, une banderole écrite en arabe et en français affichait « Les Français musulmans disent non au mariage homosexuel ». Que certains se retrouvent dans ce slogan et affichent leurs penchants réactionnaires, cela ne nous étonne guère et c’est leur choix. Mais, pour notre part, nous ne nous reconnaissons :
– ni dans ce slogan, nous qui luttons, ici et là-bas, contre la marginalisation et la stigmatisation des homosexuels ;
– ni dans les délires de la prétendue menace d’indifférenciation entre les sexes à l’occasion des « ABCD de l’égalité » expérimentés dans les écoles, nous qui devons sans relâche défendre, ici et là-bas, l’égalité des droits entre femmes et hommes ;
– ni dans les propos racistes ou complotistes – que ce complot soit fantasmé comme celui des « arabes », des « musulmans », ou comme celui des « juifs » –, nous qui avons eu à affronter le fantasme de complot de « l’Occident » pour défendre dans nos pays d’origine la liberté de conscience, qui ne peut aller sans la sécularisation du droit.

Notre mémoire est celle des luttes d’indépendance pour l’égalité entre les peuples, des luttes sociales des années 1970 revendiquant « à travail égal salaire égal », des mouvements comme « La marche de l’égalité et contre le racisme » de 1983, des associations de soutien aux luttes de femmes dans les pays du Maghreb.
C’est au nom de cette mémoire que nous rejoignons, ici et là-bas, les forces qui se battent contre toutes les inégalités et pour les libertés.

Premiers signataires

ACTIF
AFAPREDESA
AIDDA
Association démocratique des Tunisiens en France (ADTF)
Association de défense des droits de l’homme au Maroc (ASDHOM)
Association des Marocains en France (AMF)
Association des travailleurs maghrébins en France (ATMF)
Association des Tunisiens en France (ATF)
Association Engagement citoyen
CLAP-Villeurbanne
Collectif algérien en France ACDA (Agir pour le changement et la démocratie en Algérie)
Collectif 3 C
Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT)
Conseil des migrants au Maroc
Déclaration citoyenne-Genève
Démocratie et veille citoyenne
EMCEMO
Engagement citoyen
Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR)
Femmes en Luth (Valence)
Femmes Plurielles
Forum Palestine Citoyenneté
Forum Solidarité Euro-Méditerrannée (FORSEM)
Front uni des immigrations et des quartiers populaires
Immigration Développement Démocratie
Les Perseudes (Aix-en-Provence)
Manifeste des libertés
Mouvement citoyen des Tunisiens en France (MCTF)
Plateforme euromarocaine Migration, développement, citoyenneté, démocratie
Réseau Afrique Survie Migration
Réseau euro-maghrébin Citoyenneté et culture (REMCC)
Sortir du colonialisme
Tunisie Culture et Solidarité
Unies-Vers-Elles

