L’imposture de Jacques Testart

Jacques Testart, la caution des anti-choix qui parle de « dérives » de l’avortement et du rôle précurseur de l’évangélisation chrétienne. Article de 1998 dans Prochoix avec, déjà, un petit mot affectueux de Christine Boutin. 

 

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La ‘mode pudique’ des nouvelles bigotes

Nous sommes en 2017 et la « mode pudique » is the new « mode islamique », qui devenait trop marquée religieusement. Pour certains, la « mode pudique » est désormais également un nouveau féminisme, complètement dépolitisé, mais surtout sharia-compatible.

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En 2016, l’expression « mode pudique » est apparue progressivement dans les médias après que plusieurs grandes marques telles que H&M, Zara, Dolce & Gabbana ou encore Uniqlo aient sorti une ligne de vêtements à destination des femmes voilées. Le marché est en plein essor : les prévisions envisagent un marché à 327 milliards de dollars en 2020. La ministre des Droits des Femmes, Laurence Rossignol s’en était émue, jugeant ces marques « irresponsables ». Rokhaya Diallo s’était alors indignée des propos de la ministre dans Jeune Afrique :

« Et pour moi, la première victoire des femmes est de pouvoir disposer de leur corps librement. Et je trouve ça scandaleux qu’une ministre du Droit des femmes considère qu’elle doive protéger une partie des femmes seulement. Elle manque de respect à ces femmes qui font le choix de porter le foulard : elle ne considère pas que leur droit à s’habiller comme elles le souhaitent soit un droit ».

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Ce qui était précédemment considéré comme « mode islamique » devient « mode pudique ». Citons également les Hijab Day, organisés notamment à Sciences Po, promus de la même manière. La « mode pudique » est alors plutôt défendue au nom du libre choix de se vêtir, puisque le voile et les vêtements amples et longs seraient des « vêtements comme les autres ». La dépolitisation du religieux est alors en route. Dans la présentation du Hijab Day à Sciences Po on peut lire :

« Si toi aussi tu trouves que ce serait sympa d’essayer la décence, le respect de l’autre, l’échange et la compréhension mutuelle, tout ça, tout ça… dans notre société tristounette»

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Récemment, lorsque la polémique autour de Lallab a éclaté, il est apparu que cette association promouvait elle aussi la « mode pudique », ou « modest fashion » en anglais, tout en se revendiquant ouvertement féministe. Il n’est plus seulement question de revendiquer le droit de se vêtir de façon « pudique » au nom des libertés individuelles, mais également de considérer que la « mode pudique », c’est féministe.

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Il est nécessaire de lever les ambiguïtés volontairement introduites dans le débat par les militant(e)s de la « mode pudique ». Les féministes universalistes ne remettent pas en question le droit des femmes de se vêtir selon leurs goûts, ne militent pas pour que les vêtements « pudiques » soient interdits. Pourtant, elles sont taxées d’ « islamophobes » et de mauvaises féministes car en critiquant la « mode pudique », elles s’attaqueraient aux femmes musulmanes. Si tout féminisme est critiquable, y compris le féminisme universaliste et matérialiste, ce dont ne se privent pas ces militantes, la « mode pudique » l’est aussi. Les universalistes exercent un de leur droit, à la liberté d’expression, pour rappeler plusieurs points essentiels.

Tout d’abord, la pudeur, comme le fait de couvrir les femmes, n’a rien de subversif. Le Larousse désigne la pudeur comme une « Disposition à éprouver de la gêne devant ce qui peut blesser la décence, devant l’évocation de choses très personnelles et, en particulier, l’évocation de choses sexuelles ». Faut-il préciser que gêne, décence, et timidité sexuelle font partie des stéréotypes associés et demandés au genre féminin ? Être féministe, n’est-ce pas revendiquer le droit de ne pas vivre sous les complexes et les tabous, d’assumer son corps, d’occuper l’espace public, de façon égale aux hommes ?

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Les prescriptions religieuses n’ont jamais été sources de féminisme. L’escroquerie du « féminisme chrétien » n’a pas eu de mal à être démasquée lorsqu’il s’agissait de femmes chrétiennes revendiquant en leur nom le droit de rester au foyer, et d’être anti-avortement. Personne n’a songé à affirmer qu’il s’agissait de l’avant-garde des féministes car c’était des femmes qui s’exprimaient. Il existe bien évidemment des féministes musulmanes, plus ou moins croyantes, qui ambitionnent d’élargir les droits des femmes dans un contexte précis, et sans intrusion du religieux. Le « féminisme islamique », qui englobe la « mode pudique », fait plutôt l’effet inverse : il emmène plus de religion dans les droits des femmes de par ses références littéraires et politiques ou de par la promotion du voile, qui est par essence sexiste car ne s’appliquant pas aux hommes.

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Enfin, la « mode pudique » n’est pas une « mode comme les autres ». Cette façon de décontextualiser et dépolitiser la mode islamique permet de la relativiser pour la confondre avec les autres vêtements. Comme nous l’avons vu, elle s’inscrit dans un cadre religieux et dans un contexte général où la pression religieuse au niveau français comme international devient de plus en plus présente. Vouloir faire passer la promotion du voile ou des tenues « pudiques » comme similaire aux autres tenues est habile… si l’on masque les références religieuses et politiques, il n’y a plus de « problème », et les féministes universalistes sont tout simplement racistes. Seul ennui pour les partisans de la « mode pudique » : user de cet argument pour dépolitiser et « dé-religioser » cette mode rentre en contradiction avec l’argument précédent comme quoi le « féminisme islamique », ou issu des prescriptions islamiques, existerait…

La boussole féministe des partisans de la « mode pudique » est comme déréglée. L’aiguille n’indique plus l’égalité femme-homme, mais vacille dans tous les sens, puisque tout n’est qu’affaire de choix pour que ce soit considéré comme « féministe ». Ainsi, Lila et Alma Lévy, les deux lycéennes qui avaient fait les gros titres en 2003 en refusant d’enlever leur voile pendant les cours, avaient par la suite ensuite également évoqué sur le plateau de l’émission Campus le « libre choix »… de se faire lapider pour adultère.

Il est ainsi plus que nécessaire de combattre l’analogisme ambiant qui voudrait que toute critique de la « mode pudique » = « islamophobie ». Tous les féminismes sont susceptibles de faire l’objet de critiques, du féminisme le plus ambitieux au féminisme le plus religieux. Y compris donc celui qui voudrait imposer un panneau STOP aux féministes universalistes, de toutes nationalités, qui tentent depuis tant d’années de repousser petit à petit les limites des inégalités sexuelles, le puritanisme et les interprétations sexistes des textes religieux.

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La subversion et l’émancipation féministes s’inscrivent-elle contre la nudité féminine, qui est pourtant non acquise, considérée comme vulgaire, sexuelle, menaçante et provocante, à la différence de celle des hommes ? Cette nudité est pourtant dénoncée comme « dominante » aussi bien par les promoteurs de la « mode pudique » que par des militants de l’islam politique. Ou la subversion et l’émancipation féministes s’inscrivent-elle contre la maîtrise du corps des femmes par quelque institution que ce soit, contre le puritanisme et les tabous sexuels, dans un objectif d’ égalité femme/homme ?

Il semblerait que répéter en boucle que la «mode pudique » est un « choix » féministe in-jugeable ne résiste pas à l’épreuve du temps, de la critique et de la contextualisation. Certaines associations féministes, comme certaines qui se sont précipitées pour signer dans Libération une pétition de soutien à Lallab, ou pour apporter leur soutien sur les réseaux sociaux, trouveraient une idée salutaire en clarifiant leur position et ligne directrice vis-à-vis de ce concept qui mute petit à petit du domaine religieux au féminisme.

   Catherine Hervé

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Service Civique détourné par des associations confessionnelles ?

Le Service civique a été créé par une loi du 10 mars 2010 sous l’impulsion de Martin Hirsh. Il s’agit alors d’un dispositif visant à encourager l’engagement. Il donne la possibilitéaux jeunes de 16 à 25 ans de s’engager pour une durée de 6 à 12 mois dans une mission d’intérêt général dans 9 domaines différents, reconnus prioritaires pour la Nation : éducation, solidarité, santé, culture et loisirs, environnement, développement international et humanitaire, mémoire et citoyenneté, sports, intervention d’urgence en cas de crise.

Les structures accueillant les jeunes de Service civique sont clairement définies.