*********************************

Hichem Abdessamad
Khaled Abichou
Fabien Abitbol
Fouzia Adel
Hafed Affes
Najoua Agrebi
Ayad Ahram
Sanhadja Akrouf
Amina Alaoui
Nelly Alfandari
Robert Alfandari
Lamia Allal
Mehdi Thomas Allal
Mourad Allal
Tewfik Allal
Zaki Allal
Ahmed Amara
Linda Amiri
Samia Ammar
Samia Ammour
Alima Arouali
Jean Asselmeyer
Nasr Azaïez
Noureddine Baaboura
Brigitte Bardet-Allal
Malika Bakhti
Sidi-Mohammed Barkat
Sami Bargaoui
Rita Bassil
Mohammed Bazza
Farouk Belkheddar
Allaoua Bakha
Foudil Benabadji
Ali Benameur
Ahmed Benani
Malika Benarab-Attou
Hajer Ben Boubaker
Raymond Benhaïm
Jelloul Benhamida
Tarek Benhiba
Younès Benkirane
Tahar Ben Meftah
Nacer Benrajeb
Hédi Ben Kraïem
Yagoutha Belgacem
Sarra Benmiloud Abichou
Ali Bensaad
Mohamed Bensaïd
Fethi Benslama
Mohamed Bentahar
Adnane Ben Youssef
Rachid Benzine
François Bernheim
Khira Berrahma
Nacira Berrahma
Jean Berthinier
Sophie Bessis
Mohamed Bhar
Said Bouamama
Hajer Bouden
Larbi Bouguerra
Hakim Boulhares
Alima Boumediene
Abdallah Bonfour
Omar Bouraba
Hamza Bouziri
Anne Bucas-Français
Dominique Cabrera
Sérénade Chafik
Chahla Chafiq
Nabil Challal
Souad Chaoui
Sylvain Charpentier
Patrick Chemla
Hedi Chenchabi
Miriame Cherbib
Mouhieddine Cherbib
Fouad Chergui
Alice Cherki
Sarah Colin-Boccara
Fanny Colonna
Ahmed Dahmani
Jocelyne Dakhlia
Mohamed Damak
Mehrez Debbich
Badreddine Djadouri
Jean Abderaman Djemad
Monique Donnet
Monique Dordain
Zineb Doulfikar
Mohsen Dridi
Latifa Drif
Aïda el-Amri
Nadia El Fani
Chafik Elghoul
Driss Elkherchi
Chedly Elloumi
Mina Faiq
Roudha Faouel
Ahmed Faouzi
Nabil Farès
Claudette Ferjani
Chérif Ferjani
Moncef Garrouri
Bechir Gharbi
Philippe Gillier
Pierre Gineste
Ziad Goudjil
Alain Guillou
Iman Hajji
Khaled Hamida
Ines Hammami Abid
Mohamed Hamrouni
Sonia Hamza
Mohammed Harbi
Pascale Hassoun
Marieme Helie Lucas
Leila Hicheri Hicheri
Christelle Hilaire
Françoise Hoffet
Salah Horchani
Hédi Houaïchia
Fatma Houas
Arab Izarouken
Moly Jabri
Nacer Jelloul
Kamel Jendoubi
Noureddine Jouini
Pascal Julien
Fériel Kachoukh
Mohamed Kacimi
Hassen Karkar
Baya Kasmi
Gérard Kerforn
Abderrazek Kitar
Abdessalam Kleiche
Mohamed Kilani
Said Laayari
Souad Labbize
Jean Lafont
Annie Lahmer
Fatima Lalem
Sabrina Landolt
Bernadette Landré
Camara Laye
Josette Le Berre
Gilles Lemaire
Marie-Thérèse Lenoir
Jean Paul Le Roux
Larbi Maaninou
Gérard Maarek
Mohamed Mansar
Farouk Mansouri
Blandine Margoux
Florence Mardirossian
Maryam Marouazi
Sylvie Mateo
Olivier Mazéas
Abdelwaheb Meddeb
Hind Meddeb
Khaled Melhaa
Shéhérazade Méliani
Djanina Messali-Hadj
Rafika Messaoud
Fabienne Messica
Belgacem Miled
Najet Miled
Najet Mizouni
Zine-Edine Mjati
Latifa Mortajine
Christine Mounier
Bahir Moutik
Chérif Msadek
Philippe Nadeau
Noureddine Najar
Achoure Ouaali
Habib Ouarda
Ramzi Ouesalti
Gérard Perrier
Malika Rahal
Anne Raufaste
Marc Rebuschi
Nicole Rein
Rahim Rezigat
Sabine Riou
Gérard Rodriguez
Geneviève Roland
Laurent Rougé
Noureddine Saadi
Foad Saberan
Lana Sadeq
Hedi Saïdi
Hassen Salama
Rabah Saoudi
Odile Schwerz-Favrat
Noureddine Senoussi
Aline Silvestre
Mohamed Smida
Jean-Claude Soufir
Leïla Souidi-Chasseron
Hédi Sraïb
Catherine Stern
Benjamin Stora
Wassyla Tamzali
Nadia Tazi
Tarek Toukabri
Khaled Toumi
Abdelkarim Tounsi
Françoise Valensi
Mounira Mohamad Vecchio
Fabien Yene
Margarita Young
Leïla Zaïbi
Chadly Zaïdi
Mohand Rachid Zeggagh
Houda Zekri
Hassane Zerrouky
Abdallah Zniber
Abdelhak Zombo
Sondes Zouaghi