« La personne morale agréée est un organisme sans but lucratif de droit français ou une personne morale de droit public. Une association cultuelle, politique, une congrégation, une fondation d’entreprise ou un comité d’entreprise ne peuvent recevoir d’agrément pour organiser le service civique. » ( Loi no 2010-241 du 10 mars 2010 relative au service civique. Article 8)

En août 2017, Lallab, une association de femmes qui a pour but de lutter contre « les préjugés et discriminations subies par les femmes musulmanes », annonce qu’elle va bénéficier de Service civique. Une polémique démarre alors. En effet l’association est très marquée politiquement. Elle diffuse ainsi la pensée d’Asma Lamrabet, comme le modèle à suivre. Auteure d’un livre sur les femmes, l’auteur explique que les intellectuels musulmans qui critiquent l’islam politique « font serment d’allégeance aux médias occidentaux« . Ou encore : « Il est à noter ici que nombreuses sont les femmes qui finissent, lors d’une scène conjugale, par sombrer dans l’hystérie. » L’association Lallab n’a pas hésité à mettre en valeur une député du mouvement Ennahda. Par ailleurs, Lallab lutte contre la loi de 2004. (Voir ici)

Suite à la polémique, Service civique retire l’annonce.  (17 aout 2017). Il explique : « La mission proposée ne correspond pas aux principes fondamentaux du@ServiceCivique, elle n’est plus en ligne sur notre site. »

Le Service Civique est clair :

« La mission proposée doit répondre à l’exigence de neutralité et de laïcité que doit revêtir toute mission confiée au titre d’une politique publique et dans un objectif d’intérêt général. Ainsi la participation à un mouvement ou à une manifestation politique, à un enseignement religieux ou à la pratique d’un culte sont autant d’activités qui ne peuvent pas être intégrées dans une mission de Service Civique » (Voir ici)

 Cette affaire a permis, entre autre, de mettre en lumière de nombreuses autres associations bénéficiant de services civiques malgré leur caractère religieux.

Voici quelques exemples d’annonces en ligne sur le site web du Service Civique :

– une annonce pour « participer aux séjours des activités paroissiales ou séjours à thèmes avec l’aumônerie catholique ».

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– une annonce pour organiser « un travail relationnel avec la paroisse catholique pourra aussi être fait pour faire vivre le lien chrétien ».
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– une annonce « participer à l’élaboration d’outils papier et numériques pour accompagner les projets de développent international des établissements du réseau catholique » avec le Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique.
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– une annonce pour « participer à la réalisation de projets éducatifs en milieux défavorisés » avec « l’aumônerie catholique des collèges et lycée Claudel, Fauré, Gallois ».
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– une annonce pour « en lien avec l’équipe de la Pastorale jeunes, relayer par différents moyens de communication, notamment vidéo, les temps forts vécus par les jeunes dans le diocèse », et « en lien avec l’équipe du Service diocésain de Communication, contribuer à l’activité en en découvrant divers aspects ».
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On peut s’interroger quant au non-respect possible de l’exigence de neutralité et de laïcité dans les missions de Service Civique. Que des associations à but confessionnel investissent le terrain social pour remplacer des services parfois défaillants n’est pas un mystère. Il serait dommageable que l’État ne respecte pas la loi en matière de laïcité d’une part, et fournisse à ces associations religieuses une aide budgétaire en leur finançant des postes de service civique d’autre part.

« J’aimerai retirer leur vagin » : une nouvelle façon d’être féministe.

« J’aimerai leur retirer le vagin ». Ce genre de tweet relève habituellement de la production littéraire d’un boutonneux prépubère dans le sous-sol de ses parents. Et bien pas du tout. L’auteur de ce tweet est féministe. Enfin c’est ce qu’elle dit, et le questionner pourrait vous valoir quelques oukases.

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Linda Sarsour n’est pas n’importe qui. C’est égérie et la co-organisatrice de la Marche des femmes anti-Trump. Une marche historique et nécessaire, mais qui a gêné de nombreuses féministes américaines et à l’étranger. A la tribune, ce jour-là, Linda Sarsour s’est contenté de revendiquer le succès de la marche, mais elle l’incarne depuis. Et cela risque de se retourner contre lui et toute l’opposition progressiste américaine, au moment où le monde en a le plus besoin.
 
Qui est Linda Sarsour ?
Dans ses tweets, Linda Sarsour n’hésite pas à dire que des enfants musulmans étaient « exécutés » aux Etats-Unis ou que la CIA était derrière chaque terroriste islamiste.
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Elle mêle n’hésite pas à user de sa popularité pour promouvoir sa amis politiques. Rien de très surprenant puisque la famille de Linda Sarsour est liée au Hamas.
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Quand des progressistes ont osé émettre des doutes sur le choix de cette organisatrice comme égérie pour incarner la résistance des femmes (également symbolisée par un poster de femme portant le voile), ils ont immédiatement été pris en chasse et diffamés comme « islamophobes » membres du Ku Klux Klan.
 
Quelques bonnes âmes ont même lancé le hashtag « Je marche avec Linda » ( #IMarchWithLinda) pour soutenir l’égérie intégriste et antiféministe.
 Human Rights Watch a même relayé la campagne.  Bernie Sanders l’a retweeté.
 
En quelques heures, « Je marche avec Linda » est devenu viral
Les féministes ne forment pas un bloc monolithique, évidemment. Dans tous les pays, dans toutes les couches sociales il y a des débat, des empoignades. Et c’est tant mieux, c’est comme ça qu’un courant de pensée s’enrichit.
Il y a même des antiféministes qui se revendiquent féministes. On a eu celà dans les années 90, des militantes opposées à l’avortement qui se revendiquaient féministes contre méchant médecins hommes qui voulaient les avorter. Elles se revendiquaient féministes, d’où parlions-nous pour le contester ? (Ici)
Une nouvelle mode est apparue. Seules les femmes qui expérimentaient une situation pouvaient en parler. Par exemple seules les prostituées avaient le droit de parler de la prostitution. Seules les femmes voilées pouvaient parler du voile. Exit dans ce paradigme, les prostituées qui témoigneraient de ce qu’elles ont vécu, si elles ont cessé d’être prostituées. Idem, seules les femmes voilées sont habilitées à parler du voile. Exit, là aussi, les femmes musulmanes qui ne le portent pas, ou plus. Et évidemment celles qui ont été forcées à le porter.
Ce moment d’irrationalité a perduré, renforcé par d’autres postures amalgamant islam et islamisme, musulmans et islamistes, musulmans libéraux et intégristes. Cette autre posture a le vent en poupe grace à nos petites pudeurs exotiques. Elle a pris place à Washington ou elle décritorera les faibles avancées de ce monde et appliquera avec la délicatesse d’un grutier les revendications biliaires d’un peuple en colère.
Est ce une raison pour la personne qui a écrit « J’aimerai leur retirer le vagin » soit le parangon de la gauche.
Ayaan Hirsi Ali ou Linda Sarsour ?
Juste pour ceux qui l’ignorent, Ayaan Hirsi Ali, a qui Linda Sarsour voudrait retirer le vagin est une somalienne qui lutte contre l’islamisme. Enfant, elle a été excisée.
Les relativistes vous diront que toutes les exicisions ne se valent pas, que certaines sont moins violentes que d’autres. L’excision d’Ayaan Hirsi Ali fait bien partie des plus violentes. Celles dont peu de petites filles ressortent. Comme ses compagnes d’école, Ayaan Hirsi Ali a vu un jour sa vie changer. On lui a rasé totalement le clitoris. Découpé les petites lèvres et les grandes lèvres. Ensuite, on lui a cousu l’entrée du vagin jusqu’à ce qu’il ne reste qu’une fine ouverture pour les écoulements menstruels. Pendant la mutilation, on a appliqué, dans son vagin de petite fille, une crème abrasive. Une crème qui a pour conséquence un rétrécissement du vagin. Elle a survécu à cela, pendant que la plupart de ses amies mourraient de septicémie. Adulte, elle a subit plusieurs opérations pour simplement arrêter de hurler quand elle urinait. Uriner. Juste uriner.
 
Pouvez-vous imaginer ce que signifie se tordre de douleur plusieurs fois par jours. Se rappeler du rasoir, des épines d’acacia tenant la suture  ? Pouvez-vous imaginer arriver en Occident et qu’une gauche féministe et progressiste adoube comme héroïne des droits des femmes, une femme qui voudrait finir le travail. 
 
Le grand n’importe quoi est le credo de notre temps. 
Sommes-nous obligés de tous y céder ?
Le besoin de gauche est pressant face aux partisans de la vérité alternative, au prix de céder nous aussi au grand n’importe quoi ?
Est-il possible de résister en marchant avec Linda ?
Et les vraies victimes ? Doivent-elles venir avec ou sans vagin ?
Fiammetta Venner. 

Une Marche pour la vie bénie par le Pape

Alors que Donald Trump s’apprête à signer un décret pour dé-subventionner le planning familial, la Marche pour la vie s’élance dans les rues de Paris, ravie de cette nouvelle.

 

La Marche pour la vie est un moment clef de la mobilisation des association anti-IVG. Pour ces militants, il s’agit de « promouvoir un modèle de société qui ne banalisera plus l’IVG »

Le Pape François, a salué dans une lettre aux organisateurs, le 18 janvier « cordialement les participants (…) à cette légitime manifestation en faveur de la défense de la vie humaine ». 

La Marche a les moyens, puisque des pages de publicité ont été achetée dans le Figaro et Valeurs actuelles.

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Au premier rang, derrière une bannière géante « IVG tous concernés », Christine Boutin, Philippe de Villiers, Jean-Marie Le Méné et quelques élus mènent la Marche.

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Le char derrière diffuse de la musique branchée. Des ballons de toutes les couleurs sont accrochés dessus. Un organisateur y inscrit des expressions (plus ou moins encore à la mode) telles que « swag », « frère ». Les organisateurs essaient au maximum de faire jeune. Ils invitent les participants à revêtir des vêtements de couleurs, et distribuent d’innombrables pancartes jaunes bleues ou rose fluos.

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Deux jeunes femmes venus pacifiquement sur le trottoir avec un drapeau LGBT, un t-shirt « We can do it » et un papier crayonné « mon corps mes droits » sont prises à partie, leur papier aussitôt déchiré.

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À la Tribune, un discours victimaire et apocalyptique est délivré : on y parle d' »enjeu de civilisation », de « privation grave du droit de parler d’avortement en France ». Les intervenants finissent tous leurs discours par une référence à Dieu : « que Dieu bénisse cette Marche », « que Dieu vous bénisse ». Des hommages au professeur Lejeune et à Jean-Paul II se succèdent. Un prêtre américain a même été dépêché pour l’occasion. Parmi les slogans on entend :

« La France catholique va disparaître »

« On va abolir la loi Veil avec l’aide de Dieu ».

Dans la Marche, un monsieur distribue une lettre ouverte au Président de la République. Il voit derrière l’avortement le « plus grand complot du gigantesque système de corruption de Bruxelles » et de « la superclasse mondiale ». Il dénonce la « république laïciste », la « lesbian and gay association, d’une puissance insoupçonnée et dont le siège est à Bruxelles », Manuel Valls qui « est influencé par les sionistes », « les francs-maçons », « la religion satanique de l’Islam gauchiste qui enlève et viole les femmes », « les illuminatifs ».

En fin de cortège, statique sur la place Denfert-Rochereau, Xavier Dor dirige une prière de rue, face aux militants de son association SOS tout petits. On y prie Marie et le Seigneur pour venir en aide.

 

Alain Escada arrive ensuite aux côtés de Xavier Dor, avec un prêtre en soutane pour conduire la prière.

On aperçoit dans le cortège quelques drapeaux royalistes, ou faisant référence aux rois de France. Les militants de l’Action française étaient très présents.

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Parmi les personnalités présentes on a pu voir :

Phillipe de Villiers qui a longtemps fait subventionner une structure anti-IVG.

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Mais aussi Émile Duport, leader des « Survivants ».

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Tugdual Derville d’Alliance Vita, souvent présent dans les médias

 

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Grégor Puppinck, directeur de l’European Centre for Law and Justice (ECJL) est aussi annoncé. Lobbyiste européen, il a, à plusieurs reprises tenté de bloquer les droits des femmes.

 

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Jean-Marie Le Mené de la Fondation Jerôme Lejeune fait lui aussi partie des organisateurs.

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Jean-Frédéric Poisson a, lui,  annoncé sa participation sur twitter.

Madeleine Bazin de Jessey, soutien de François Fillon et responsable durant la campagne de la « France périphérique », a elle aussi annoncé sa participation. Elle avait confondé les Veilleurs et elle est porte-parole de Sens Commun.

On notera par ailleurs l’absence regrettée mais excusée d’Hugues Foucault qui se présente comme Maire de Bretagne et incidemment royaliste et favorable à Trump pour qui  « Une société qui tue ses enfants perd son âme. »

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Catherine Hervé

Les laïcophobes à l’assaut de l’antiracisme

Le 18 décembre à la Bourse du travail de Saint-Denis, une myriade d’organisations souvent groupusculaires et quelques personnalités au service de l’extrême-droite islamiste vont se réunir en meeting et inverseront les rôles de l’Histoire antiraciste.

La Mairie de cette importante ville de Seine-Saint-Denis a donné quitus à l’occupation gratuite d’une salle pour ce rassemblement « contre l’islamophobie et la xénophobie à l’heure de la présidentielle ».

A première vue, il serait louable qu’une interpellation des candidat-es à des élections politiques, à fortiori l’élection présidentielle, permette toute leur attention aux revendications et aux attentes pour faire reculer le racisme et l’antisémitisme. Que des associations dites antiracistes tiennent un meeting en période pré-électorale sur ces fondements, rien de plus normal. Mais l’enjeu des acteurs en question n’est pas celui-là.

Apprêtez-vous les laïques ! Ce jour-là vous serez insultés de racistes sous l’appellation d’« islamophobes ».

Vous les féministes et vous aussi les progressistes ne manquerez pas non plus d’être accusés de lutter contre le droit des femmes, contre ce « droit » à considérer impudiques toutes femmes qui ne se drapent pas. Bref, sous couvert de la critique d’un féminisme « occidental » ou « colonial » et dans une spectaculaire perversion du langage, on vous reprochera de lutter contre le « droit » à l’oppression et à l’enfermement des femmes.

Les acteurs de ce meeting seront sur le terrain de Madjid Messaoudène, élu municipal dyonisien délégué à « la lutte contre les discriminations » qui ne rate jamais une occasion de pourfendre la douleur des Français. Comme ce jour du meurtre des enfants juifs de Toulouse par le terroriste Merah quand cet élu qui porte à l’occasion l’écharpe tricolore déclarait sur son compte Twitter : « Une tuerie ? Un deuil ? Attendez la période électorale pour mourir et Hollande et Sarkozy se rendront à votre chevet ». Depuis, il ne s’est jamais ravisé et en a toujours rajouté y compris pour s’en prendre aux policiers qui ont neutralisé les terroristes du « 13 novembre » logés dans sa ville.

Plus consistants, le CCIF (Collectif Contre l’islamophobie en France), le PIR (Parti des Indigènes de la République), le NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) et leurs acolytes élaborent donc une approche islamiste pour la campagne présidentielle. Des meetings antiracistes, j’en ai organisés des dizaines avec d’autres militants sincères qui portaient une idée ouverte et fraternelle de la France. Un mouvement antiraciste qui ne trie, ni ne se désintéresse des droits des femmes et du combat si permanent contre l’antisémitisme, ici occulté dira-t-on par un doux euphémisme.

D’ailleurs, pour ce qui est de leur « féminisme », il se résume uniquement à ce « droit » d’adopter les variantes des uniformes islamistes qui leur sont assignées par des prédicateurs proches de plusieurs associations organisatrices. D’après leurs « imams » intégristes,  si elles ne veulent pas « être responsables de leur viol, elles doivent porter le Hijab car le Hijab c’est la pudeur de la femme ». La femme non-voilée n’est-elle d’ailleurs pas « comme une pièce de deux euros qui passe de mains en mains » ?

Pas étonnant que, en ce début de mois, le CCIF et d’autres signataires tenaient meeting commun avec  des islamistes turcs dans des locaux consulaires situés en banlieue de Lyon.

Dans leur Appel actuel, nos drôles d’antiracistes critiquent avec véhémence notre état d’urgence mais n’ont rien dit aux amis du président Erdogan concernant celui qui s’abat en Turquie et qui est là-bas prétexte à purger la société civile et à emprisonner par paquets toute tête récalcitrante à la dérive islamiste et dictatoriale du régime turc. Ni sur sa loi qui a failli amnistier les  violeurs de fillettes mineures s’ils épousaient leurs victimes pour réparer « leur faute ».

Au contraire de l’objectif de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie, cet « antiracisme », puisqu’il ose se nommer ainsi, va accroître différentes formes de racisme dans notre pays. C’est d’ailleurs son but ou le sous-produit collatéral accepté par cynisme.