Pour signature, adressez vos mails à :
tewfik.allal@mailfr.com
cherbib@gmail.com

Algérie : Rachid Nekkaz candidat aux élections présidentielles

Homme d’affaires, Rachid Nekkaz a pris la décision de se présenter aux élections en Algérie. Une manière d’échapper a deux condamnations en France ?

Rachid Nekkaz avait cherché à se présenter à la présidentielle française en 2007 mais sans parvenir à recueillir les 500 parrainages nécessaires. Héros des mouvements islamistes, il s’était engagé à payer les amendes des femmes qui garderaient le voile intégral.

Sur halalbook on pouvait même lire : « Rachid Nekkaz est un héros des temps modernes qui n’hésite pas à mettre la main à la poche pour aider ses soeurs humiliées par des gouvernements anti-islam. Que Dieu lui vienne en aide pour aller encore plus loin. »

D’après Rachid Nekkaz l’idée était de mettre en place un fonds d’un million d’euros pour lutter contre « l’islamophobie galopante ». 680 amendes auraient été payées pour un montant de 123.000 euros. Après la France, Rachid Nekkaz a poursuivi son action en Belgique et en Suisse.

En 2012, il propose de racheter Charlie Hebdo. « Entouré par 4 cars de CRS et accompagné par 6 policiers en civil, j’ai officiellement remis ma proposition d’achat de 51% du capital de Charlie Hebdo hier après-midi, au 26 rue Serpollet, 75020, siège du magazine. »

Fin 2013, Rachid Nekkaz annonçait sa décision de rendre son passeport français pour ne conserver que sa nationalité algérienne. Voici ces déclarations.
Je me trouve en face de la mairie de Créteil, dans le Val-de-Marne, à dix kilomètres de Paris. Je suis venu remettre mon passeport français, parce que François Hollande ne m’a pas laissé le lui remettre personnellement, en face du Palais de l’Elysée. Je suis heureux d’être un citoyen algérien et je vais rendre mon passeport français, ainsi je pourrai présenter ma candidature à la présidence algérienne, aux élections d’avril 2014.
Les élections de 2004 et 2009 en Algérie n’étaient pas transparentes (en français), il n’était pas simple de soumettre sa candidature. Aujourd’hui, nous voyons une Algérie démocratique…
 » J’affirme qu’en ce qui me concerne, il y a la liberté. Je me trouve avec vous aujourd’hui, à parler de politique algérienne, et je peux dire ce que je veux. Selon moi, la démocratie en Algérie est meilleure qu’en France. « 
En France, en Belgique et ailleurs en Europe, ils ont légiféré des lois interdisant aux femmes de porter le niqab dans la rue. Je m’en suis occupé.
« je considère que le colonialisme français en Algérie est un génocide. Oui. Si je suis président de la République algérienne, je ferai voter une loi qui considère le colonialisme comme un génocide. » (*)

Plus trivialement, Rachid Nekkaz a surtout été condamné à deux reprises fin 2013. Une première fois à à 18 mois avec sursis pour avoir acheté un parrainage à la présidentielle (*). Une seconde fois pour avoir loué des logements indignes. Autrement dit pour être un marchand de sommeil (*).