Faire reculer le racisme avec des groupes racialistes qui  interdisent leurs réunions aux blancs et aux Juifs, c’est se soumettre aux mêmes règles « raciales » que celles du Front National. Bref, dire que ces individus et ces organisations sont antiracistes, c’est un peu comme affirmer que Donald Trump est féministe.

Responsables politiques, élus locaux, journalistes, enseignants qui vous associez à ces sinistres islamistes, vous vous rendez complices. Mais nous ne nous tairons pas.

Vous ne pouvez pas ignorer ces vidéos de Marwan Muhammad, porte-parole du CCIF,  dans lesquelles il affirme que la France de 2010 est pire que l’Allemagne des années 30.

Puisqu’il faut vous le rappeler : les lois nazies ont éliminé les Juifs de toutes responsabilités civiles, politiques et militaires, interdit aux Allemands de commercer avec eux, encouragé le saccage et le pillage de leurs biens avant de les conduire à la mort par millions.

Nos lois laïques et sur la sécurité intérieure qui interdisent tous les signes religieux à l’école et la possibilité de circuler le visage caché que vous fustigez vous sont-elles comparables ?  Vous avez bien sûr le droit d’y être opposés mais n’êtes-vous pas des criminels de la pensée antiraciste quand vous vous acoquinez au personnage mentionné plus haut et qui déclare dans cette même vidéo pour illustrer la dureté d’être musulman en France que « les femmes musulmanes se font violer le jour de l’Aïd » ?

Ce ne sont pas « des croisés » qui ont égorgé ce prêtre, assassiné ces enfants juifs dans leur école, exécuté ces journalistes et caricaturistes, mitraillé ces terrasses de cafés et de restaurants, massacré des jeunes dans une salle de spectacle… mais des terroristes islamistes qui contraignent notre pays à se protéger davantage et met tous nos concitoyens à rude épreuve.

L’Appel farfelu de ces faussaires de l’antiracisme prophétise même « la cooptation de l’extrême droite au sein du gouvernement » socialiste. La présence parmi eux de Tariq Ramadan, le prédicateur préféré des « Frères musulmans », leur donne décidément les ailes de l’outrance.

Mais comme on est toujours le traitre de quelqu’un, nos faussaires de l’antiracisme ont exclu la C.R.I (Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie) qui considère dans un communiqué fleuve que les organisateurs sont « des paternalistes blancs ». Selon la C.R.I, les « basanés » que soutiennent les organisateurs du meeting ne sont que « des indigènes bien notés par l’extrême-gauche qui a disparu des quartiers » et que lesdits organisateurs portent la responsabilité « de dégâts irréversibles puisque les réseaux soraliens et autres intégristes catholiques viennent recruter jusque dans nos mosquées ».

Ces batailles de chiffonniers de l’outrance sont dignes de celles des chapelles de l’extrême-droite, dont on ne sait jamais très bien s’il faut en rire, en pleurer ou en référer à des spécialistes de la santé mentale. L’« antiracisme islamiste » serait la nouveauté vendue par quelques responsables politiques, journalistes et intellectuels ? Non, il n’est pas une nouveauté. Il est un oxymore.

Nasser Ramdane Ferradj porte-parole du collectif TCIF « Tous Contre l’Islamisme en France – Ils n’auront pas notre silence complice »

 

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sources :

http://contre-attaques.org/l-oeil-de/article/islamophobie-357

http://www.ikhwan.whoswho/blog/archives/10845

https://www.facebook.com/CRIslamophobie/posts/1499708340043576

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Êtes-vous plutôt pro ou anti-Pikachu ?

Depuis leur happening autour du centre Pompidou le 4 juin 2016, (Ici), les «Survivants » sont de retour. Enfin, surtout leur leader, Emile Duport, ancien communicant de la Manif pour Tous. Il est à l’origine de 3 nouveaux sites web : Afterbaiz.com, Testpositif.com, et le dernier… Sauvezpikachu.com. Sous une apparence très, très « jeune », ces sites mènent tous au site web des survivants et à ses arguments anti-IVG (Ici).

Sauvezpikachu.com est de loin le plus comique. La publicité pour le site web est assurée par des tags réalisés à l’aide de pochoirs de pikachu sur certains trottoirs. Surfant sur la vague Pokemon Go, il met en scène un œuf de pikachu que l’internaute doit choisir de laisser éclore ou non.

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Les arguments pro-IVG sont symbolisés par divers personnages du jeu. Sacha considère avoir assez de pikachu, le Professeur Chen conseille de déjà bien s’occuper de son pikachu existant, Jessie dit que ce n’est qu’un amas de cellules, et Leveinard qu’il existe un danger pour sa santé.

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Comprenez : une femme qui considère ne pas avoir les moyens d’avoir un autre enfant, qui fait le choix de ne pas en avoir ou simplement d’en avoir un nombre précis, ou une femme qui souhaiterait avorter pour des raisons médicales… est une tueuse de mignons pikachus :

 

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L’argumentaire se base à la fois sur l’émotionnel de l’adolescent et sur un mode de pensée manichéen : « Pikachu est né, il est devenu le personnage exceptionnel qu’on connaît tous ! » , versus « Pikachu n’a jamais vu le jour, il n’a jamais eu l’occasion de devenir le personnage fabuleux qu’on a tous aimé ». Quel fan de Pokemon voudrait que Pikachu n’ait jamais existé ?

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Ce qui est pratique avec les Pokémon, c’est que la mère n’existe pas, et que le but est d’en collectionner un maximum. Que vient donc faire le droit à l’IVG dans ce jeu Nintendo ?

 

NB : Prochoix recherche activement des internautes convaincus par cette expérience.

 

Carla Parisi 

Edgar Morin et les lanceurs d’alertes réactionnaires

Pour les moins de 30 ans, Edgar Morin restera comme l’homme des mauvais choix. Exit la critique du monothéisme, et les engagements passés de celui qui a perdu la minimale vigilance qu’on attendrait d’un « penseur de la complexité ». Après s’être fourvoyé dans la défense de Tariq Ramadan, il vient d’adouber un autre paragon de l’intégrisme, chrétien cette fois : Henri Joyeux. Si sur Ramadan, certains de ces vieux compagnons pouvaient excuser un orientalisme béat (à l’égard d’un citoyen suisse), sur la béatification d’Henri Joyeux, les explications sociologiques seront plus difficiles à trouver.

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Confondre progressistes et réactionnaires grâce à Tariq Ramadan

Tariq Ramadan, comme la plupart des prédicateurs fréristes à destination des Occidentaux a pour quasi unique objectif d’anihiler la pensée critique de ces derniers. Edgar Morin était une cible idéale. Comme lui, d’autres (animateurs, journalistes, patrons de presse…) ont abdiqué leur sens critique, ce qui était plus facile vis à vis de certaines cibles que pour d’autres. Pour ferrer Edgar Morin, plusieurs gages ont été necessaires. Une énième émission chez Frédéric Taddei ou les deux hommes ont « débattu ». Un débat avec Léa Salamé « dans un bel hôtel de Marrakech, sous les orangers » selon les propres termes de l’animatrice qui se concluera par un affligeant « il-s’est-créé-une-amitié-entre-nous ».

L’amitié entre les deux hommes est gravée dans le marbre lorsqu’il devient l’Invité-vedette du  « Centre de Recherche de la Sharia et de l’Éthique Islamique » du Qatar, le 29 octobre 2013. L’ancien intellectuel de gauche y pérorera quelques absurdités comme son désir de remplacer les professeurs par des « mondiologues, des professeurs capables d’enseigner l’être humain, et avec lui, la famille, la consommation, les médias, internet… tout ce qui concerne la vie personnelle ». Une volonté qui figure dans le programme des propagandistes frèristes qui, à l’instar de Tariq Ramadan, veulent développer des enseignements alternatifs, plus conformes aux désirs des communautés.

A aucun moment, Edgar Morin ne semble avoir pris le temps de feuilleter les milliers de pages ou même écouter les enquêtes qui décryptent la doctrine de Tariq Ramadan. (Ici, Ici, Ici)

Notamment lorsque Tariq Ramadan revendique l’héritage de son grand père, fondateur des Frères musulmans : « J’ai étudié en profondeur la pensée de Hassan al-Banna et je ne renie rien de ma filiation. »

Ou lorsqu’il se prononce contre la mixité des piscines.

Sans parler des termes que Tariq Ramadan emploie. « Opération » pour les attentats du 11 spétembre. « Exécution » pour l’assassinat de Sadate. Ou quand il recommande à ses partisans de « ne pas être naïf » concernant les attentats de Paris. Ou encore quand il dit n’être « Ni Charlie, Ni Paris ».

 Après autant de concessions à l’intégrisme, l’ancienne égérie de gauche était mur, pour s’émoustiller devant tout intégriste un tant soit  peu populaire.

 

Qui est le nouveau coup de cœur d’Edgar Morin ?

Dans son tweet, Edgar Morin nous vend le professeur Joyeux comme « notre lanceur d’alerte-santé dont le rôle est unique, précieux, indispensable va être radié de l’Ordre des Medecins. » La première question que l’on se pose en lisant ce tweet est de savoir qui est ce « nous » ?

Au milieu de twittos anonymes, au profil souvent proche de l’extrême-droite catholique, certains soutiens sont révélateurs. Parmi eux :

 Les sites complotistes / d’extrême droite:

− Égalité et Réconciliation, d’Alain Soral

− Le Libre Penseur

− Réseau International

− Le Salon Beige

− Media Presse Info

− Terre Et Peuple…

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L’académie de Médecine a rappelé assez clairement que les propos du Pr. Joyeux ne se fondent sur aucune preuve scientifique, voire alignent des contre-vérité ; cependant il existe des fans du Professeur Joyeux. 450 000 personnes reçoivent sa liste de diffusion gratuite. Ses articles sont massivement relayés sur les réseaux sociaux. A ses futurs lecteurs, il explique : Le « Professeur Henri Joyeux est une encyclopédie vivante de connaissances, validées par la pratique médicale, de conseils sur la santé. En cinquante ans de pra- tique, il s’est aperçu que les moyens de prévention sont, de loin, les plus ef caces. Il a pu faire le tri entre ce qui marche et ce qui ne marche pas. Il pense en particulier que les cinq principaux cancers (sein, prostate, poumon, côlon et rectum) sont aussi les plus faciles à prévenir ! »

Le Pr Joyeux n’hésite pas à faire des propositions en matière de santé publique. Une habitude qu’il a prise quand il représentait Familles de France. Il propose par exemple de faire moins de Frottis vaginaux. Ou sur la question de l’IVG, le Pr Joyeux explique : « Ce sont 220 000 gosses qui partent à la poubelle, alors qu’il y a des de- mandes d’adoption. Souvent, c’est la faute des pères, qui n’assument pas. Les femmes sont trop gentilles, elles se font avoir par les hommes. » Quel beau lanceur d’alerte.

A Montpellier, Henri Joyeux fonde les Ecoles de la Vie et de l’Amour, où il enseigne des cours d’éducation sexuelle aux enfants et adolescents. Il y affirme entre autre : « Il faut absolument que je vous explique ce qu’est l’homosexualité… c’est une blessure du cœur ». Ses discussions sont mises en 2003 sous forme de livre : Les bouillonnements de l’adolescence. Dans la même collection, paraîtra Ne Deviens pas Gay tu Seras Triste. Il multiplie les conférences et les propos homophobes depuis les années 80. En 2015, il maintient : l’homosexualité est due à « une éducation sexuelle inexistante, une grande sensibilité de l’adolescent, et une absence du père », à laquelle on pourrait remédier.

Pédagogue, il n’hésite pas à expliquer sa vision des choses aux en-fants. Dans Sentiments, sexualité, sida (13-15 ans), la petite Amélie demande:

-Pourquoi appelle-t-on “sexualité” la sodomie?

-Réponse d’Henri Joyeux: Comme vous le savez, dans l’Ancien Testament, à Sodome, les mœurs étaient telles que les hommes n’allaient plus avec les femmes. On pense donc que les hommes restaient entre eux pour développer des relations homosexuelles et utilisaient leur sexe masculin en pénétrant l’anus et donc le rectum des hommes, des femmes et même des animaux. (…) On peut imaginer facilement que ceux qui réalisaient ces pratiques avaient certainement reçu une éducation sexuelle insuffisante.”

Henri Joyeux a longtemps été directeur d’une collection intitulée « écologie humaine ». Il a édité et préface les ouvrages de Bruno Comby, le promotteur de Guy-Claude Burger pape de la secte de l’instinctothérapie, condamné pour exercice illégal de la médecine et pour attouchement sexuels sur mineurs.

Lorsque le Vatican cherche un scientifique pour cautionner un “miracle”, c’est à Joyeux que l’on pense. En 1996, il a été choisi pour conduire une équipe médicale à Medjugorje, une ville où des en- fants disent avoir eu une vision. Joyeux a confirmé que les enfants n’avaient pas halluciné.

Au delà de ses prises de positions complotistes autour de la vaccination (débunkées ici), la revue Prochoix a déjà dénoncé ses propos rétrogrades et homophobes, ainsi que ses liens avec l’extrême-droite catholique. ici et ici

Ces liens sont concrétisés dés 1989 lorsqu’il se présente en tête de liste du parti politique ultra-conservateur Alliance : « Ces hommes et ces femmes s’appuient sur les valeurs de la civilisation chrétienne de l’Europe. Pour l’enfant, pour la famille, pour l’Europe ». André Nester, le fondateur d’Alliance, reçoit le soutien de Bruno Mégret ou encore d’Henri de Lesquen. 

Henri Joyeux est également un habitué des conférences anti-avortement. Il a écrit dans les très conservateurs et anti-IVG Cahiers Saint-Raphaël, a parrainé la Fête pour la Vie, un rassemblement anti-choix, a publié de nombreuses vidéos Youtube où il pourfend l’usage de la pilule… avec toujours des propos alarmistes aux accents complotistes.

Les débats sur le mariage pour tous et les ABCD de l’égalité seront pour Henri Joyeux l’occasion de revenir dans le débat public. Présidant l’ultra-conservatrice association Famille de France de 2001 à 2013, il milite aux cotés de la Manif pour Tous contre ce qu’il nomme le « lobby gay » et « la théorie du genre ». Il affirme même que « la bisexualité, c’est ce qu’on essaie de nous injecter ». On remarquera encore une fois son attrait pour la dénonciation de soi-disant « complots ». Il se présente par ailleurs à cette époque comme un « résistant ».

Officiellement en retraite depuis plusieurs années et maintenant radié de l’Ordre des Médecins, il continue d’intervenir lors de conférences payantes. Le 1er et 2 octobre 2016, il se rendra au Congrès International de Santé Naturelle à Paris. Pour la somme de 110 euros, L’Institut pour la Protection de la Santé Naturelle (IPSN) propose l’autoproclamé « plus grand congrès de santé grand public en Europe ». Henri Joyeux est invité aux cotés de Philippe Even, pneumologue interdit d’exercer la médecine pendant 1 an, suite à un ouvrage ultra-critique sur les traitements anti-cholestérol, jugé anti-déontologique, dangereux pour les patients et pourvu de visées commerciales. L’IPSN est également l’organisme qui diffuse les pétitions anti-vaccins du professeur Joyeux. L’IPSN est financé en partie par Santé, Nature, Innovation (SNI Édition), une société également partenaire du Congrès International de Santé Naturelle à Paris. Son fondateur, Vincent Laarman, a également fondé en 2011 SOS Éducation (une association s’opposant au thème de l’IVG dans les classes d’école, et à la participation de syndicats de professeurs à la Gay Pride) et en 2007 le pro-répression Institut pour la Justice. Toutes ces organismes récoltent des données personnelles par le biais de vidéos alarmistes et de pétitions, puis fonctionnent sous forme de mailings.

Les réseaux d’Henri Joyeux au sein des milieux d’extrême-droite catholique et des milieux complotistes ne datent pas d’aujourd’hui. Aujourd’hui les réseaux d’Henri Joyeux vont au delà. Il a réussi à convaincre d’autres dirigeants intégristes qui eux même ont réussi à anihiler la pensée critique  de quelques intellos. Le parcours et le coup de cœur d’Edgar Morin est a analyser ainsi.

Carla Parisi

 

 

 

 

Envoyé de mon iPhone

Iconoclaste (Jusqu’au 19 juin)

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La Galerie Mansart est heureuse d’accueillir la première exposition personnelle en France d’Oksana Shachko.
Passionnée depuis son plus jeune âge par les icônes religieuses, ses études de philosophie et son engagement dans la fondation du groupe ukrainien des FEMEN ont subverti sa peinture en arme activiste.

Les références esthétiques des icônes d’Oksana Shachko puisent dans une ironie révolutionnaire, et la force de la dénonciation sociale et religieuse révèle les grandes qualités techniques et artistiques de son travail, dans une dialectique puissante entre réflexion et action.

En savoir plus : www.galerie-mansart.fr

Curateur : Azad Asifovich

Les « survivants » anti-IVG de retour, 20 ans après.