A notre connaissance, aucune des organisations islamistes qui s’étaient réjouies du soutien de l’homme d’affaires ne s’est émue de sa condamnation pour location de logements indignes

« Inna », le livre de Caroline Fourest sort le 22 janvier chez Grasset

Plus qu’un portrait d’Inna Shevchenko, la leader des Femen, c’est le roman d’une époque, d’une Amazone et de ses soeurs (Amina, Aliaa etc…), le récit de nos luttes, corps et âme, de nos disputes (à propos de notre-Dame ou du « Topless Jihad »). Nos luttes, nos amours, nos disputes. Les coulisses d’une révolution 2.0. De Kiev à Tunis en passant par Paris, la révolution Orange au printemps arabe en passant par CIVITAS et La Manif pour tous, tout le monde y est… Et sera ému ou fâché.

http://carolinefourest.wordpress.com/2013/12/20/inna-sort-le-22-janvier/

Voir aussi Thé ou Café : http://pluzz.francetv.fr/videos/the_ou_cafe_,95271420.html

Algérie : Le double jeu de Paris (Saïd KHATIBI)

« Alger n’est pas Bamako ! » commente ironiquement Amine. A, journaliste à la radio. Depuis quelques semaines, suite à la dernière visite du Premier ministre français Jean-Marc Ayrault à Alger (une visite inscrite, au départ, dans un cadre purement économique), des rumeurs circulent sur un probable soutien de Paris au président sortant Abdelaziz Bouteflika (76 ans), pour briguer un quatrième mandat consécutif. Ce dernier, depuis son retour de l’hôpital militaire Val-de-Grâce, mois de juillet dernier, où il a séjourné plus de trois mois, en chaise roulante, n’a reçu aucun des officiels occidentaux ; sauf des français, d’abord le maire de Paris : Bertrand Delanoë, qui lui a proposé «projets communs, entre les deux capitales, en matière de gestion urbaine, à long terme », ensuite le chef du gouvernement socialiste, à qui il a adressé une phrase qui ne cesse de susciter polémique : «Soyez fiers de ce que vous avez fait au Mali, dites-le au Président Hollande ».

L’Algérie officielle qui s’attache, depuis son Indépendance(1962), dans ses affaires étrangères, à la notion de la « non-ingérence » change récemment, sous Bouteflika, le disciple parafait du Colonel-Président Houari Boumediène(1965-1978), de discours, et salue l’intervention militaire de l’armée française au nord du Mali, début 2013. Une prise de position surprenante qui a, certainement, fait plaire à l’Elysée, et à Ayrault en personne qui s’est, mois de décembre dernier, réjoui de jouer, volontairement, le rôle de porte-parole de la présidence algérienne, en s’adressant, dans une conférence de presse, à des ministres et à des journalistes locaux : « L’entretien de 45 minutes (avec Bouteflika) s’est très bien passé, c’est quelqu’un de très courageux après sa maladie ». Ajoutant:« Il est très bien informé sur les dossiers (…) J’ai été très surpris qu’il suive à ce point la situation ». Les déclarations d’Ayrault vont, en contradiction, avec le discours de l’opposition, qui avance une image négative sur Bouteflika ; comme étant un président affaibli par la maladie, incapable de suivre l’actualité et poursuivre son travail, et ses engagements, censé céder, après quinze ans au pouvoir, sa place.

Entre 1963 et 1978, en sa qualité de ministre des affaires étrangères, Bouteflika était toujours l’homme fort du pouvoir algérien, le plus proche de Paris. A son retour au Palais El Mouradia en 1999, il a relancé de bonnes relations diplomatiques avec les français, après des années de relations tendues, sous l’ancien président le Général Lyamine Zeroual. Cependant, durant le mandat de Nicolas Sarkozy, les relations bilatérales ont connu un véritables passage à vide, surtout après l’invasion de La Libye, avant de se renforce, de nouveau en 2012, avec le retour des socialistes.

L’AQMI et le Sahara

Depuis six mois, Bouteflika a entamé des changements au sien de son staff diplomatique à Paris. Il a désigné Amar Boudjema nouvel ambassadeur (août dernier), en remplacement de Missoum Sbih, en poste depuis 2005, puis Aïssa Kheladi, ancien DG de l’ENTV, comme nouveau directeur du Centre Culturel Algérien (CCA), à la place de l’ancien militaire et écrivain Yasmina Khadra, qui a surpris tout le monde, mois d’octobre dernier, en annonçant ses vœux de se présenter aux prochaines élections présidentielles. Des changements qui expliquent, peut-être, une nouvel ère dans les relations algéro-françaises, et une volonté annoncée de donner une nouvelle image sur les trois précédents mandats de Bouteflika, marqués surtout par la fin du terrorisme islamiste, mais aussi par l’explosion des affaires de corruption ; avec notamment le cas de l’ancien magnat Abdemoumene Rafik Khalifa, réfugié à Londres depuis 2002, et remis entre les mains des autorités algériennes fin 2013, et l’ex-ministre de l’énergie, très proche de Bouteflika, Chekib Khelil, qui fait, depuis peu de temps, l’objet d’un mandat d’arrêt international, lui et son épouse, et deux de ses enfants. Paris préfère fermer les yeux aux nombreux scandales qui secouent Alger (qui occupe la 94ème place dans l’indice de corruption 2013, établi par Transparency International), gardant toujours ses collaborations avec le système en place autour des questions de la sécurité et du terrorisme dans les pays du Sahel, et les possible stratégies visant à rétrécir la zone d’opération de l’AQMI, qui s’étend du Sahara algérien jusqu’au Niger, Mali et la Mauritanie, en menaçant des intérêts français. Donc, Paris trouve dans la personne d’Abdelaziz Bouteflika, et son entourage, un allié stratégique, et un soutien permanant, dans sa guerre contre le terrorisme, et les groupes djihadistes opposants à la présence occidentale dans la région. De son coté, Alger ne cesse de jouer la carte de « bonnes relations » avec la France pour faire pression sur son voisin marocain, et redynamiser le dossier du Sahara Occidental.

Le vent du printemps arabe n’a pas soufflé sur Alger, et le système mis en place n’envisage, pour le moment, faire sa révolution, et changer sa politique intérieure, qui mène le pays vers un avenir incertain. Les deux puissants partis politiques : FLN et RND (majoritaires au parlement) ont déjà affiché leurs couleurs et annoncé leur soutien à Boutflika pour un quatrième mandat. A l’approche des élections présidentielles, en dehors des enjeux géopolitiques, le soutien extérieur d’un président sortant ou d’un autre candidat, l’Algérie semble, de plus en plus, déterminée à mettre fin à une époque révolue, tourner la page de son passé proche, et s’engager dans un processus démocratique et réel.

Saïd KHATIBI

Juste la fin du monde (Sortie DVD)

Louis, 34 ans, rend visite à sa famille pour la première fois depuis des années. Il retrouve ses frère et sœur, Antoine et Suzanne, sa mère, et sa belle-sœur Catherine pour leur annoncer sa mort prochaine et inexorable. Mais son arrivée ravive de lointains souvenirs. Les tensions familiales ressurgissent et empêchent Louis de dévoiler son lourd secret.
Un film d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau
D’après l’œuvre de Jean-Luc Lagarce
2009 – 1h39 – Une production Maïa Cinéma / Les Films de Pierre / Comédie-Française

AVEC LES COMÉDIENS :
Catherine Ferran ; Laurent Stocker ; Elsa Lepoivre ; Julie Sicard ; Pierre Louis-Calixte

30e anniversaire de la ratification du Cedaw

A l’initiative du ministère des Droits des femmes et de la délégation aux Droits des femmes de l’Assemblée nationale, une commémoration sera organisée

mardi 17 décembre 2013 à 16h30 à l’Assemblée nationale (salle Colbert),


en présence de Nicole AMELINE, présidente du Comité pour l’élimination des discriminations contre les femmes.