Samedi 4 juin, un drôle de cortège d’un soixantaine de personnes défilait à Paris autour du centre Pompidou. Les « survivants » se sont enroulés de papier adhésif où était inscrit « conforme » et distribuaient des tracts anti-IVG aux passants. Sur fond de musique pop, vêtus de casquettes et vestes branchées, aux cris de « nous sommes tous des survivants », l’image se veut jeune et moderne malgré la présence de femmes plus âgées quelques peu en retrait qui surveillent le bon déroulement de l’opération. Le quartier du Marais a été redécoré d’affiches anti-IVG de l’association SOS Tous Petits, connue pour ses prières de rues et ses commandos dans les planning familiaux, et qui ont valu la condamnation de son président Xavier Dor à 10 000 euros d’amende en 2014 pour entrave à l’IVG.

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Face aux « survivants », presque autant de contre-manifestants issus de divers mouvements féministes sont venus dénoncer ce happening avec des pancartes « mon corps, mon droit », « lâche mes ovaires », « Simone Veil(le) », « droit de l’enfant à être désiré et non imposé » ou encore « je bénis l’avortement ». Le happening des « survivants » devait rester secret quant à l’heure et le lieu choisi, mais des informations ont fuité sur les réseaux sociaux. Ce face-à-face a donné lieu à plusieurs échauffourées avec le service d’ordre des « survivants », ainsi qu’avec certains « survivants » qui portaient des foulards sur la bouche et des casques de moto. Le Petit Journal est sur place pour couvrir l’affrontement.

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Les « survivants », en majorité des garçons, d’une vingtaine d’années, se sont préparés à l’événement. Ils ont reçu une liste des questions fréquentes des journalistes et des passants, avec des réponses toutes-faites également consultables sur leur site internet. Les femmes sont poussées devant les caméras pour tenter de cacher leur infériorité numérique, mais les garçons restaient majoritaires et en tête de cortège.

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D’ou viennent –ils ?

Les « survivants » sont initialement une émanation de l’association catholique d’extrême-droite La Trêve de Dieu, qui organise à partir de 1987 des opérations commandos, allant jusqu’à s’enchaîner dans les blocs opératoires des centres IVG pour en troubler le fonctionnement. (Voir ici l’enquête de Prochoix)

En 1997, le bulletin de la Trêve de Dieu nomme ses militants les plus jeunes « les survivants ». Dans la fin des années 1990, la Trêve de Dieu perd une partie du contrôle de ses « survivants », qui pour des raisons marketing, refusent d’afficher clairement leur étiquette catholique et politique. L’objectif est resté le même : introduire le concept de « syndrome du survivant » pour désigner toute personne… vivante, donc dont la mère « n’a pas avorté ». Leur signe de ralliement est de lever la main en baisant l’annulaire, de façon à symboliser par ce doigt baissé l’embryon qui est mort pour les quatre autres qui statistiquement restent dans le ventre de la mère.

Le message délivré lors de leur manifestation, quasi inaudible, est très bien expliqué sur leur site internet.

Quatre catégories de « survivants » sont décrites : les enfants qui n’auraient pas dû naître, les enfants qui sont nés par hasard, les enfants « remplaçants » d’un frère ou d’une sœur avortés, ainsi que les survivants statistiques. Cette dernière catégorie désigne les « enfants nés dans un pays ou une région où l’avortement est courant », victimes de la « loterie » de l’avortement… donc au final, tous les enfants du globe.

Puisque tout le monde vivant est un « survivant », nous apprenons que nous sommes tous atteints de « culpabilité existentielle, angoisse existentielle, attachement anxieux, connivence pseudo-secrète, méfiance, manque de confiance en soi, culpabilité ontologique ». Pour régler leurs difficultés, les survivants «  tombent facilement dans l’usage de la drogue ». Ce qui expliquerait peut-être certaines choses.

Une vision apocalyptique des droits des femmes est décrite, où l’avortement est responsable de tous les maux de notre société : « l’avortement est lié à l’exclusion et au mal-être de notre société. Les jeunes voient leur avenir avec pessimisme ;  le taux de chômage des jeunes est élevé ; les gens ne sont plus capables de se mobiliser pour de grandes causes ; l’exclusion ne cesse d’augmenter ; les sondages montrent que les fossés entre générations continuent inexorablement de se creuser ; la violence augmente régulièrement, spécialement celle exercée sur des enfants ; la fécondité est descendue en-deçà du seuil de remplacement des générations, ce qui veut dire que notre population est amenée à diminuer dans les prochaines années; les gens ne croient plus à l’amour vrai et durable ; un couple sur trois divorce en France, un sur deux à Paris, etc. Il est capital d’avoir conscience que l’avortement a sa part de responsabilité dans cette évolution, et que tu es concerné directement, c’est ton avenir qui est en jeu ».

Sous forme de questions-réponses, ces jeunes personnes veulent revenir sur la loi de 1975 légalisant l’avortement, quelque soit la situation, ainsi que culpabiliser la contraception. Tous les cas de figures sont envisagés, mêmes les plus graves, sous un angle moraliste pro-vie assumé. Le best-of :

  • à propos de l’avortement après un viol :
    • « Il faut savoir que les cas de fécondation après un viol sont excessivement rares. Le corps de la femme est fait de telle sorte qu’il y a un phénomène naturel bloquant la fécondation lors du viol », « sa mère croira exorciser son viol en avortant, certes ; mais c’est un faux raisonnement »,
    • « plaçons-nous maintenant du côté de l’enfant. Il n’a rien demandé, il est innocent du crime que son père a commis même s’il en est le fruit. De quel droit paierait-il de sa vie ce crime ? »,
  • à propos des viols conjugaux, qui seraient dus au droit à l’avortement : 
    • « les violeurs sont aujourd’hui pour un tiers le mari ou le petit ami de la victime. Pourquoi ? Parce que la femme est trop souvent considérée comme un objet de consommation, et sa féminité est très peu respectée ».
  • à propos de la contraception : 
    • « le danger est grand, lorsqu’on banalise le geste contraceptif, de se sentir déresponsabilisé vis-à-vis de la valeur de la vie, et d’en arriver à envisager l’avortement comme un moyen extrême de contraception. Lorsqu’une femme qui pratique la contraception oublie de prendre sa pilule, un soir, et le préservatif n’étant pas fiable à 100%, le risque de fécondation existe toujours. Lorsqu’une grossesse accidentelle survient, elle est en général non désirée, personne ne s’y attend, mais ce n’est pas une raison pour passer à l’avortement ».
    • « certains moyens considérés comme contraceptifs sont eux aussi abortifs. C’est ce qu’on appelle « l’avortement camouflé ». Ainsi en est-il de la « pilule du lendemain ». Cette pilule, qui se prend le lendemain d’un rapport non protégé, est destinée à empêcher l’œuf fécondé (si œuf il y a) de s’implanter dans l’utérus », « et il est tout aussi éthiquement inacceptable de supprimer un embryon de quelques heures que de supprimer un fœtus de 10 semaine ou même de 9 mois ».
  • « le stérilet (petit fil de cuivre installé dans l’utérus) est un moyen abortif, qui empêche l’œuf déjà fécondé, de se fixer à la paroi utérine. L’embryon, qui n’a que quelques jours, meurt sans que personne ne le sache, et c’est bien un avortement qui se passe en silence. Chaque année, en France, plusieurs millions d’êtres humains sont ainsi privés du droit à la vie, sans que personne ne s’en émeuve ».
  • à propos de l’IMG (interruption médicale de grossesse, pour les cas de pathologie grave pour l’enfant) :
    • « l’IMG conduit à l’enfant objet et à l’eugénisme actif, qui n’est pas et ne pourra jamais être un progrès de la médecine. Nous dédouaner de notre propre souffrance en lui supprimant le droit de naître est une solution qui, si elle peut se comprendre, ne peut être légitimée et acceptée comme bonne ».
  • à propos de la régulation des naissances, notamment dans les pays du Tiers-Monde, où l’avortement clandestin tue près de 50 000 femmes par an :
    • « Nous ne sommes pas trop nombreux sur terre! On nous abreuve de cette vision malthusienne de la surpopulation. Il y a assez de ressources naturelles sur terre pour nourrir encore 10 fois la population mondiale ».
    • « pour des raisons de santé publique, on a instauré l’avortement légalisé, sous prétexte de faire du « travail propre ».
    • « Les femmes africaines ont 10 enfants chacune ? C’est que leur pauvreté est telle que leurs enfants sont une assurance retraite pour elles. Il en meurt beaucoup, et, elles le savent seuls les enfants les plus résistants arrivent à survivre dans ce monde sans pitié ».