Programme du 30e anniversaire de la ratification par la France de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes Mardi 17 décembre 2013 – 16h30

16h15 Accueil des participant-e-s
16h30 Ouverture
· Catherine COUTELLE, présidente de la délégation des Droits des femmes de l’Assemblée nationale
· Nicole AMELINE, présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination contre les femmes
16h45 Témoignage de Françoise GASPARD, historienne, sociologue, experte internationale sur les droits des femmes
16h50 Les coulisses de la CEDEF
· Nicole AMELINE, présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination contre les femmes
· Christine LAZERGES, présidente de la Commission nationale consultative pour les droits de l’Homme
· Annie SUGIER, présidente de la Ligue du droit international des femmes, membre de la Clef
· Naela GABR, experte égyptienne du Comité pour l’élimination de la discrimination contre les femmes
· Patrizianna SPARACINO-THIELLAY, ambassadrice pour les Droits de l’Homme
17h25 Intervention de Souhayr BELHASSEN, présidente d’honneur de la FIDH, membre fondatrice de la campagne « égalité sans réserve »
17h30 Les défis de la CEDEF
· Catherine COUTELLE, présidente de la délégation des Droits des femmes, Assemblée nationale
· Kareen JABRE, cheffe du programme Femmes en politique, Union interparlementaire
· Reine ALAPINI-GANSOU, rapporteuse spéciale, Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples
· Diane ROMAN, enseignante-chercheuse, co-directrice de REGINE
· Shoukria HAIDAR, présidente de Negar — Soutien aux femmes d’Afghanistan
18h00 Conclusion
· Christiane FERAL-SCHUHL, bâtonnier du Barreau de Paris, membre du HCE-fh
· Najat VALLAUD-BELKACEM, ministre des Droits des femmes, porte-parole du Gouvernement

vendredi 13 décembre 2013

PROCHOIX n° 60 Décembre 2013 La circoncision une mutilation ?

Enjeux de l’antiracisme
La bataille des deux antiracismes (Caroline Fourest)
La contremarche (Brigitte Stora)
Comment lutter contre le racisme (Samuel Thomas)
Charlie Hebdo accusé de blasphème. Entretien (Charb)

La circoncision, une mutilation ?
Les défenseurs de la circoncision (Fiammetta Venner)
Castration symbolique (Serge Hefez)
Le mouvement intactiviste (Nicolas Maubert)
Les recommandations du Conseil de l’Europe
Entretien (Christian Castagnola)

Enquêtes et décryptages
Un mot… (Djemila Benhabib)
Alain Soral : itinéraire d’un gigolo sémantique (Fiammetta Venner)
Tariq Ramadan, les Coptes et le complot médiatique contre les Frères musulmans (Rudy Reichstadt)
Baby Loup et la protection européenne des droits fondamentaux (Anne Demetz)
Au coeur du débat avec Charles Taylor (Louise Mailloux)

On a lu. On a vu. On en parle.
Younes Masih enfin libre – Mauritanie : Le parti des esclaves interdit d’élections – Arabie Saoudite : femmes et conduite – Fat shaming week – Grande Bretagne : Ségrégation sexuelle à l’université – Canada : Lev Tahor – Mauvais signal en Egypte – Weld el 15 condamné ….

dimanche 1 décembre 2013

Serge Michelini candidat FN à Bayeux aurait tenu des propos anti-arabes

Selon La Manche Libre, et France 3, Serge Michelini candidat FN à Bayeux aurait à plusieurs reprise tenu des propos anti-arabes. : « un arabe nait en france nset pas un francais c un arabe….une voiture francaise fait en rouamnie reste une voiture francaise »

Le Fn n’a pour l’instant pris aucune sanction, convaincu par l’explication du candidat dont les comptes auraient été piratés.

Voir aussi : Les enragés de l’identité, un film de Caroline Fourest

lundi 2 décembre 2013

Pakistan : Younis Masih enfin libre

Younis Masih, avait été emprisonné en septembre 2005 pour blasphème contre le prophète Mahomet. Un blasphème qu’il a toujours nié.

Le 30 mai 2007 il avait été condamné à mort par un tribunal de première instance à Lahore.

Suite à une forte mobilisation internationale, un nouveau procès à eu lieu en septembre 2012 qui a abouti à sa libération le 10 novembre dernier. Après 8 ans de prison. Pour éviter de déclencher des manifestations, sa remise en liberté n’é été connue qu’aujourd’hui. En prison, il a du subir plusieurs agressions. Il a eu un incident cardiaque en janvier. Il a déjà reçu plusieurs lettres de menaces.