Et enfin, une vision on ne peut plus paternaliste des droits des femmes : « Qu’une femme choisisse ou non la maternité, d’accord ; qu’elle supprime ou qu’on supprime son enfant, je ne suis plus d’accord. Qu’elle prenne la pilule si elle y tient, qu’elle assume sa féminité, et que les hommes assument et respectent eux aussi la féminité de la femme ». « En somme, c’est incontestablement la femme qui est la personne la plus concernée par le bébé qu’elle porte, mais la décision d’avorter ne lui appartient pas pour autant ».

Malgré un marketing assurément jeune et moderne et un logo en forme de super-héros, les « survivants » ne passent pas l’épreuve du debunkage féministe.

 

Carla Parisi 

Djemila Benhabib Prix de la liberté d’expression 2016 du Difference Day

L’auteure québécoise Djemila Benhabib recevra le 3 mai à Bruxelles le Prix de la liberté d’expression pour l’ensemble de son œuvre à l’occasion de la 2e édition du Difference Day, événement organisé dans le cadre de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Djemila Benhabib, éditée en France par H&O, a publié son 4e essai Après Charlie en janvier dernier.

L’alliance des Universités bruxelloises VUB et ULB remettra le « Difference Day Honorary Title for Freedom of Expression » à Djemila Benhabib mardi 3 mai 2016 en clôture du Difference Day. L’auteure sera distinguée pour sa « contribution vitale à la protection et à la promotion de la liberté de pensée et d’expression dans une société démocratique en perpétuel changement ». Elle succède au blogueur Raïf Badawi, Prix 2015.

Le Difference Day, destiné à célébrer la liberté de la presse et d’expression, est organisé par la Vrije Universiteit Brussel, l’Université Libre de Bruxelles, la Erasmushogeschool Brussel, Brussel Platform of Journalism, BOZAR, Evens Foundation et iMinds, sous le patronage de la Commission européenne, de l’UNESCO et du Parlement européen.

Djemila Benhabib, un combat humaniste sans relâche
Née en Ukraine en 1972 d’une mère chypriote grecque et d’un père algérien, Djemila Benhabib a grandi à Oran dans une famille de scientifiques engagée dans des luttes politiques et sociales. Très tôt, elle prend conscience de la condition subalterne des femmes de son pays. Condamnée à mort par les islamistes, sa famille se réfugie en France en 1994. Djemila Benhabib s’installe au Québec, seule, en 1997, où elle mène des études en physique, en science politique et en droit international. Elle débute sa carrière d’essayiste avec Ma vie à contre-Coran, qui remporte le prix des Écrivains francophones d’Amérique en 2009. Elle reçoit des mains de Charb, alors directeur de la publication de Charlie Hebdo, le Prix international de la laïcité 2012 à l’occasion de la sortie en France, chez H&O, de son essai Les soldats d’Allah à l’assaut de l’Occident. Djemila Benhabib publie L’automne des femmes arabes chez H&O en 2013 et reçoit le Prix humaniste du Québec en 2014. Après Charlie sort en janvier 2016. Son engagement lui vaut d’être régulièrement la cible de menaces physiques, de campagnes d’intimidation et de poursuites judiciaires abusives de la part de groupes islamistes et de leurs alliés, notamment au Canada.

Après Charlie, H&O 2016
Depuis le 7 janvier 2016, date de sortie de son nouvel essai Après Charlie, Djemila Benhabib parcourt l’Europe et le Québec pour appeler à un sursaut laïque face à la progression de l’intégrisme islamique dans les sociétés occidentales et aux idéologies totalitaires toujours en place dans le monde. Dans Après Charlie, Djemila rappelle que la chute des grandes idéologies du XXe siècle a entraîné un retour du religieux dans nos sociétés qui compromet la liberté de conscience et d’expression, la condition des femmes, l’éducation et la liberté du désir. Elle dénonce aussi l’immobilisme des gouvernements occidentaux et la « police de la pensée des élites démissionnaires. »
256 pages • 17 € • www.ho-editions.com

Cher(e) étudiant(e) de Sciences Po, aie le courage d’être une femme libre!

Le 20 avril dernier, tu as organisé (par simple bonté?) une journée pour célébrer le voilement des femmes avec une tranquillité d’âme déconcertante. Il s’agit là de l’enfermement de ma fille, de celui de ma mère, du mien, ainsi que de celui de millions de femmes à travers le monde.

D’où te vient cette faculté de rendre exotique l’aliénation des autres?

Bien entendu, ce voile dont tu fais la promotion n’est pas universellement valable. Tu t’en exclus et en préserves les tiens. Au fond, à toi la légèreté, à moi la prison. Étrange conception. Il est là justement le racisme! As-tu pensé, un seul instant, à inverser les rôles? Allez, chiche! A qui voudrais-tu faire croire que l’asservissement est la condition naturelle des femmes de culture ou de foi musulmane? Étant de celles-là, je te rassure tout de suite, je n’ai ni le culte de la bigoterie, ni le don de la soumission. J’appartiens à une longue tradition de lutte façonnée par des femmes habitant aussi bien leurs corps que leurs têtes. Je revendique la liberté d’une façon excessive. C’est loin d’être facile.

S’arracher à la domination est le projet de toute une vie.

Ma révolte est née de la souffrance. Alors, je vais répéter une évidence: jamais je n’accepterai, ici, ce que j’ai refusé là-bas. Là-bas étant l’Algérie de mon enfance, défigurée par l’hydre islamiste dans les années quatre-vingt-dix et marquée par le refus obstiné de la barbarie et des voiles de la servitude.

Le voile? Jamais! Ni ici, ni là-bas, ni nulle part ailleurs.

Les « putains », le voile et la démocratie

Cher étudiant de Science Po, il m’est déjà arrivé de te croiser dans les rues de Paris, non loin de ton institut. Tu es à l’image de ton époque, vivant dans le désir exalté et cultivant ton moi d’une façon presque excessive. Ton attitude n’est pas pour me déplaire. Mieux vaut vivre dans l’excès de ton individualité que mourir de son abandon. Pourquoi alors fais-tu de MA sexualité l’affaire de tous? Pire encore, tu évoques mon entrejambe comme s’il s’agissait de TA chose. En reprenant à ton compte la symbolique du voile, c’est-à-dire la stricte séparation entre les femmes « pures » et les femmes « impures », tu m’entraînes sur le terrain de la moralité. Tu te comportes comme un tuteur patenté.

De quel droit me places-tu sous ta tutelle?

Tu fais de moi une « putain ». Tu me désignes comme une proie sexuelle. Tu en appelles à mon viol. S’il t’est déjà arrivé de marcher dans les rues du Caire, de Casablanca ou d’Alger, tu as certainement dû remarquer qu’au bout de la promenade se dessine pour les femmes une prison à ciel ouvert. Leurs corps sont scrutés, haïs, fantasmés, découpés au scalpel lorsqu’ils ne sont pas carrément souillés par des mains coriaces prêtes à toutes les bassesses pour agripper un morceau de chair. Avec ou sans voile, du berceau au tombeau, nous ne sommes qu’un amas de désolation. Comment pourrait-il en être autrement lorsque les « femelles » sont vues comme des forteresses à prendre d’assaut, des boules de chair contre lesquelles on se frotte dans le métro et dans les autobus, des champs de bataille où l’on se défoule après un match de foot, des paillassons sur lesquels on s’essuie les pieds sans même y penser? C’est ce que montre entre autres le film Les Femmes du bus 678 du réalisateur égyptien Mohamed Diab. L’as-tu vu?

C’est Allah qui veut 

Cher étudiant de Sciences Po, si ce voile n’était qu’un vêtement comme un autre, il ne serait pas imposé avec autant de vigueur et de rigueur aux Iraniennes et aux Saoudiennes, pour ne citer que ces deux exemples. Annexé, le corps de la femme devient la possession de l’homme, de l’imam, du tyran et d’Allah, partageant tous la même détestation des femmes. Soumettez-vous, obéissez, acceptez votre sous-humanité! crient-ils à l’unisson. Ce contrôle du corps dans l’espace intime se déplace peu à peu dans l’espace public. A plus grande échelle, la violence domestique devient le laboratoire d’une violence sociétale systémique. Les femmes jugées immorales se trouvent doublement condamnées: par l’État (la police des mœurs), loin de les protéger, et par la société, qui les conspue. Cette mise en scène de la transgression par le corps de l’ordre moral et politique est un appel délibéré à la vindicte populaire. En faisant de la sexualité des femmes l’affaire de tous, ceux qui s’entichent de pureté et d’abstinence fusionnent la sphère privée et la sphère publique.

Or, le détachement de la sphère privée de la sphère publique est l’un des fondements de la modernité, qui rend possible l’exercice démocratique et garantit le respect des libertés individuelles.

Qui tire parti d’une police qui réglemente la longueur de la jupe des femmes si ce n’est ces zélateurs de la morale? L’existence des régimes islamistes tient à leur capacité à contrôler la sexualité de la moitié de la société. L’ordre moral devient le fondement de l’autorité politique. Autrement dit, si les voiles tombent, les régimes s’effondrent! En ce sens, la négation du sujet sexuel se traduit inéluctablement par la négation du sujet politique. Une femme dont le corps est occulté porte sa tête avec lassitude. Bref, le voile et la démocratie ne font pas bon ménage! La liberté de l’esprit. La liberté du corps. La liberté tout court. C’est cela qu’il faut défendre!

Il suffit d’ailleurs d’interroger la condition des petites filles pour se rendre compte que leur formatage à la norme islamiste ne souffre d’aucune dérogation. En mars 2002, dans l’incendie d’une école de filles de La Mecque, qui accueillait 800 élèves, la police religieuse a empêché des fillettes de fuir sous prétexte qu’elles n’étaient pas voilées comme l’exigeait la norme. Plusieurs témoins oculaires, y compris des membres des équipes de la sécurité civile, ont expliqué que leur travail de sauvetage avait été entravé par des membres de la police religieuse qui s’inquiétaient que des hommes pénètrent dans une école de filles ou que celles-ci en sortent non voilées, d’autant qu’aucun homme appartenant à leur famille n’était là pour les recueillir. En somme, allez plutôt crever les filles que de dévoiler quelques mèches de vos cheveux!

« Ni obligation, ni interdiction du voile », vraiment? 

Cher étudiant de Sciences Po, cette initiative que tu as prise a le mérite de dévoiler au grand jour l’état de confusion qui s’est glissé dans ta tête. S’agissant des concepts, tu sembles perdu au point de ne plus savoir ce qui différencie la liberté de l’aliénation, le libre choix de la servitude volontaire. Étienne de La Boétie reviens je t’en prie! Grisé par une overdose de liberté, tu es devenu indifférent au sort de tes semblables. Tu as rompu avec une partie de l’humanité. Ta pensée s’est ramollie. Tu as déserté ta responsabilité. A tes yeux l’émancipation n’est rien; la fraternité est datée; la solidarité est un truc de nostalgiques. Tu t’es laissé contaminer voire piéger par un Tariq Ramadan, champion du double discours s’il en est un, qui avance masqué derrière sa célèbre pirouette sémantique (encore une!) « ni obligation, ni interdiction du voile » pour mieux mitrailler la résistance des têtes nues.

S’agissant du statut des femmes en islam, il y a mille chantiers à ouvrir: l’héritage, le témoignage devant un tribunal, la polygamie, la répudiation, la violence conjugale, les crimes d’honneur, la responsabilité maternelle à l’égard des enfants, le mariage d’une musulmane avec un non-musulman, l’accessibilité à la fonction de juge ou à celle d’imam, l’éducation, la contraception, l’homosexualité et les châtiments corporels. Mais sur l’ensemble de ces sujets-là, Ramadan se fait discret. Il n’en a que pour le voile. S’il le défend avec tant de malice, c’est qu’objectivement le voile fait partie de sa stratégie de conquête du pouvoir. Quant à sa formule « ni ni », c’est de la poudre aux yeux pour rassurer les faux humanistes, les paresseux, ceux qui se complaisent durablement dans le mensonge. Ceux-là même qui combattent la vérité, faisant mine de la défendre. Eux qui rêvent de nous jeter dans l’étouffoir de LA communauté des croyants, la fameuse Oumma. Eux qui font tout pour nous culpabiliser, atrophier nos réflexes citoyens et saper nos acquis démocratiques.

L’islam politique implique une rupture historique avec la République

En Occident, ce voile est devenu le porte drapeau de tous ceux qui prônent la fusion entre l’islam et l’État. L’islam politique implique une rupture historique avec la République, et une réorientation sociétale majeure. Fragiliser le statut des femmes devient donc un impératif. Dans cette perspective, investir l’espace public par le voile est un enjeu majeur. Le pouvoir passe par la visibilité des « voilées ». Tout cela, Tariq Ramadan le sait fort bien. C’est pourquoi il fait du voile SA priorité. Lui, ses militants et leurs organisations satellitaires, des Frères musulmans aux salafistes, travaillent d’arrache-pied pour que l’expansion de l’islam politique soit aussi vigoureuse que rapide.

A l’évidence, cher étudiant de Sciences Po, tu souffres du syndrome de l’individu blasé par un trop-plein de privilèges et de liberté. Il est vrai qu’en cette matière tu n’as rien demandé. La liberté est venue à toi sur un plateau en or. Soit. Tu n’as jamais risqué un seul cheveu de ta tête pour te rendre dans une salle de classe. Toi, tu n’es pas une petite fille du Nigeria. Toi, tu affiches une réelle indifférence face au calvaire de Assiatou Enlevée par Boko Haram (Michel Lafon, 2016). Toi, tu n’es ni Katia Bengana ni Amel Zenoune, deux jeunes femmes assassinées à la fleur de l’âge pour leur refus de porter le voile dans l’Algérie des années quatre vingt-dix. Toi, tu hausses les épaules face aux résistances héroïques des femmes iraniennes et afghanes. Toi, tu n’as connu ni l’exil forcé, ni la persécution sourde et muette des longues nuits de terreur des enfants et des femmes yézidis. Toi, tu ne t’es jamais caché pour prier, comme sont condamnés à le faire des chrétiens d’Orient. Toi, tu n’as jamais eu à trembler dans un autobus de peur que ton identité soit reconnue. Toi, tu ne sais pas ce que signifie la révolte d’un Garcia Lorca. Toi, tu ne te sens solidaire ni du destin d’une Asia Bibi ni de celui d’un Raïf Badawi. Toi, tu as visité le ghetto de Varsovie comme si tu te rendais à un concert de rock. Toi, tu n’as strictement rien retenu de l’affaire Dreyfus.

Non, la vérité n’est pas une moyenne de toutes les postures. Entre la démocratie et le fascisme vert, il n’y pas de demi-mesure. On ne peut prôner du même souffle la liberté et l’aliénation. C’est soit l’un, soit l’autre. A toi de choisir ton camp.

Aie le courage d’être une femme libre! 

Reconnaître en l’Autre ta propre humanité t’aurait pourtant permis de saisir l’impératif catégorique de Kant lorsqu’il affirme: « Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux aussi vouloir que cette maxime devienne une loi universelle ».

Certes, la République s’est montrée généreuse à ton égard. Mais que fais-tu pour défendre ses idéaux? Flirter avec la théocratie? Faire du pied à Daech? Oui, je vais oser le dire et aller jusqu’au bout de mon raisonnement. Entre ceux qui s’enrôlent dans les milices de Daech et toi qui participes à normaliser ses symboles, il y a bel et bien un fil conducteur. A moins de considérer qu’entre l’idéologie, le politique et le militaire, nul lien n’existe. Tu devrais le savoir, toi qui consacres tes journées à étudier l’histoire des régimes politiques.

Avec cet événement du Hijab Day, tu contribues à banaliser le mal tel que défini par Hannah Arendt. Le pire, c’est lorsque tu renonces à exercer ta responsabilité première de citoyen d’une démocratie. Tu t’égares. Tu déshonores la pensée. Tu méprises la connaissance. Tu t’éloignes de la condition humaine. Tu trahis les philosophes des Lumières. Tu t’enfonces dans un exotisme servile. Pourtant, ta condition de privilégié parmi les privilégiés ne fait pas de toi un être non moins apte à saisir la complexité du monde dans lequel nous vivons.

Ressaisis-toi, cher étudiant de science po. Sors de toi-même; ouvre les yeux; regarde autour de toi; réapproprie-toi la pensée; cultive-toi; lis; écoute ceux qui ont des expériences de résistance à te transmettre. Tu découvriras dans leurs mots le courage qu’il te manque pour devenir un homme libre. Tu puiseras dans leur silence la force de vivre debout. Tu trouveras dans leurs douleurs ce qui te manque pour tracer ton propre chemin vers toi-même et vers l’humanité. Tu verras, ton cœur se mettra à battre de nouveau pour la liberté. Car je veux continuer à penser, malgré tout, que tu es un homme en devenir.

Sois digne!

Aie le courage d’être une femme libre!