40 chrétiens sont en prison au Pakistan pour blasphème. Plusieurs centaines d’Ahmadi sont en prison au Pakistan pour blasphème. Même si au Pakistan de nombreuses associations et personnalités (y compris des conservateurs religieux) essayent de remettre en cause les lois contre le blasphème, le Pakistan continue dans les instances internationales à plaider pour la reconnaissance de la diffamation des religions.

samedi 30 novembre 2013

La contre marche (Brigitte Stora)

« Je n’ai pas fait un film sur la marche de Beurs mais un film sur la marche pour l’égalité et contre le racisme », ainsi s’exprimait le cinéaste Nabil Ben Yandir, réalisateur du film La Marche. Lors d’une avant première au musée de l’immigration. Ce beau film généreux reconstitue l’itinéraire de ces jeunes marcheurs qui traversèrent la France puis furent accueillis à Paris par plus de 100 000 personnes. Les jeunes générations y découvriront la formidable solidarité qui a uni les marcheurs et leurs soutiens tout au long d’un parcours difficile puis la joie et la dignité d’une gigantesque manifestation qui accueillit leur arrivée à Paris.

Le mot beur que réfute Nabil ben Yandir fut surtout une invention des médias, réductrice, puisqu’elle ne concernait que les jeunes issus de l’immigration maghrébine, elle ne fut que rarement utilisée par les intéressés, c’est pourtant le mot et l’on en comprendra l’intention, du titre du documentaire de Samia Chala … chronique des années beurs.

Diffusé sur la chaine parlementaire et relayé par la plupart des médias, ce documentaire prétend nous raconter l’envers du décor, nous ouvrir les yeux (1). Les vrais marcheurs vont-ils parler ? Azouz Begag ouvre le documentaire sur un constat d’échec. « Les jeunes n’ont jamais entendu parler de ce que nous avons fait ». Le « nous » est appuyé, on espère une explication sur ce « défaut de transmission » de la part des porteurs de mémoires, hélas ce documentaire, essentiellement à charge, n’abordera jamais la question. Passons sur le fait que la plupart des interrogés n’ont jamais fait la marche. Après tout un mouvement n’appartient jamais à ceux qui l’ont initié mais sans doute encore moins à ceux qui l’ont ignoré voire combattu. Le discours, pourtant légitime, sur la récupération politique et la non prise en compte des jeune issus de l’immigration, ne manque pas de saveur dans la bouche d’Azouz Begag, ancien ministre d’un gouvernement de droite ou dans celle de Djida Tazdaït ancienne députée européenne chez les Verts désormais candidate du Modem… Si Magyd Cherfi du groupe Zebda reconnaît la place que ces jeunes d’origine maghrébine ont fini par occuper dans le champs culturel, ses propos sur la nationalité française vécue « comme un coup de poignard dans le dos de son père » laissent rêveur, on aurait espéré plus de fraternité de la part de celui qui fit danser la France entière avec « tomber la chemise ». Mais tout cela ne serait rien sans l’explication de « comment les « Beurs » se sont fait avoir ». Cette explication, dans la droite ligne des discours conspirationnistes, c’est Farida Belghoul qui la porte. Mme Belghoul ne fut pas une marcheuse, ancienne militante de l’Union des étudiants communistes, elle initia la marche de Convergence 84. Devenue proche des islamistes, cette dernière s’affiche désormais aux côtés d’Alain Soral et c’est sur un ton sentencieux qu’elle énonce que la « création de SOS racisme ne correspondait pas aux intérêts de la France … »

A ce stade il faut peut-être quelques repères.

Après la marche de 83 n’eut pas de traduction politique, en juillet 1984 eurent lieu les Assises de Lyon : des débats houleux avec d’un côté, les «communautaires», partisans du «lobby beur», de l’autre, ceux qui considèrent que «La France, c’est comme une mobylette, pour avancer il lui faut du mélange»… Ces derniers seront à l’origine de l’initiative Convergence 84. Le 6 décembre 1984, plus de 30 000 ; jeunes pour la plupart accueillent les rouleurs. Mais c’est aussi ce jour-là que la principale initiatrice de Convergence et héroïne du doc prononce un discours où il est question de « faire du beur à l’envers un Arabe à l’endroit » où les « fachos, gauchos, cathos » sont mis dans le même sac où il n’est plus question de s’adresser aux « convaincus » que sont les antiracistes. Ce discours ne méritait sans doute pas d’entrer dans l’histoire mais il offrit un vide et c’est sur ce vide que va se créer SOS racisme. Le projet des fondateurs de SOS Racisme se veut large et consensuel. Face à la montée du Front national, il s’agit pour eux d’avantage d’affirmer des valeurs que des revendications, concerts géants, parrainages nombreux, SOS réunira en juin 85 quelque 300 000 personnes à la Concorde.

On peut partager bien des choses qui sont dites dans ce doc. Car si la France de 2013 ne ressemble plus à celle de 83, 30 ans après le constat reste mitigé. Les jeunes issus de l’immigration se sont largement intégrés, des musiciens, chanteurs, comédiens, sportifs et autres font désormais partie du paysage hexagonal et sont régulièrement cités comme personnalité préférées des français. La politique, toujours en retard, a fini elle aussi par leur faire une place. Moins médiatisés et plus nombreux sont ceux qui, issus de parents ouvriers ont intégré les grandes écoles, sont devenus chercheurs, avocats, enseignants. Pourtant les problèmes demeurent ; dans les cités la drogue et son cortège de violence et de mort n’en finit pas de miner l’espoir et le vivre ensemble, les années sida ont décimé les rangs de nombreux acteurs de la vie associative. La mixité ethnique plus visible aujourd’hui qu’hier sur la scène publique a pourtant presque disparu de certains quartiers relégués où l’absence de perspective et le taux de chômage atteignent des niveaux inégalés. Le repli sur soi et la perte de certaines valeurs ont formé un terreau favorable aux discours de haine que les islamistes utilisent à leur fin. Tout cela aurait pu être abordé voire éclairé par des sociologues et des historiens loin du « complot sioniste » qui sert d’explication au monde et que reprend à son compte Farida Belghoul aux côtés d’Alain Soral qu’elle a récemment rejoint. Légitimer A. Soral et son site « Egalité et réconciliation » aux yeux de l’immigration et de ses héritiers constitue à la fois une faute morale et politique. F. Belghoul est inexcusable. C’est Houria Boutelja patronne des indigènes de la république qui l’écrit… A l’heure du repli sur soi, de la haine de l’Autre qui s’exprime çà et là, à l’heure où des insultes racistes qu’on croyait d’un autre âge s’expriment ouvertement, à l’heure aussi où des enfants dans ce pays ont été assassinés, peut-on encore laisser diffuser cette petite musique sur la chaine parlementaire à une heure de grande écoute ? Peut-on promouvoir sans aucune responsabilité les marchands de haine ? 30 ans après la marche, est-ce de cela que notre pays a besoin ?

Brigitte Stora

(1) Médiapart De la trahison des «Beurs»: retour sur une marche récupérée 18 NOVEMBRE 2013 | PAR ANTOINE PERRAUD Voilà 30 ans, ils défilaient pour l’égalité et contre le racisme. Ils ne trouvèrent que paternalisme et faux-fuyants de la part d’une gauche moralisante, prompte à transformer la politique en spectacle. Un documentaire nous ouvre les yeux sur ce jeu de dupes, dont les Français issus de l’immigration ne cessent de faire les frais…

« il fallait lire, naturellement « Lettre aux Cons Vaincus » – le texte dénonçait les « faux anti-racistes ». Alors qu’en tout état de cause, il s’agissait d’alliés dans la lutte anti-raciste », Albano Cordeiro, membre de la Coordination nationale de Convergence 84 pour l’Égalité.

mardi 26 novembre 2013